Guerre en Géorgie : une résolution bientôt présentée au conseil de sécurité de l'ONU

Des diplomates occidentaux vont présenter une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU appelant à une trêve immédiate. La capitale géorgienne continue de subir les bombardements russes sur son territoire. Les forces de Moscou occuperaient une partie importante du pays.

La crise se poursuit en Ossétie du Sud, entré dans son quatrième jour de conflit. Pour tenter de trouver une issue à ce conflit, les diplomates occidentaux à l'ONU sont parvenus ce lundi soir à un accord sur un projet de résolution appelant à une trêve immédiate dans le conflit entre la Géorgie et la Russie. Ils s'apprêtaient à présenter au Conseil de sécurité, selon une source diplomatique.

Par ailleurs, l'Elysée a annoncé que Nicolas Sarkozy se rendrait à Moscou ce mardi pour rencontrer le président russe Dmitri Medvedev. Il ira ensuite à Tbilissi où il s'entretiendra avec son homologue géorgien Mikheïl Saakachvili.

Pour la première fois depuis la guerre soviétique en Afghanistan en 1979, Moscou a officiellement lancé une campagne de bombardements aériens contre un Etat souverain. Sous prétexte de l'"agression" géorgienne, tentée, vendredi, en Ossétie du Sud, l'armée russe aurait en outre réussi une entrée en force rapide et efficace en territoire géorgien.

Les forces armées russes seraient entrées, ce lundi 11 août, en territoire géorgien près de la ville de Senaki, pour empêcher de nouvelles attaques géorgiennes contre l'Ossétie du Sud. C'est ce qu'affirme un porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur, qui indique que des forces russes occupent une base militaire géorgienne à Senaki. L'aviation et l'artillerie géorgiennes bombardent Tskhinvali, la capitale de l'Ossétie du Sud, a annoncé le commandant des forces russes chargées du maintien de la paix cité par l'agence Interfax. "A l'heure actuelle, dans différents quartiers de la ville, on entend des explosions de roquettes et d'obus. La ville est bombardée tant par l'artillerie que par l'aviation géorgienne", a déclaré le général Marat Koulakhmetov.

Un peu plus tôt, la Russie avait affirmé que les troupes russes n'étaient pas entrées sur le territoire de la Géorgie, en dehors de l'Ossétie du Sud, rejetant les accusations lancées la veille par Tbilissi. Elles occuperaient Gori, la plus grande ville géorgienne près de l'Ossétie du Sud - ce que Moscou dément -, selon les responsables géorgiens. Ces derniers indiquent que les forces russes contrôlent même une part importante du pays et menacent la capitale Tbilissi.

En tout cas, l'opération militaire en Ossétie du Sud est "en grande partie terminée" selon le président russe Dmitri Medvedev, après la prise par les Russes de Tskhinvali, la capitale de la région séparatiste géorgienne. Il a également ajouté, ce lundi, que la Russie fera tout pour "normaliser la situation en Ossétie du Sud". Il appelle les Occidentaux à ne pas reproduire l'erreur des "accords de Munich" de 1938 avec l'Allemagne nazie, qui ont conduit à une "tragédie", en se montrant conciliant avec "l'agresseur". Dmitri Medvedev avertit que la Russie ne sera jamais "un observateur passif" de la situation dans le Caucase.

La Russie en profite pour resserrer son étau sur la Georgie. Environ 9.000 soldats russes supplémentaires, s'ajoutant aux 2.500 soldats de maintien de la paix, ont été déployés ce lundi 11 août en Abkhazie, l'autre province sécessionniste du pays. Ces hommes, issus d'unités parachutistes et appuyés par 350 blindés, doivent "renforcer" le contingent des forces de maintien de la paix déjà présent sur place.

Au delà des chiffres, des témoignanges de soldats russes montrent l'intensité des combats en Ossétie du Sud: "c'était terrible, c'était l'enfer là-bas. J'ai vu des têtes et des bras arrachés"."Ce que dit la télévision est une totale absurdité". "Nos chiffres sur les pertes (subies) sont bien plus élevés que ce qu'ils disent". Officiellement, les pertes en hommes de l'armée russe en Ossétie du Sud depuis le déclenchement, dans la nuit de jeudi à vendredi, de l'offensive géorgienne s'élèvent à 18 morts et 52 blessés, a annoncé le commandement russe. Quatorze militaires sont en outre portés disparus, a déclaré le général Anatoli Nogovitsyne, chef-adjoint de l'état-major des forces russes.

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a tenté ce lundi une médiation, avant d'être évacué d'urgence en raison de la présence suspecte d'un hélicoptère. Le président géorgien Mikheïl Saakachvili aurait "accepté à peu près toutes les propositions" de l'Union européenne, dont la France assure actuellement la présidence, et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour arrêter le conflit.

Mikheïl Saakachvili a signé ce lundi un document contenant des "propositions de paix" et soutenu par l'UE qui sera transmis à la Russie, a annoncé le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexandre Lomaïa. Le premier vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov aurait écarté ce lundi les propositions de l'Union européenne pour un cessez-le-feu avec la Géorgie en Ossétie du Sud, estimant sur CNN que Tbilissi devait négocier directement la fin du conflit avec les régions concernées.

Mais le président russe Dmitri Medvedev s'est quand même prononcé pour l'installation d'une mission de l'OSCE sur le territoire séparatiste géorgien d'Ossétie du Sud, en raison de la "catastrophe humanitaire" suite à l' "agression géorgienne". Il y aurait 30.000 réfugiés ossètes et 2.000 morts.

Bernard Kouchner devrait rencontrer lundi soir le président russe Dmitri Medvedev à Moscou, où le président français Nicolas Sarkozy, qui présidé actuellement l'Union européenne, est attendu ce mardi pour "tenter de finaliser" un accord de cessez-le-feu, selon Bernard Kouchner. Nicolas Sarkozy se rendra également en Géorgie mardi, a affirmé le président géorgien.

Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, au nom du Conseil de l'Europe, devrait lui aussi se rendre à Tbilissi lundi. La Commission européenne a demandé l'arrêt "immédiat" des opérations russes en Géorgie.

Un premier avion tranportant de l'aide humanitaire du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) doit décoller de Dubaï dans la nuit de lundi à mardi à destination de la Géorgie. Ce vol de l'agence des Nations unies sera le premier d'un pont aérien urgent destiné à consolider les stocks d'aide humanitaire du HCR dans la région du Caucase. Un deuxième vol est prévu mercredi depuis Copenhague. Au total, les deux vols permettront le transport de secours humanitaires pour jusqu'à 30.000 personnes, a précisé le HCR.

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