Hausse des taux : la France isolée dans ses critiques contre la BCE

La France s'est retrouvée bien isolée dans ses critiques répétées contre le relèvement des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE), lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, la première à se tenir depuis que Paris préside l'UE.

Prenant le relais de Nicolas Sarkozy, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'est à nouveau inquiétée lundi des conséquences du tour de vis monétaire décidé la semaine dernière par la Banque centrale européenne (BCE), qui a augmenté d'un quart de point son taux principal à 4,25%. Mais ses déclarations sont retombées comme un soufflé, Christine Lagarde se trouvant totalement isolée face à ses homologues européens, alors que se tenait lundi soir le premier conseil Ecofin depuis que la France a pris la présidence de l'Union Européenne le 1er juillet dernier.

"Nous sommes tous préoccupés par l'inflation", a déclaré le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse. "L'inflation n'est pas une préoccupation seulement pour les autorités monétaires, mais aussi pour les autorités politiques", a-t-il ajouté en soulignant que la BCE n'avait pas été critiquée lundi à Bruxelles.

"La plupart des responsables européens ont été au diapason. Le commissaire européen aux Affaires économique Joaquin Almunia a souligné la nécessité de "respecter l'indépendance de la Banque centrale". "Je pense que c'est une position sage pour tous les hommes politiques", a-t-il ajouté, dans une allusion aux critiques françaises dès la semaine dernière.

Le ministre néerlandais Wouter Bos a aussi pris la défense de la BCE en rappelant qu'elle avait "l'obligation légale de maintenir le taux d'inflation à un niveau raisonnable". Son collègue espagnol, Pedro Solbes, a souligné pour sa part qu'il "respectait ce qu'ils ont fait" à la BCE. Fait inhabituel venant d'une personnalité peu habituée à complimenter la BCE, le chef du gouvernement italien lui-même, Silvio Berlusconi, n'a rien trouvé à redire. "En ce moment, la priorité est de lutter contre l'inflation. Donc cette politique de la BCE, à l'heure actuelle, je la trouve appropriée", a-t-il déclaré au Japon où il se trouve pour le sommet du G8.

Ces prises de position détonnent avec celles de la France. Samedi, malgré la présidence semestrielle de l'UE, qui contraint en principe le pays qui l'assume à une certaine réserve, le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy s'était demandé si la hausse des taux était bien "raisonnable".
Lundi, c'est sa ministre de l'Economie Christine Lagarde qui a enfoncé le clou, s'inquiétant des conséquences d'une hausse qui "creuse le déséquilibre avec la politique monétaire américaine".

"Avec des taux à 4,25% en Europe contre 2% aux Etats-Unis, on va rester avec un euro surévalué et un dollar faible", a-t-elle souligné dans une interview accordée au quotidien Le Figaro. Et à Bruxelles, Christine Lagarde a surtout insisté sur "le ralentissement de la croissance" en zone euro, aux côtés de l'inflation. Les faits lui donnent d'ailleurs en partie raison. Jean-Claude Juncker et Joaquin Almunia ont prévenu qu'un net ralentissement de l'activité se profilait en zone euro du fait de l'envolée des prix de l'énergie, au deuxième trimestre qui vient de s'achever, mais aussi au second semestre.

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