Rêveries nostalgiques à la Cartoucherie

Le Théâtre du Chaudron accueille "Machina Memorialis". Un concert "à regarder", autour d'une création musicale d'Albert Marcoeur.

"Machina Memorialis" n'est ni le concert d'un quatuor, ni une pièce de théâtre, ni un spectacle de marionnette, ni une projection de vieux films familiaux, oubliés dans la boîte de la Super 8... c'est un peu tout cela à la fois. Un "concert spectaculaire", en quelque sorte. Mais intime. On s'explique.

Le spectacle présenté à la Cartoucherie de Vincennes par le Quatuor Belà et la Compagnie des Rémouleurs consiste en une manipulation, aussi technique que poétique, d'images filmées autour de l'univers musical d'Albert Marcoeur et sur le thème du souvenir (comment il prend forme, s'évanouit ou se mêle au réel).

Parfois arrangeur (notamment pour Dick Annegarn sur les albums "Mireille" et "Anticyclone"), souvent chanteur, Albert Marcoeur est avant tout compositeur pour le disque, la danse, le cinéma et le théâtre. Son univers, longtemps comparé à celui de Franck Zappa, est unique et inclassable, preuve en est la grande diversité de ses inspirations. Sur son site, ses musiques favorites vont d'Henry Purcell à Cypress Hill, en passant par Jeff Beck et ZZ Top.

C'est sous le charme de cet univers qu'est tombé le Quatuor Belà, composé de jeunes musiciens réunis par le CNSM de Lyon (Julian Boutin, Frédéric Aurier, Julien Dieudegard, Luc Dedreuil). Sous leurs archets, la création musicale d'Albert Marcoeur lancine et fascine, marque l'esprit pour mieux le laisser s'échapper.

Les images passent, projetées sur un carré de toile, ou sur un voile roulé en boule, se déforment, font le net ou se noient dans le flou. On reconnaîtrait presque les lieux et les personnes, tellement cette vision et cette sensation, ensemble, sont familières.

C'est magique, se dit-on... "Mais pour nous, c'est l'enfer!", s'exclame, rieuse, Anne Bitran, conteuse et machiniste, membre de la compagnie des Rémouleurs. Pendant tout le spectacle, c'est elle qui manipule les images, penchée au dessus du "Cyclope", la machine élaborée par Olivier Vallet, le concepteur des effets spéciaux lumineux de la troupe. A travers la redécouverte de techniques anciennes de projection, celui-ci a reconstitué une forme de Camera Lucida ("chambre claire") utilisée dès le XVIIIe siècle pour les "fantasmagories". Cet art consistait à projeter et à animer des images sur un écran de toile ou de fumée afin de faire "parler les fantômes".

L'ensemble est un petit bijou, une parenthèse hors du temps. Un luxe, en somme.

"Machina Memorialis", jusqu'au 2 mars 2008 au Théâtre du Chaudron à la Cartoucherie de Vincennes. Tél: 01.43.28.97.04. www.theatreduchaudron.fr. Puis le 29 mars à Nemours, le 30 avril et le 1er mai au Festival Musique Action de Vandoeuvre-lès-Nancy.

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