Nicolas Sarkozy fait sien l'essentiel du rapport Attali

La Commission Attali a remis au chef de l'Etat un rapport riche de 316 propositions sur "la libération de la croissance". Le chef de l'Etat annonce un séminaire gouvernemental pour février pour décider et coordonner les mesures prioritaires issues de ce document. Il rejette quelques propositions clé comme la suppression des départements.

"Je fais tout pour que vous ne soyez pas déçus par l'oeuvre réformatrice du gouvernement et de moi-même": c'est avec ces mots que Nicolas Sarkozy a conclu la cérémonie de remise du rapport Attali sur la "libération de la croissance". Auparavant, le président de la République avait indiqué adhérer "à l'essentiel" des 316 propositions émises par les membres de la commission Attali.

"Si certains ont été effrayés par le contenu de vos propositions, moi je les trouve plutôt raisonnables dans l'essentiel", a ajouté Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat a vanté le "constat parfaitement raisonnable" de la commission, le résumant ainsi: "dans un monde qui change à très grande vitesse, la France a pris du retard alors qu'elle dispose d'atouts exceptionnels". Et ce n'est pas la dégradation de l'environnement économique qui dissuadera Nicolas Sarkozy d'engager de nouvelles réformes. "Le ralentissement de la conjoncture internationale, les turbulences des marchés financiers, ça doit nous conduire à redoubler d'efforts", a souligné le président de la République, "c'est une raison d'aller plus loin et plus vite dans les changements nécessaires", a-t-il martelé.

Pour la mise en ouvre des recommandations de la commission Attali - qui forment un ensemble cohérent, selon l'ancien sherpa de François Mitterrand - Nicolas Sarkozy a annoncé la tenue la tenue d'un séminaire gouvernemental début février pour décider les "mesures prioritaires". "Les lettres de mission (des ministres) seront complétées à l'issue de ce séminaire pour intégrer les propositions que vous faites. Nous associerons bien sûr le Parlement à ce travail."

Une levée de bouclier est intervenue ces derniers jours dans la majorité pour s'élever contre un certain nombre des propositions de la commission Attali. Une partie des propositions devraient se retrouver dans le projet de loi de modernisation de l'Economie que présentera Christine Lagarde au printemps. Nicolas Sarkozy a proposé aux membres de la commission Attali de les revoir dans six mois pour faire le point sur les suites données à leur rapport.

Mais déjà le chef de l'Etat a indiqué très clairement être opposé à certaines des recommandations. Nicolas Sarkozy s'est notamment déclaré hostile à la suppression du principe de précaution, lequel est considéré par le rapport Attali comme un frein à la croissance. Selon le président de la République, la suppression du principe de précaution serait en "contradiction" avec la volonté de favoriser le développement durable.

Même opposition ferme du chef de l'Etat sur la disparition d'ici dix ans des départements au profit d'un renforcement des intercommunalités et des régions. Pour Nicolas Sarkozy, "on peut modifier le rapport des Français avec la dépense publique sans cela" et selon lui, "dans un monde qui est devenu un village, cela coûte beaucoup plus cher de perdre son identité que d'accumuler des strates de collectivités".

Enfin, concernant la question des professions réglementées, la position du chef de l'Etat est un peu plus nuancée. Quand la commission Attali propose d'ouvrir très largement à la concurrence les professions réglementées (taxis, notaires, pharmacies...) en supprimant notamment les numerus clausus, Nicolas Sarkozy fait une réponse en deux temps. S'il juge nécessaire de réformer certaines professions réglementées, jugeant qu'il existe des "réglementations parfaitement obsolètes", en citant notamment les taxis, le chef de l'Etat se fait plus prudent au moment d'évoquer les pharmacies. "Il y a une véritable mission de service public des pharmacies. On ne peut pas réduire tout à la question des tarifs", a estimé le chef de l'Etat, concluant sur le sujet que le "travail du chef de l'Etat c'était de penser à l'aménagement du territoire et au service public".

Jacques Attali souhaite que toutes ses propositions soient appliquées car "on ne peut pas supprimer les freins sur la roue gauche d'une voiture sans supprimer les freins sur la roue droite". L'ancien conseiller du président Mitterrand a qualifié le rapport produit par la commission qu'il dirige de "libre et non libéral", "juste et non partisan", construit avec "l'obsession de protéger les faibles pour changer une France plombée par des rentes, des connivences, des privilèges".

Au final, la Commission estime que la mise en oeuvre de ces recommandations à compter d'avril 2008 permettra, si l'environnement international ne se dégrade pas, de rehausser le taux de croissance d'un point, de ramener le taux de chômage à 5%, de construire plus de 2 millions de logements et de créer plus de 10.000 entreprises dans les quartiers et les banlieues d'ici 2012.

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