Exil et isolement

Adapté du best-seller de Monica Ali, "Rendez-vous a Brick Lane" déroule l'histoire d'une jeune femme arrachée à son Bengladesh natal pour épouser un compatriote installé à Londres. Sarah Gavron signe un joli premier film sur l'exil et la difficulté de s'intégrer dans une Angleterre communautariste.

Prix du public, prix du scénario: "Rendez-vous à Brick Lane" a pratiquement tout raflé lors du dernier festival du film britannique de Dinard. Et pour cause! Sarah Gavron a réussi joli film en adaptant le best-seller de Monica Ali "Sept mers et treize rivières" (éditions Belfond).

Tout commence dans un village du Bengladesh. C'est là que vit la petite Nazneen aux côtés de sa cadette sur laquelle elle veille depuis le suicide de leur mère. La vie est rude, mais au moins sont-elles ensembles. Jusqu'au jour où l'aînée est arrachée à sa terre et à sa soeur pour épouser un homme bien plus âgé qu'elle. Direction: Brick Lane, le quartier bengalais de Londres. Seize ans plus tard, Nazneen y habite encore, avec son mari et ses deux enfants. Mais au lendemain du 11 septembre, la situation s'y révèle de plus en plus tendue.

Sarah Gavron signe l'un de ces films sociaux - ici porté par une image lumineuse et colorée - dont les Britanniques ont le secret. Elle s'empare des thèmes de l'exil et de l'immigration avec une rare justesse et de manière totalement décomplexée. Chacun de ses personnages vit une situation différente, mais toutes sont douloureuses.

Nazneen, hantée par son enfance, ne s'est jamais remise de sa séparation avec sa soeur. Son mari, débarqué en Angleterre par admiration pour la culture du pays, n'a jamais été reconnu à sa juste valeur et a toujours été sous-employé par ses patrons. Quand à l'amant de Nasneen, il a beau être né en Angleterre, ses compatriotes le considèrent toujours comme un "Paki".

Vu de France, ce film se révèle plus passionnant encore. Car la réalisatrice plonge sa caméra au coeur de Brick Lane, montrant ainsi la manière dont se vit le communautarisme à l'anglo-saxonne. Chacun est entouré des siens, replié sur lui-même, sans jamais fréquenter l'autre. De manière plus radicale encore au lendemain du 11 septembre.

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