Philippe Baillot : "L'assurance-vie reste une formidable boîte à outils grâce aux multisupports"

L'environnement fiscal de l'assurance-vie a considérablement changé. Et pourrait encore évoluer. Que reste-t-il des attraits de ce placement ? Philippe Baillot est directeur de Bred Banque Privée et docteur en droit et chargé d'enseignement aux universitésde Paris-II Panthéon-Assas et de Paris-Dauphine. Il vient de publier la 4e édition de " La fiscalité de l'assurance-vie".

L'environnement fiscal de l'assurance-vie a changé. Peut-on considérer, comme en atteste l'évolution de la collecte, qu'elle a perdu une partie de son intérêt ?

La fiscalité a été une condition nécessaire mais pas suffisante au succès de l'assurance-vie. Durant les années 1970, c'était un dispositif miraculeux puisque dépourvu, sans limite ni condition, de tout impôt sur le revenu et sur les successions. Elle bénéficiait même, à l'époque, d'une réduction d'impôt sur les primes versées. Pourtant, elle ne représentait alors que 5 % de l'épargne financière des ménages. C'est toutefois au cours des années 1980 et 1990, période durant laquelle sa fiscalité s'est dégradée, que le produit a rencontré le succès que l'on sait. D'une part, parce que l'offre s'est améliorée, d'autre part, parce que les fonds en euros ont constitué une sorte de miracle financier qui a duré trente ans.

Avec une inflation de 3,5 % et un rendement de 4 %, le miracle s'est manifestement évanoui. Faut-il chercher son bonheur ailleurs ?

Le miracle a en effet pris fin en 2006 avec le terme du cycle de baisse conjuguée des taux longs et de l'inflation initié par Ronald Reagan et Margaret Thatcher en 1980. Désormais, compte tenu du contexte, les fonds en euros ne permettront plus d'augmenter le pouvoir d'achat de son épargne. Ils ne devraient plus répondre qu'à des besoins limités comme une anticipation négative de l'évolution des marchés financiers, une attente d'affectation d'un capital, une incapacité d'origine psychologique ou économique personnelle d'investir sur le marché des actions.

Qu'est-ce qui reste à l'assurance-vie pour séduire les épargnants ?

L'assurance-vie reste, grâce aux formules multisupports, une formidable boîte à outils. Elle permet, dans d'excellentes conditions fiscales et commerciales, d'adapter ses investissements aux évolutions des marchés financiers ainsi qu'à celles qui viennent un jour ou l'autre toucher la situation personnelle de chacun. Ensuite, avec un taux d'imposition de 7,5 % (auxquels s'ajoutent les prélèvements sociaux de 11 %) après application d'un abattement annuel de 9.200 euros pour un couple, elle conserve lors de la sortie une situation fiscale plus favorable que les autres produits d'épargne comparables qui, eux, font l'objet d'une taxation de 18 % (1). Pour les personnes concernées, elle permet aussi d'optimiser le bouclier fiscal. Enfin, si l'assurance-vie a subi, notamment avec la loi Tepa, une dégradation relative de ses avantages fiscaux en matière successorale, elle conserve néanmoins tout son intérêt sur le plan civil en permettant de s'affranchir des règles de dévolution légale de son patrimoine.

N'est-elle pas, dans ces conditions, devenue un produit destiné aux personnes les mieux informées ?

Du point de vue financier comme du point de vue juridique, l'assurance-vie réclame désormais que les clients soient conseillés par des professionnels aguerris capables d'apporter une valeur ajoutée incontestable à leurs clients.

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