Plus de 100.000 morts en Birmanie après le passage du cyclone Nargis : c'était hier une estimation de la diplomatie américaine. Cela tend à devenir une certitude ce jeudi. Selon un responsable militaire local, on compte en effet 80.000 morts rien que dans la ville de Labutta, à l'embouchure du delta de l'Irrawaddy, au sud-ouest du pays, toujours en partie inondé.

Le bilan officiel et provisoire de la catastrophe a d'ailleurs été revu à la hausse mercredi soir. Selon la télévision d'Etat, 22.980 personnes sont décédées et 42.119 autres portées disparues.

Et cinq jours après la catastrophe, des millions de Birmans sont encore sans abri voire privés de nourriture et d'eau. Pas seulement à cause des conditions qui rendent très difficiles l'acheminement des premiers secours. Mais aussi à cause de la volonté de la junte militaire au pouvoir depuis 1962 dans cet Etat qu'elles ont rebaptisé Myanmar.

Le pouvoir n'accorde des visas qu'au compte-goutte. Les équipes de l'Unicef, le Fonds des Nations unies pour l'enfance, du Programme alimentaire mondial (PAM) qui dépend aussi de l'ONU, celles des organisations humanitaires World Vision ou Save the Children, ou encore de Médecins sans frontières (MSF) ont commencé à distribuer les premières aides mais se plaignent de ne pouvoir agir à la hauteur des besoins. D'autant que désormais, la menace qui plane sur cette zone dévastée est celle des épidémies.

Tout cela se produit sur fond de tensions politiques. Le parti de la principale opposante au régime, Aung San Suu Kyi, lauréate du Prix Nobel de la Paix toujours assignée à résidence, dénonce ainsi le maintien pour samedi d'un référendum sur la nouvelle Constitution. La junte n'a reporté le vote, au 24 mai, que dans 47 municipalités particulièrement touchées.