EADS recherché après le "contrat du siècle" avec le Pentagone

Le groupe aéronautique européen, allié à Northrop Grumman, remporte un contrat d'environ 26 milliards d'euros. Il fournira à l'armée de l'air américaine 179 avions ravitailleurs sur dix à quinze ans. Le titre est recherché et prend plus de 10% à l'ouverture.

C'est un succès aussi inattendu qu'"exceptionnel" que vient de remporter EADS, selon son président exécutif Louis Gallois. Allié à Northrop Grumman au sein d'un consortium transatlantique, le groupe aéronautique européen signe l'un des plus gros contrats jamais proposés par le Pentagone, à savoir la fourniture à l'armée de l'air américaine de 179 avions ravitailleurs à partir de 2013. Le groupe européen remporte ce méga-contratpour d'un montant de 30 à 40 milliards de dollars (jusqu'à 26 milliards d'euros) au nez et à la barbe de de son concurrent Boeing, pourtant donné largement favori.

Annoncé dans la nuit de vendredi à samedi, le titre d'EADS est vivement recherché ce lundi à la Bourse de Paris. Il prend plus de 10% lors des premiers échanges à 19,20 euros.

Cette victoire "montre la confiance que l'on peut avoir dans la politique d'EADS de présence sur le marché américain", a déclaré Louis Gallois à Reuters, qui se défend avoir "cassé les prix" pour l'emporter. La proposition conjointe EADS/Northrop Grumman "avait clairement la meilleure offre pour le gouvernement", a déclaré Sue Payton, responsable des acquisitions de l'armée de l'air américaine. "Plus de passagers, plus de capacité fret, plus de carburant transporté, plus de flexibilité", a estimé pour sa part le général Arthur Lichte, responsable de la logistique aérienne de l'Air Force.

Afin de maximiser ses chances, le consortium transatlantique a proposé que l'assemblage des appareils, une version modifiée de l'Airbus A330 baptisée KC-30, soit fait aux Etats-Unis. Le groupe européen a ainsi promis la création de 1.300 emplois à Mobile dans l'Alabama. Si bien que malgré leur satisfaction, certains syndicats du groupe comme la CFDT demandent que soit "préservé" l'emploi des salariés d'Airbus en Europe. Les appareils seront livrés sur une période de dix à quinze ans.

Boeing, qui avait remporté cette commande en 2003 avant de la voir annulée pour cause de fraudes, ne cache pas sa déception, menaçant même "d'engager des recours" contre le choix du Pentagone.

Les réactions des dirigeants politiques en France et en Allemagne sont très positives. Nicolas Sarkozy a salué le "succès historique" remporté par EADS tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que cet "immense succès pour Airbus" est le signe de la bonne "coopération" avec Washington. Aux Etats-Unis certaines réactions négatives se sont faites immédiatement entendre. Ainsi pour le républicain Duncan Hunter, membre de la Commission des forces armées de la Chambre des représentants, "la décision de l'US Air Force va coûter plus de 100.000 emplois" aux Etats-Unis.

Dans une interview à La Tribune parue ce lundi, le patron d'EADS, Louis Gallois, annonce la livraison à Northrop du premier Airbus en 2001: "EADS livrera le premier appareil à Northrop en 2011 avec leur système de ravitaillement, qui a été développé par notre filiale MTA ainsi que des réservoirs supplémentaires incorporés". "Nous allons débuter par un avion par mois et nous augmenterons la cadence très rapidement", a-t-il précisé. Selon Louis Gallois, "pour gagner ce contrat, EADS a démontré qu'il pouvait être un bon citoyen américain en créant des emplois à Mobile, dans l'Alabama, où 1.300 postes seront créés".

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