Tollé des syndicats et du PS après l'annonce du projet de service minimum à l'école

Nicolas Sarkozy veut imposer le service minimum dans les écoles. Selon le projet de loi, les enseignants souhaitant faire grève devront se déclarer 48 heures avant l'arrêt de travail. Les réactions tant du côté des syndicats que de l'opposition sont vives.

Les syndicats d'enseignants vont avoir du mal à savourer leur grève réussie de ce jeudi contre les suppressions de postes dans l'Education nationale. Alors que le gouvernement maintient ferme sa position, le président de la République a annoncé jeudi en fin de journée le dépôt avant l'été d'un projet de loi sur un "droit à l'accueil des enfants inscrits dans nos écoles" lors des mouvements de grèves. Ce texte instaurera la déclaration préalable des enseignants grévistes 48 heures avant l'arrêt de travail.

"Je respecte le droit de grève. C'est une liberté fondamentale qui est garantie par la Constitution. J'ai bien l'intention de la respecter", a affirmé le président de la République. Mais "la grève pose des difficultés insurmontables à beaucoup de familles, en particulier aux familles les plus modestes. Elle pose des problèmes d'égalité", a-t-il poursuivi. "Mon devoir, c'est de les entendre aussi".

La quasi-totalité des fédérations et syndicats de l'Education, y compris l'enseignement privé sous contrat, les syndicats de lycéens et les parents d'élèves FCPE appelaient à manifester jeudi contre les 22.900 suppressions de postes dans la fonction publique, dont 11.200 dans l'Education (8.830 dans le public) prévues en 2008, alors que 35.000 sont déjà annoncées pour 2009.

L'annonce de Nicolas Sarkozy a provoqué l'indignation des syndicats pour qui le président de la République a "franchi la ligne rouge". Dénonçant des "mesures autoritaires" qui "frisent la provocation", Gilles Moindrot (SNUipp-FSU, majoritaire dans le primaire) a regretté auprès de l'Agence France Presse (AFP) "une nouvelle diversion" du chef de l'Etat qui n'a formulé "aucune réponse aux demandes d'ouverture de discussion pour désamorcer le conflit". "On va générer des tensions entre les parents et les enseignants", prédit pour sa part Faride Hamana (parents d'élèves FCPE), tandis que Luc Bérille (SE-Unsa) explique que toucher à la limitation du droit de grève, c'est "toucher à une question constitutionnellement extrêmement délicate". L'Unsa-Education a dénoncé un "cinglant mépris" du président et le Sgen-CFDT a estimé que celui-ci jouait "la carte de la provocation". Côté syndicats lycéens, l'UNL a regretté qu'on "jette de l'huile sur le feu", en plein mouvement social, et la Fidl s'est dite "scandalisée".

Du côté de l'opposition, le premier secrétaire du PS François Hollande a accusé le Président Sarkozy d'"ouvrir une épreuve de force, inutile et blessante" et de "diviser les Français" en annonçant une loi sur l'accueil obligatoire des enfants en cas de grève dans les écoles. Le numéro un du PS a encore affirmé que "ce n'est pas pour améliorer le fonctionnement de l'école ou pour permettre l'accueil des enfants des familles modestes qu'il prend cette initiative, mais pour plaire à la frange la plus conservatrice de sa majorité et pour remobiliser les rangs de son parti". M. Hollande a enfin jugé que le texte proposé par Nicolas Sarkozy "est à la fois inapplicable et inconstitutionnel". "Inapplicable, car il n'est pas possible de demander 48 heures à l'avance aux personnels de l'Education de se déclarer grévistes - puisque jusqu'au dernier moment ils peuvent rentrer dans un mouvement ou au contraire se dégager (...)". Le chef du PS estime également "inconstitutionnel d'obliger les collectivités locales qui, selon notre droit fondamental, s'administrent librement, à se substituer à l'Education nationale pour l'accueil des jeunes enfants".

Même tonalité pour Bertrand Delanoë, maire de Paris qui a qualifié de "passage en force" et de mesure "contraire à la Constitution" l'obligation des communes annoncée par Nicolas Sarkozy de mettre en place un service minimum de garderie dans les écoles fermées en cas de grève. "Dans tous les secteurs où la loi prévoit un service minimum, ou la réquisition des personnels, c'est toujours l'employeur des grévistes qui est en charge de cette organisation. Comment accepter que l'Etat puisse, pour les écoles, transférer vers les communes les responsabilités qu'il a en tant qu'employeur ? Imposer une telle mesure est contraire à la libre administration reconnue aux communes par la Constitution", déclare dans un communiqué Bertrand Delanoë.

Le maire de Paris a été la cible d'attaques de l'UMP pour avoir refusé d'organiser un tel service lors de la journée de grève de jeudi dans la Fonction publique. Selon lui, "la méthode actuelle s'assimile à un passage en force inadapté à l'ampleur de l'enjeu" car "toute réforme, pour être comprise et efficace, suppose des discussions approfondies avec les personnels, les parents d'élèves et les collectivités locales concernées". "Plutôt que de mener ces opérations de diversion, le gouvernement devrait engager des réformes de fond permettant d'augmenter la qualité et l'efficacité de l'enseignement", ajoute le maire de Paris.

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