Ingenico a annoncé ce week-end avoir adressé au conseil d'administration de la société américaine Hypercom une offre en numéraire sur toutes les actions en circulation au prix unitaire de 6,25 dollars. L'offre d'Ingenico représente une prime de 58% sur le cours de clôture de 3,95 dollars d'Hypercom vendredi à la Bourse de New York. Une offre qui valorise ainsi Hypercom quelque 332 millions de dollars (228 millions d'euros).

D'après le communiqué publié par Ingenico, Hypercom s'est montré jusqu'ici "peu coopératif". Le directeur général d'Ingenico Philippe Lazare, qui a adressé un peu plus tôt une lettre au conseil d'administration de sa cible, se dit prêt "à agir rapidement" pour faire affaire, mais précise qu'Ingenico ne serait plus "intéressé" si Hypercom menait à bien son projet d'acquisition de la branche paiements du groupe Thales.

Le groupe français d'électronique de défense a annoncé fin décembre l'ouverture de négociations exclusives avec Hypercom pour lui céder sa division e-Transactions pour un montant minimum de 120 millions de dollars.

La Bourse a chahuté ce lundi le titre Ingenico qui a perdu 11,08% à 16,20 euros. "Toute acquisition dans ce contexte est mal perçue. L'opération est assez lourde et elle est jugée risquée. Mais stratégiquement, ça n'est pas idiot. Ingenico aurait une part de marché très importante" aux Etats-Unis, a expliqué à l'AFP (Agence France Presse) un stratégiste de Global Equities.

"Cette opération, précipitée pour de bonnes raisons, vise principalement à pénétrer le marché très lucratif du commerce traditionnel aux Etats-Unis où le groupe français est quasi-absent", ont noté les analystes d'Oddo, saluant une tentative "pleine de bon sens" de la part d'Ingenico. Toutefois, selon eux, le prix proposé représente une prime de 58% par rapport au cours de clôture de Hyperion vendredi, ce qui "fait ressortir des multiples élevés pour un acteur non profitable, mais dont le positionnement est susceptible de générer d'importantes synergies sur le long terme".

François Gobron, du Crédit Mutuel-CIC, juge de son côté que l'opération "semble risquée", alors qu'Ingenico n'a pas terminé l'intégration, annoncée en décembre, des activités de paiements électroniques de Sagem Sécurité (groupe Safran). Par ailleurs, "la non-adhésion du management d'Hypercom à cette opération est un facteur bloquant en raison du risque d'exécution (taille, éloignement géographique et différences technologiques des deux groupes)", estime encore l'analyste, concluant que le "probable abandon" de l'offre serait "positif pour Ingenico"