Les autres films de la semaine

Quelques films osent se mesurer à "Astérix aux jeux olympiques" qui envahit 1074 écrans de France et de Navarre (soit une salle sur cinq). Les nouvelles aventures du petit gaulois n'ayant pas été montrées à la sagacité des critiques, nous n'avons pu en juger. En revanche, d'autres films moins tonitruants ont retenu notre attention.

"Elle s'appelle Sabine"
L'actrice Sandrine Bonnaire réalise un portrait bouleversant de sa soeur Sabine, autiste, qui est aussi un réquisitoire contre les hôpitaux psychiatriques et l'insuffisance de centres spécialisés dans la prise en charge de la maladie mentale. Edifiante, la comparaison entre les films anciens que Sandrine a fait de sa soeur puinée, Sabine, depuis l'adolescence, et les images plus récentes, après un internement de cinq ans en hôpital psychiatrique. Derrière la caméra affectueuse et lucide tenue part sa soeur, Sabine était une jeune fille vive et espiègle qui jouait magnifiquement du piano et dont la différence avec les autres tenait au regard perdu. En 1996, tout a basculé: la mort d'un frère, un déménagement en province ont traumatisé la jeune femme qui est devenue violente envers elle-même et envers les autres. Internée, soumise à des médicaments à forte dose, Sabine s'est considérablement alourdie, la bave aux lèvres, elle exsude l'angoisse et la violence. Elle semble stabilisée dans le foyer d'accueil que Sandrine Bonnaire a contribué à créer en Charente, petite structure où un couple d'éducateurs s'occupent avec une patience admirable de cinq résidents. Mais on craint bien que les facultés de Sabine ne soient altérées de façon irréversible.
N.T.

"Nos souvenirs brûlés"
Le couple à trois fit les belles heures de la comédie de boulevard. C'est une tout autre version de ce grand classique bourgeois que nous propose la réalisatrice danoise Susanne Bier ("Open hearts", "After the wedding") pour son premier film américain. Dramatique, posthume et réconfortante. Au décès de son mari, Brian (David Duchovny), Audrey (Halle Berry) reprend contact avec le meilleur ami de celui-ci, Jerry ( Benicio del Toro). Ce junkie paumé qu'elle haïssait va devenir son confident. Une relation qui, favorisée par ses deux jeunes enfants, permettra à Audrey de sortir de sa douleur, et à Jerry de décrocher de la drogue. Cette belle et longue (1h 58) histoire de guérison et de rachat peut émouvoir. Elle a surtout le mérite d'offrir une étonnante performance d'acteur à Benicio del Toro, torturé et touchant, dans un rôle d'accro en lutte avec ses démons personnels.
J.-L. L.

"Cortex"
L'intrigue ne manque pas de piquant. Ancien commissaire de police à la retraite atteint de la maladie d'Alzheimer, Charles (André Dussolier) doit intégrer une maison de repos spécialisée. Mais le nombre croissant de patients décédés finit par attirer son attention. Et voilà notre homme obligé de mener une enquête alors que sa mémoire l'abandonne. Nicolas Boukhrief a imaginé un scénario redoutable et intriguant servi par une écriture cinématographique très personnelle. S'il parvient à installer un univers glauque et inquiétant, "Cortex" souffre parfois d'un problème de rythme, et peine à démarrer. Reste cette incroyable brochette de comédiens - Marthe Keller, Chantal Neuwirth, Claude Perron - menés par l'impeccable André Dussolier, à la fois touchant et inquiétant.
Y. Y.

"Litvinenko, empoisonnement d'un ex-agent du KGB"
Comme son titre l'indique ce documentaire d'Andréï Nekrassov, cinéaste russe installé à Londres, reconstitue l'empoisonnement retentissant, fin 2006, au polonium 210, d'Alexandre Litvinenko, lui aussi réfugié à Londres. Au rythme d'un polar, ce film non diffusé en Russie, reconstitue l'itinéraire de l'agent qui mettait en cause depuis 1998 ses supérieurs hiérarchiques au FSB, l'héritier du KGB, lesquels l'avaient chargé d'exécuter l'oligarque Boris Berezovski. Quittant son pays quand Poutine arrive au pouvoir en 2000, il n'a cessé de dénoncer dans ses livres les dérives maffieuses des dirigeants russes et de leurs services secrets dont les méthodes ne le cèdent en rien à celles en vigueur pendant la guerre froide.
N.T.

"Le voyage du ballon rouge"
Le cinéaste chinois Hou Hsiao Hsien, qu'on a connu plus formaliste, s'est mis en roue libre dans Paris qu'il a filmé de l'oeil du flâneur amoureux, multipliant les références au court-métrage homonyme réalisé par Albert Lamorisse dans les années cinquante. Il accompagne les déambulations d'un petit garçon rêveur qui se dit suivi par un ballon rouge flottant librement dans les airs. Simon est à l'étroit dans une vie très compartimentée, entre l'école, les cours de piano et l'appartement exigu où il vit avec sa maman (Juliette Binoche), marionnettiste accaparée par un nouveau spectacle, et une baby-sitter timide, étudiante en cinéma venue de Chine. Un film sans prétentions, charmant.
N.T.

"Promets-moi"
Le serbe Emir Kusturica ("Le temps de gitans") ne se rassasie pas de ses extravagances tonitruantes. Encore plus débridé que les précédents, ce film se situe dans un chalet en bois perdu parmi des collines en fleurs dignes d'une carte postale. Le jeune Stane vit seul avec son grand-père, vieillard lubrique et rusé, qui lui commande d'aller à la ville afin d'y vendre une vache. Avec l'argent récolté, Stane est censé acquérir une icône et partir à la recherche d'une fiancée. Mais sa mission est entravée par une bande de maffieux pittoresques dont un pervers amoureux... d'un dindon. Les gags graveleux finissent par créer l'overdose dans ce film où la musique tient le meilleur rôle.
N.T.

"Le libre-arbitre"
Sur un sujet intéressant, l'Allemand Matthias Glasner brode un film un peu trop long et appuyé. Jeune homme torturé, Théo est libéré de prison après neuf ans de détention psychiatrique pour viol. Pris en étau entre sa peur des femmes et son désir insatisfait, il rencontre Nettie, au moment où celle-ci se libère de l'emprise de son père. Marqués par leur passé ils s'éprennent l'un de l'autre. Mais la romance tourne au cauchemar.
N.T.

"Rêves de poussière"
Entre documentaire et conte africain, Laurent Salgues fait de manière très dépouillée, le récit du déracinement de Mocktar Dicko, paysan nigérien, qui vient chercher du travail à Essakane, une mine d'or au nord-est du Burkina-Faso. Il doit tout apprendre du métier d'orpailleur. En s'investissant dans son travail, il espère oublier un passé qui le hante.
N.T.

"Welcome Europa"
Ce documentaire de Bruno Ulmer suit le parcours de huit jeunes émigrés clandestins en Europe de l'Ouest. Poussés par la répression politique ou la misère, ces Kurdes, Marocains et Roumains quittent leur pays pour trouver un avenir meilleur à Paris, Amsterdam ou Madrid. Mais seuls, sans visa, ils doivent déchanter très vite et ils s'enfoncent dans la galère, certains cédant à la prostitution pour survivre.
N.T.

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