L'ancien patron du groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell, Mark Moody-Stuart, a appelé lundi l'Union européenne à bannir les voitures trop gourmandes en essence, "dont personne n'a besoin" selon lui. Plaidant pour l'interdiction pure et simple de tout nouveau véhicule ne faisant "que 35 miles par gallon" (plus de 8 litres aux 100 kilomètres), Mark Moody-Stuart, qui dirige actuellement le groupe minier britannique Anglo American, affirme: "sans réglementation, l'essence sans plomb n'aurait jamais vu le jour, les pots catalytiques, les ceintures de sécurité et les coussins gonflables non plus".

Pour un ex-dirigeant pétrolier, la position est pour le moins paradoxale. Une consommation de 8 litres aux cent en moyenne correspond plus ou moins aux 160 grammes de rejet de C02 au kilomètre, qui forment en France la frontière au-delà de laquelle les véhicules neufs sont soumis à un "malus". Le hic, c'est que des voitures familiales comme des monospaces, des breaks et la quasi-totatlité des 4x4 compacts rentrent dans cette catégorie des voitures à "malus". Or, il est difficile de prétendre qu'un Renault Espace, un break Peugeot 407 ou un Toyota Rav 4 sont des véhicules inutiles, comme le prétend Mark Moody-Stuart, lequel assure "conduire une voiture hybride depuis 2001".

Bruxelles a de son côté prévu pour 2012 un objectif de 120 grammes de C02 au kilomètre en moyenne. Les exigences de la Commission pourraient être toutefois assouplies au terme d'un long processus de "codécision" entre le Parlement européenn et le Conseil, lequel devrait durer un an et demi ou plus. Constructeurs de grosses voitures puissantes, les Allemands se sont notamment mobilisés contre une telle décision.