La Banque centrale européenne (BCE) a de quoi se tordre les mains. L'objectif qu'elle s'est fixé pour la hausse des prix, à 2%, ne cesse d'être dépassé. Et dans des proportions de plus en plus colossales. Ainsi, selon les dernières statistiques fournies ce lundi par l'institut Eurostat, le taux d'inflation annuel dans la zone euro s'affiche pour mars à 3,5%. Du jamais vu depuis la création de la zone, en 1999.

La hausse des prix à des niveaux records n'est pas une nouveauté. Déjà, l'indice avait enregistré un premier record en fin d'année dernière, à 3,1%. Depuis, il n'a cessé de progresser : 3,2% en janvier et 3,3% en février. Il faut remonter à mai 2001 pour trouver un niveau de 3,1%. Mais les prix n'avaient pas dépassé ce seuil ensuite...

Les principaux responsables de cette situation de surchauffe sont toujours les mêmes : l'envol du prix du baril de pétrole, et celui d'autres matières premières, sans oublier les tensions très fortes sur les prix des denrées alimentaires.

Le phénomène a de quoi peser sur la consommation. D'ailleurs, le moral des ménages, de même que celui des entrepreneurs, est au plus bas depuis novembre 2005, selon d'autres statistiques fournies par la Commission européenne. L'indice de confiance économique a baissé plus qu'attendu en mars dans la zone euro, pour s'établir à 99,6 points, contre 100,2 points en février.

Et c'est essentiellement le moral des ménages qui plombe la statistique. En effet, l'indice du climat des affaires, qui mesure la confiance des seuls industriels, se maintient à un meilleur niveau. Il a même rebondi en mars, passant de 0,71 points à 0,80.

Toujours est-il que la croissance, traditionnellement tirée par la consommation des ménages, risque de ralentir encore un peu plus dans les mois qui viennent. Déjà, la progression des crédits dans le secteur privé ralentit. Selon la Banque centrale européenne, qui vient d'annoncer les résultats de son enquête, la progression n'a été que de 10,9% sur un an en février, contre 11,1% en janvier. Signe que les consommateurs comme les entrepreneurs y regardent à deux fois avant d'emprunter de l'argent pour un projet personnel ou industriel.