EADS : la Bourse s'inquiète de la remise en cause du méga contrat américain

La Cour des comptes américaine a donné raison ce mercredi soir au constructeur aéronautique Boeing, qui contestait les conditions dans lesquelles l'armée de l'air américaine avait attribué un énorme contrat de 35 milliards de dollars, pour des avions ravitailleurs, à EADS et Northrop Grumman. Le titre EADS a perdu 2,5%.

Le président exécutif d'EADS, Louis Gallois, s'est voulu optimiste mercredi soir pour l'avenir de l'avion ravitailleur proposé par son groupe et Northrop Grumman à l'armée de l'air américaine, malgré la déception provoquée par le soutien de l'organisme de contrôle des dépenses publiques du Congrès à une requête présentée par son éternel rival Boeing .

"Nous sommes très confiants dans la qualité de notre offre", a déclaré à La Tribune Louis Gallois, quelques minutes après l'annonce de cette déconvenue pour le géant européen d'aéronautique et de défense. Et d'ajouter: "si la compétition, d'une manière ou d'une autre, devait être rouverte, évidemment nous serions des compétiteurs de qualité", a-t-il ajouté.

En début de soirée, le Government Accountability Office (GAO) - équivalent américain de la Cour des comptes française - a recommandé à l'US Air Force de rouvrir l'appel d'offres d'un contrat de quelque 35 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros) portant sur la fourniture de 179 avions ravitailleurs attribué fin février à EADS et Northrop Grumman aux dépens de son grand rival Boeing.

"Notre étude nous a conduit à conclure que l'Air Force a commis nombre d'erreurs significatives qui pourrait avoir affecté le résultat d'une compétition qui était serrée entre Boeing et Northrop Grumman", a estimé la Cour, dont le rapport a été transmis à l'AFP par les services d'un membre du Congrès, le représentant démocrate de l'Etat de Washington Norman Dicks.

Le GAO note sept points qui ont pu, à son sens, fausser la compétition. La Cour, dont l'avis est pratiquement toujours suivi par les pouvoirs publics, recommande à l'Air Force de "rouvrir les discussions" avec les deux groupes qui étaient candidats à ce contrat de 35 milliards de dollars.

Elle suggère à l'armée de l'air "d'obtenir des propositions révisées, de réévaluer les propositions réévaluées et de prendre une nouvelle décision sur la sélection de son fournisseur, cohérente avec (sa) décision".

L'attribution de ce contrat à un consortium comprenant certes un groupe américain, mais dans lequel le constructeur aéronautique européen EADS jouait un rôle prépondérant avait suscité une levée de boucliers aux Etats-Unis, notamment dans les milieux politiques.

Cette compétition - à haute teneur politique - a opposé pendant des années le KC-45, une version militarisée de l'A330 d'Airbus, et le KC-767, un dérivé du 767 de Boeing. Le 29 février, l'armée de l'air américaine avait choisi EADS, maison mère du constructeur aéronautique Airbus, et Northrop pour fournir 179 avions ravitailleurs.

Le Pentagone a récemment reconnu avoir commis des erreurs dans l'évaluation des offres pour ce contrat, mais Northrop et EADS s'étaient montrés confiants dans l'issue de l'étude du GAO, estimant que celles-ci étaient mineures.

Boeing, qui avait donc fait appel de cette décision, estimant que les conditions dans lesquelles s'était déroulé l'appel d'offres n'étaient pas régulières, se trouve en tout cas conforté par la décision de la GAO.

Pour EADS, un tel revers juridique ne constitue pas forcément une grande surprise, tant il allait de soi que l'octroi à une firme européenne d'un aussi gros contrat public américain susciterait des réactions fortes. La décision de l'instance américaine n'en est pas moins quelque peu inquiétante pour le groupe européen, qui avait réalisé avec ce contrat sa plus grosse percée sur le premier marché militaire du monde.

A la Bourse de Paris, les investisseurs s'inquiète de ce revers. Le titre a décroché ce jeudi de 2,5% à 13,21 euros.

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