"Ce sera la crise la plus difficile des derniers vingt ans", estime l'économiste Nouriel Roubini

L'ancien conseiller économique du président Clinton, Nouriel Roubini, prévoit une récession américaine étalée sur toute cette année et une nouvelle chute du dollar. Une seule consolation, la baisse prévisible des prix des matières premières, ce qui contribuera à réduire l'inflation.

"Le débat n'est plus de savoir si l'atterrissage de la conjoncture économique américaine sera difficile ("hard landing") ou pas, mais de voir si la récession américaine durera seulement deux trimestres ou bien toute l'année". L'économiste Nouriel Roubini, professeur à l'Université de New York et ancien conseiller de Bill Clinton à la Maison Blanche, n'a pas mâché ses mots ce lundi soir, lors d'une rencontre à Milan, à propos de l'évolution des marchés cette année.

A l'heure où les places boursières européennes bouclaient une de leurs journées les plus noires depuis longtemps; avec des baisses de plusieurs points en une seule séance, comme les 5,17% de recul de l'indice S&P/MIB de la Bourse de Milan, Nouriel Roubini s'est montré plutôt pessimiste à court terme pour la conjoncture. "Selon moi, la récession durera plus de deux trimestres et sera plus dure que celles du début des années 1990 et de 2001", indiquait l'économiste américain qui avait prévu dès 2006 une fin de cycle tourmentée de l'économie américaine et une récession pour 2007.

"Ce sera la crise la plus difficile des derniers vingt ans même si elle ne sera pas aussi grave que celle de la grande dépression de 1929". Il prévoit que la banque centrale américaine, la Fed, baissera ses taux d'intérêts pour aider l'économie "mais ce sera un peu trop tard", juge-t-il.

Surtout Nouriel Roubini est plus pessimiste que la plupart à propos de l'extension de la récession américaine aux autres économies, notamment les industrialisées comme en Europe et en Asie. "Il y aura récession aux Etats-Unis et aussi un ralentissement en Europe et en Asie d'une ampleur beaucoup plus significative que ce que les gens craignent aujourd'hui", a souligné l'économiste invité par la Fondation Corriere della Sera à disserter sur "le tremblement de terre des "subprime"".

Corollaire de cette évolution, "le dollar s'écroulera encore un peu plus" précise-t-il. Il prévoit aussi que les prix des matières premières baisseront, ce qui contribuera à réduire l'inflation. Cela sonne comme l'unique bonne nouvelle de ses prévisions.

"Le monde réussira-t-il à échapper à la spirale négative des Etats-Unis ?", fait-il mine de s'interroger. Sa réponse est non : "ces dernières années, nous avons été plongés dans l'économie globale qui est déterminée par la demande américaine, notamment l'économie chinoise (...), et si la demande des Etats-Unis chute, y aura-t-il assez de demande ailleurs, surtout en Europe et au Japon, pour la compenser ? Ma réponse est non, nous ne réussirons pas à compenser la baisse de la demande américaine".

Il rejette certes l'idée "d'une récession mondiale" mais voit des tensions liées aux bulles spéculatives immobilières aussi en Europe, de la Grande-Bretagne à l'Espagne en passant par le Portugal, la France ou l'Italie. Principal accusé de la crise actuelle : "le manque de supervision et de vigilance du système financier". Evoquant un "monstre" financier créé, l'ancien économiste du président Clinton indique que "les mécanismes financiers actuels sont si complexes, si ésotériques que nous ne réussissons plus à en comprendre les rouages exacts : nous devrons passer du temps pour les analyser sinon nous nous retrouverons en face d'une simple boîte noire".

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