Nicolas Sarkozy relativise le "non" irlandais, l'UE cherche à le contourner

Le président français annonce qu'il se rendra "dès que possible" en Irlande. Les ministres des Affaires étrangères des autres pays membres cherchent à sauver le traité de Lisbonne.

Il ne faut ni minimiser, ni dramatiser le "non" irlandais au traité de Lisbonne, a déclaré ce lundi le président Nicolas Sarkozy, en visite à Prague. Le résultat du référendum du 12 juin en Irlande "n'est pas une affaire facile", a déclaré le chef de l'Etat, selon qui "il faut gérer le 'non' irlandais avec calme, sang-froid". Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il se rendrait "dès que possible" en Irlande pour examiner avec le Premier ministre irlandais, Brian Cowen, "dans quelles conditions on peut surmonter cette difficulté".

"Essayons de trouver dès jeudi et vendredi le meilleur des chemins pour ramener de l'unité dans la famille européenne", a ajouté Nicolas Sarkozy à propos du Conseil européen des 19 et 20 juin à Bruxelles.

Avec les Tchèques, qui hésitent à ratifier le traité européen, Nicolas Sarkozy s'est voulu plutôt conciliant. "Ce que j'ai compris, c'est que nos amis tchèques ont besoin de temps pour discuter au sein de (leur) majorité et peut-être avec leur opposition aussi de la meilleure solution pour eux", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre tchèque, Mirek Topolanek. "Je crois que ce temps-là il faut le leur donner, personne ne doit se sentir acculé, de façon à ce que les positions ne se rigidifient pas", a-t-il ajouté. "Donner un peu de temps sans en perdre, voilà la stratégie qui sera celle de la présidence française" (de l'Union européenne).

Le fait que Mirek Topolanek n'ait pas évoqué ce lundi un éventuel abandon du processus de ratification du traité par Prague est déjà un succès pour Nicolas Sarkozy.

Par ailleurs, les chefs de la diplomatie des pays membres de l'UE étaient réunis à Luxembourg ce lundi pour tâter le terrain après le coup de tonnerre irlandais. Le ministre des Affaires étrangères de Dublin, Michael Martin, encore sous le choc du résultat du référendum, n'a pas voulu - ou pas pu - dévoiler les intentions de son pays à ce stade. "Il est beaucoup trop tôt pour parler de solutions ou de propositions, a-t-il déclaré. Il n'y a pas de remède à court terme, nous sommes dans une situation difficile."

Une chose est sûre cependant, il est exclu d'envisager l'entrée en vigueur pour le 1er janvier 2009 du traité simplifié imaginé par Nicolas Sarkozy. Mais presque tous les pays ont réaffirmé lundi qu'ils entendaient poursuivre le processus de ratification - dix-huit pays l'ont déjà fait - d'un texte qu'ils ont mis trois ans à négocier et qui est issu d'années de pourparlers sur la Constitution.

Désormais, l'objectif est clairement de rassembler les 26 Etats membres pour isoler le "cas" irlandais, tant il vrai que les dirigeants européens estiment que les institutions prévues dans le traité de Lisbonne sont indispensables pour gérer l'Europe des Trente. "Il y a toujours des solutions", a ainsi estimé la ministre grecque des Affaires étrangères, Dora Bakoyanni. Pour son homologue finlandais, Alexander Stubb, la situation n'est pas neuve dans l'histoire de la construction européenne, où l'on a déjà vu des pays comme le Danemark et l'Irlande refuser des traités par référendum avant de revoter.

"Le traité n'est pas mort", a-t-il expliqué. "L'UE est en crise de gestion constante, nous allons d'une crise à l'autre et nous trouvons finalement une solution. Nous l'avons fait en 1992 avec le Danemark, en 2001 avec l'Irlande, en 2005 avec la France et les Pays-Bas et nous espérons en trouver une cette fois-ci."

L'Irlande devra donc dire si elle peut envisager un nouveau vote et sur quelles bases, une renégociation étant exclue. Une solution serait l'adoption d'une déclaration dissipant les craintes qui ont incité les Irlandais à voter "non", comme le maintien de la neutralité irlandaise, de l'interdiction de l'avortement et du droit de veto dans le domaine fiscal.

A Londres, le Premier ministre Gordon Brown a répété lundi la volonté de son pays de "poursuivre le processus" en cours de ratification du traité européen de Lisbonne, en dépit du "non" de l'Irlande. Londres a rejeté l'option d'un référendum et choisi de faire ratifier le traité par son parlement. La chambre des Lords doit examiner le traité de Lisbonne mercredi pour une troisième et dernière lecture à la chambre haute, avant que le texte ne retourne devant les Communes (chambre basse du parlement).

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