A la découverte des Batak

Le Musée du quai Branly présente 115 objets de six tribus méconnues de Sumatra. L'accent est mis sur la qualité plastique exceptionnelle de ces oeuvres. Dommage que l'on ait négligé l'aspect ethnographique et l'évolution de la culture autochtone.

Les Batak, nom générique donné par les colons européens au XIXème siècle, regroupent six ethnies habitant dans une vaste région de l'île de Sumatra (Indonésie) autour du lac Toba. D'eux, on se sait pas grand chose, pas même leurs éventuels liens de parentèle, d'autant que quelques zones, notamment celle où résident les Angkola, n'ont pas encore été sérieusement étudiées. La majeure partie des informations concerne les Toba, grâce aux travaux des missionnaires allemands et des administrateurs hollandais.

Les 115 objets exposés dans la galerie supérieure du Musée du Quai Branly se déclinent autour de thématiques, toutes axées sur la valeur artistique du travail des autochtones, avec un (petit) dénominateur commun, le "Singa" qui pour les Batak, est un animal fantastique symbolisant les pouvoirs surnaturels des chefs, souvent prêtres et magiciens. On passe ainsi des instruments de musique aux bâtiments sur pilotis, des textiles rituels aux armes à décors floraux, des cannes de dignitaires aux masques de funérailles. Ces merveilles esthétiques proviennent pour l'immense majorité de la collection du visionnaire genevois Barbier-Muller, qui a fait don de ces trésors lors de l'inauguration du Musée, sans lequel cette exposition n'aurait pu se faire. Il est d'ailleurs étonnant de constater combien certains objets indonésiens sont proches d'autres africains: une porte de grenier à riz Toba est la quasi réplique d'une porte de grenier à mil Dogon par exemple. Même concordances pour les harpes, les cannes, les bracelets...

Si le visiteur peut une fois encore découvrir de nouvelles civilisations, il reste quelque peu sur sa faim, car cette exposition manque d'âme. Comme si elle n'était destinée qu'aux seuls initiés, elle ne fournit que d'infimes indications générales à celui qui a déjà du mal à situer Sumatra et qui voudrait en savoir plus sur ces peuples lointains.

Autre incongruité: en complément sont exposées une vingtaine de sculptures africaines en ivoire, arrivées en Europe entre la fin du XVème et le début du XIXème siècle. De très beaux - et précieux - objets, souvent des olifants superbement décorés, mais dont on se sait pas grand chose, là non plus.

Dommage, car jusque là, le Musée du Quai Branly avait réalisé un sans faute.

Jusqu'au 11 mai, galerie suspendue, Musée du quai Branly, Paris. Renseignements: www.museequaibranly.com A chaque thématique (Batak et ivoires) correspond un petit catalogue plus détaillé que l'exposition.

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