Lancement de la réforme des ports autonomes

Le Premier ministre a annoncé mardi à Marseille une réforme des ports autonomes prévoyant la privatisation de la manutention. C'était une revendication de longue date des responsables patronaux de la filière. La CGT proteste.

L'efficacité économique des ports est un élément important de la compétitivité d'un pays doté, comme la France, d'une importante façade maritime. Or, en la matière, l'Hexagone a eu tendance ces dernières années à perdre du terrain face à ses concurrents belges, néerlandais voire italiens et espagnols.

Pour renverser la vapeur, le Premier ministre a annoncé mardi à Marseille une réforme des ports autonomes prévoyant la privatisation de la manutention. C'était une revendication de longue date des responsables patronaux de la filière. Le conflit dur, justement sur le port de Marseille avec la CGT en mars 2007, avait souligné l'urgence de la situation.

Les ports autonomes sont des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC). Sept sur neuf sont concernés par la réforme: Marseille-Fos, Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes-Saint-Nazaire, La Rochelle et Bordeaux. Paris et la Guadeloupe "feront l'objet d'une réflexion spécifique" a précisé Matignon.

La réforme "devrait pouvoir se concrétiser par des mesures législatives au printemps prochain", a dit François Fillon. Pour la justifier, il a livré un diagnostic sans appel : la "faiblesse" des ports autonomes réside dans "le manque de productivité" des terminaux dû à un "obstacle rédhibitoire": "l'absence d'unité de commandement entre les activités de manutention exercées par les ports autonomes et celles des entreprises de manutention". Pour y remédier, la réforme devra prévoir de "transférer les activités de manutention exercées par les ports à des opérateurs privés".

La réforme prévoit aussi un recentrage de la mission des ports sur "une gestion et un développement des infrastructures dans le respect de l'environnement", et une "modernisation de la gouvernance (...) en lien avec les collectivités locales et les partenaires sociaux". Elle sera accompagnée d'un "très ambitieux plan d'investissement" a promis le Premier ministre.

La privatisation devrait toucher en particulier les activités des grutiers (qui devraient donc changer de statut) comme cela a déjà été le cas pour les dockers, devenus en 1992 salariés des entreprises de manutention. Quelques milliers d'emplois seraient concernés. La concertation sera menée par le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau. Elle devrait débuter dès maintenant.

Outre le diagnostic et le contenu de cette réfirme, François Fillon a fixé également son objectif : augmenter d'ici 2015 le trafic de conteneurs passant par les ports français de 3,5 à 10 millions - afin de compenser une perte de 50% de leurs parts de marché en la matière au cours des vingt dernières années - et y créer du coup 30.000 emplois.

Les réactions n'ont pas tardé après cette annonce. La CGta évidemment protesté : "une fois de plus, les partenaires sociaux sont pris à contre-pied. (...) Il n'y a plus rien à discuter", a déploré la secrétaire de l'union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, Mireille Chessa.

A l'inverse, plusieurs organisations professionnelles de la filière portuaire ont affiché leur "satisfaction". La Fédération des entreprises de transport et logistique de France (TLF) a salué " la démarche du Premier ministre", et constaté "avec satisfaction que le gouvernement a suivi ses préconisations", le président de TLF, Alain Bréau, ayant demandé dès avril 2007 "que les terminaux soient gérés par des personnels privés". TLF a rappelé que "pour chaque emploi portuaire, il y a 7 à 8 emplois induits". A ses yeux, "le transfert de l'ensemble des grutiers-portiqueurs sous l'autorité des sociétés privées de manutention constituera l'enjeu majeur du chantier" de cette réforme.

L'institut français de la mer (IFM), le cluster maritime français (CMF) et le bureau de promotion du cabotage maritime (BP2S), ont eux aussi réagi, estimant qu'il "faut impérativement que la réforme passe, car elle est la clé indispensable vers l'essor que méritent nos ports".

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