Tissage et métissage

Boulimique, le Musée du Quai Branly présente cinq expositions. Notamment une sur les textiles péruviens et une autre sur le mélange des cultures. Elles méritent le détour.

Ce sont 84 "mantos" (grande cape funéraire rectangulaire tissée) et "ponchos" (carré de textile fendu pour laisser la tête) qui sont présentés dans une grandiose mise en scène aux teintes volontairement sombres pour ne pas abîmer ces chefs d'oeuvres péruviens. Car ces pièces de tissus vieilles de 2000 ans sont particulièrement exceptionnelles, d'autant qu'elles sont présentées hors de leur pays d'origine pour la première fois. Dans un état parfait, grâce à l'aide du financement et des compétences techniques du Musée du Quai Branly, la restauration de ces trésors uniques a pu se faire sur place avec une remarquable qualité.

Fiertés du Pérou, ces éléments sont les fondamentaux de la culture Paracas, une tribu pré-incaïque vivant dans une péninsule située à 250 km au sud de Lima entre un siècle avant J.C. et deux après. Cette civilisation a développé de manière inouïe le tissage et la broderie à l'aiguille, faisant de ses textiles des ornements, notamment funéraires, flamboyants, avec une recherche dans la combinaison des motifs et des couleurs particulièrement sophistiquée. Il s'agit à la fois de signes de reconnaissance sociale et de rites religieux. La culture Paracas, n'a été découverte qu'après des vols qui ont intrigué les archéologues, dans les années 1920.

C'est à la même époque que l'artiste péruvienne Elena Izcue s'est inspirée de ces motifs et de l'esthétique précolombienne pour créer nombre de tissus et oeuvres d'art qui sont exposés en parallèle, toujours au rez-de-chaussée. Autre exposition temporaire de haut niveau du Musée du Quai Branly, cette fois à l'étage supérieur, galerie Ouest, "Planète Métisse", un parcours anthropologique qui met en valeur environ 300 rares objets des plus divers. Le but ici est d'interpeller le visiteur afin de mieux lui faire saisir combien nous sommes tous des descendants croisés de peuples eux-mêmes mélangés et inspirés d'autres civilisations et pluriculturels. Ainsi, en Afrique on célèbre à la manière Yoruba la reine Victoria, au Japon on peint les colons portugais sur les paravents des notables, à Goa le Christ a des allures de Bouddha, en Turquie les plats Iznik s'inspirent de la Chine, le calendrier divinatoire mexicain découpe l'espace en vignettes à la manière des almanachs européens...

Plus cérébrale que la précédente, cette exposition démarre au XVème siècle avec les premières colonisations... européennes. Elle aurait pu commencer beaucoup plus précocement: le métissage, qui ne cesse de se perpétuer, n'a-t-il pas débuté il y a des millions d'années?

"Paracas, trésors inédits du Pérou ancien", jusqu'au 13 juillet et "Planète Métisse", jusqu'au 19 juillet.
Musée du Quai Branly, Paris 7. Renseignements: www.quaibranly.fr

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