Cris d'alarme du FMI, de l'OCDE et de la Banque Mondiale sur la crise financière

Le directeur général du FMI pense que la crise financière sera globale et durable. Selon Dominique Strauss-Kahn, elle peut même empirer. De son côté, l'OCDE estime que les grandes instititions en difficulté peuvent créer des "risques systémiques". Selon la Banque Mondiale, aucun pays n'est à l'abri de la crise.

Le ton est en train de changer à propos de la crise financière. Et le pire pourrait être à venir. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, a estimé lundi que "la crise des marchés était dévenue plus sérieuse et plus mondialisée" qu'il y a quelques semaines, et qu'elle "risque d'empirer", lors d'une conférence à l'OCDE, organisation de coopération et de développement économique.

L'OCDE, l'institution qui regroupe les pays les plus industrialisés de la planète est également très pessimiste. Elle évoque même la possibilité de "risques systémiques" et prévoit baisser sa prévision de croissance mondiale, selon le secrétaire général de l'organisation, Angel Gurria, qui estime que la Réserve fédérale américaine pourrait baisser ses taux prochainement. "Les nouvelles prévisions intermédiaires publiées jeudi (par l'OCDE) traduiront un ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, en Europe" et en Chine, a-t-il dit lors d'une conférence commune avec le FMI sur les réformes structurelles, à Paris.

"Nous vivons une crise globale, il faut apporter des réponses globales", a déclaré ce lundi Dominique Strauss-Kahn, dans son allocution d'ouverture à Paris d'une conférence du FMI et de l'OCDE sur les réformes structurelles. Il a estimé aussi que la crise financière actuelle allait "durer assez longtemps avec "de graves conséquences économiques".

Il a ajouté que les pays émergents seraient également touchés par la crise financière, qui atteint pour l'instant les Etats-Unis et les pays développés en priorité. "Il n'y a pas de découplage" entre les pays développés et les pays émergents, mais un "décalage dans le temps (...) Malheureusement, les pays (émergents) seront touchés" par la crise et les prévisions de croissance du FMI pour ces pays "ont été décalées de 0,75 à 1 point de croissance", a également noté l'ancien ministre.

Un avis partagé par Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE: "je ne crois pas du tout dans le découplage", précisant toutefois que la crise se trouvait "aujourd'hui dans les pays développés tandis que les pays traditionnellement en crise comme l'Amérique latine semblaient" plus forts et "mieux préparés". Il a toutefois jugé que ces pays d'Amérique latine demeuraient "foncièrement injustes" car en proie à de fortes inégalités et qu'il fallait "se concentrer sur ce domaine car sinon, même les bonnes politiques économiques ne porteront pas leurs fruits".

Les réformes structurelles sont compatibles avec le modèle européen, a par ailleurs noté Dominique Strauss-Kahn. "C'est une question clé et la réponse est positive". D'une part les valeurs européennes sont plus faciles à mettre en oeuvre dans un environnement de croissance et les réformes y contribuent, d'autre part les réformes créent de nouvelles opportunités, a-t-il fait valoir.

"Les Européens, surtout les jeunes, ne veulent plus simplement être protégés mais aspirent aussi à réussir. C'est un changement fondamental qui s'est opéré ces dernières années et c'est probablement un élément nouveau du modèle européen", a-t-il précisé. Pour le directeur général du FMI, la crise des marchés financiers doit mobiliser le soutien en faveur des réformes et non le contraire. "Dans une période d'incertitude accrue il pourrait être tentant de ne rien faire mais ce serait une erreur", selon lui.

La difficulté, selon Dominique Strauss-Kahn, est de convaincre la population du bien-fondé des réformes sur le marché du travail, l'ouverture des marchés des services ou la réforme budgétaire et, pour cela, il faut respecter la diversité des situations. "La réforme peut emprunter des voies différentes selon les pays, en tenant compte par exemple du contexte culturel", a-t-il affirmé en opposant cette vision à la tentation qu'aurait Bruxelles d'une "approche uniforme". Il a ajouté que la réforme de la Politique agricole commune était "indispensable" et rendue peut-être plus facile par la flambée des prix alimentaires.

La Banque Mondiale (BM) y va aussi de son commentaire alarmiste. Son président, l'américain Robert Zoellick a estimé lors d'une conférence ce lundi au BIT, le Bureau International du Travail, qu'aucun pays n'est à l'abri de la crise financière internationale. Il ne croit pas à la théorie du "découplage" entre les pays occidentaux en difficulté et les pays émergents à forte croissance. ""Je pense que certains effets (de la crise) vont se transmettre à la fois au niveau commercial et financier", a-t-il ajouté. A ses yeux, les pays émergents vont ainsi devoir faire face à des coûts d'emprunt légèrement plus élevés avec la crédit du crédit. Il s'inquiéte également de la hausse des prix alimentaires et de l'énergie "qui mettent les pays pauvres sous une pression terrible".

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