Gaz : l'Europe otage de la guerre Gazprom-Ukraine

La Commission européenne va réunir un groupe de coordination pour discuter de la crise entre le géant gazier russe et l'Ukraine, engendrée par un refus de Kiev de payer ses arriérés de dette. Les livraisons de gaz russe à l'Europe pourraient être affectées.

La Commission européenne va convoquer le mardi 11 mars une réunion spéciale de son groupe de coordination sur le gaz pour discuter de la crise entre Gazprom et l'Ukraine, a annoncé la porte-parole du commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs. Ce groupe de coordination réunit un expert énergétique de chacun des 27 pays membres et des représentants de la Commission. Il devrait logiquement inviter un représentant russe et un représentant ukrainien, même s'ils sont libres de ne pas répondre à cette invitation, a ajouté la porte-parole.

Le commissaire européen à l'Energie, Andris Piebalgs, a par ailleurs appelé Russes et Ukrainiens à "faire tous les efforts possibles pour arriver à une solution rapide et durable à leur différend". Bruxelles attend aussi des deux parties qu'elles veillent à ce que les livraisons de gaz à l'Union européenne ne soient pas affectées.

Cetet annonce est prise en réaction à la crise entre Moscou et Kiev, qui a pris un tour aigu hier mardi 4 mars et ce mercredi matin 5 mars mais qui semble se calmer en début d'après-midi. Le géant gazier russe Gazprom a complètement rétabli ses livraisons de gaz à l'Ukraine, selon un communiqué conjoint avec l'ukrainien Naftogaz, tandis que les négociations continuent sur les autres points de désaccord.

Ce mercredi matin, en effet, Gazprom, le russe leader mondial de la production gazière, accusait l'Ukraine de vouloir prélever 60 millions de mètres cubes de gaz dans les 356,6 millions qui transitent par son territoire en direction des pays européens, soit 80% des livraisons russes qui représentent 25% du gaz consommé dans l'Union européenne. "Il s'agit donc d'un volume que Gazprom va livrer à la frontière ukrainienne mais qui ne parviendra pas aux consommateurs européens", insistait lourdement un porte-parole de Gazprom.

Il avait beau jeu de s'exprimer ainsi. En effet, Natogaz, le groupe public gazier ukrainien, n'avait pas exclu que soient perturbées les livraisons de gaz russe à l'Europe, comme cela avait été le cas en 2006, lors de la précédente guerre du gaz entre Kiev et Moscou. "Au cas où Gazprom continuerait de violer brutalement des accords techniques entre deux pays en baissant les livraisons de gaz d'Asie centrale vers l'Ukraine, Naftogaz se réserverait le droit de procéder à des mesures adéquates et asymétriques pour protéger ses consommateurs", a déclaré la société gazière ukrainienne.

Si le Premier ministre ukrainien, Ioulia Timoshenko, a aussitôt réaffirmé ce mercredi que son pays allait "acheminer vers l'Union européenne tout le gaz que la Russie lui livrera pour le transit", elle a été cependant mise en cause par le président ukrainien lui-même. Celui-ci se déclare "obligé" d'attirer "une fois de plus" son attention sur les actions "insuffisantes et inadéquates" du gouvernement ukrainien pour la résolution de la crise gazière entre Moscou et Kiev.

Le président reproche à son Premier ministre de ne pas concrétiser l'accord de prinicipe conclu le 12 février dernier avec Moscou pour régler la crise des arriérés de dettes de l'Ukraine à Gazprom ainsi qu'une simplification des schéma de livraison du gaz.

En réaction à cet échec des négociations, le géant russe Gazprom a annoncé, lundi 3 mars, avoir réduit ses livraisons de gaz de 25% (de 35%, selon les Ukrainiens). Gazprom a réduit de 25% supplémentaires ses livraisons mardi 4 mars et n'exclut pas de les réduire encore davantage dans les jours prochains, a annoncé ce mardi son porte-parole, Sergueï Kouprianov, "si la partie ukrainienne ne revient pas à la table de négociations".

Le président élu de Russie Dmitri Medvedev, chef par ailleurs du conseil d'administration de Gazprom, a appelé l'Ukraine à "intensifier ses efforts" pour régler la crise gazière bilatérale. Dans un entretien téléphonique avec le président ukrainien Viktor Iouchtchenko, le poulain de Vladimir Poutine a souligné que Moscou "espérait une intensification des efforts de Kiev pour régler le plus vite possible le problème de la dette pour le gaz livré".

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