Lehman Brothers : vers un retrait de la Bourse ?

Dick Fuld, le directeur général de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers, envisagerait "sérieusement" de retirer le titre de la Bourse, selon le "New York Post". Le but d'une telle opération serait de protéger la banque des appétits des traders.

Dick Fuld, le directeur général de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers, envisagerait "sérieusement" de retirer le titre de la Bourse, selon le "New York Post". Selon les sources du journal new-yorkais, les discussions se multiplient en interne quant à un tel scénario après l'apparition de nombreuses rumeurs mettant en question la solvabilité de la banque.

Le "New York Post" ne connaît toutefois pas les détails qui permettraient une telle manoeuvre. Le but d'une telle stratégie serait de protéger la banque d'investissement des appétits des traders qui spéculent à la baisse pour racheter d'importantes participations à très bas prix.

Lehman Brothers a continué son plongeon lundi à Wall Street, chutant à son plus bas historique, alors que les marchés s'inquiètent de plus en plus de la fragilité de la banque d'affaires, dont les deux-tiers de l'activité reposent sur le marché hypothécaire.

Lundi, l'action Lehman a terminé la séance à Wall Street 12,40 dollars en baisse de 14,07%. Depuis le début de l'année, l'action a perdu près de 79%. Le titre est à son plus bas absolu depuis l'introduction du groupe en Bourse en mai 1994 à 16,5 dollars.

Le soutien affiché des autorités américaines aux groupes de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac n'a pas suffi à rassurer le marché sur Lehman Brothers. La banque reste sous la menace d'un scénario à la Bear Stearns, sa petite concurrente acculée en mars à une quasi-faillite en quelques jours, faute de pouvoir continuer à se refinancer sur les marchés.

Les investisseurs espèrent maintenant l'appui d'une banque étrangère ou un rachat d'actions qui prouverait la solidité du bilan de la banque.

"Nous avons trois inquiétudes sur Lehman", a expliqué Gregori Volokhine, de Meeschaerdt Capital Markets, cité par l'Agence France Presse. "D'abord un tiers de ses actifs sont très peu liquides et donc impossibles à évaluer, car si la banque devait les vendre rapidement, ils perdraient beaucoup de valeur", a-t-il dit. "D'autre part 70% de l'activité de Lehman repose sur les opérations à taux fixes, surtout le secteur hypothécaire. Ces activités sont totalement gelées et auront beaucoup de peine à redémarrer. Il y a donc des inquiétudes sur le modèle économique du groupe lui-même. Et enfin, les clients quitteront-ils Lehman, comme ils l'ont fait pour Bear Stearns ?", a-t-il lancé.

"Pour rassurer les marchés, Lehman doit répondre en montrant que sa capitalisation est intacte, au lieu d'éviter de discuter certains choses, ce qui laisse penser qu'ils cachent quelque chose", a renchéri Marc Pado, de Cantor Fitzgerald, soulignant que les analystes craignent pour Lehman et d'autres banques, comme Merrill Lynch, de nouvelles dépréciations d'actifs. "Tant qu'ils ne seront pas rassurés, les marchés continueront à vendre à découvert" l'action en Bourse, a pronostiqué Gregori Volokhine.

Des rumeurs ne cessent d'alimenter la défiance des marchés sur Lehman ces derniers jours. Jeudi, l'action a dévissé en raison d'affirmations non confirmées rapportant que le fonds Pimco, le plus gros gestionnaire au monde en matière de placements obligataires, ainsi que le fonds spéculatif SAC Capital avaient nettement réduit leur exposition à Lehman Brothers.

Dimanche, le régulateur des marchés boursiers, la Securities and Exchange Commission, a annoncé qu'elle allait ouvrir une nouvelle enquête sur les manipulations de cours dont pouraient avoir été victimes tant Lehman Brothers que les organismes de refinancement obligataire.

Mi-juin, la banque d'affaires avait publié une perte nette d'environ 2,8 milliards de dollars pour le deuxième trimestre, la première depuis son introduction en Bourse. A la même période de 2007, le bénéfice net du groupe s'était élevé à 1,26 milliard de dollars.

Cette première perte était liée à des dépréciations de 4 milliards de dollars, largement dues à la chute du marché hypothécaire. Depuis 2007, Lehman Brothers a passé 17 milliards de dollars de dépréciations.

Pour rassurer les marchés, la banque avait annoncé quelque jours plus tôt avoir levé 6 milliards de dollars et débarqué ses numéros deux et trois, la directrice financière Erin Callan et le directeur opérationnel Joseph Gregory.

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