Sur scène en région

Après être passé par des salles franciliennes, les pièces "Le temps est un songe" mise en scène par Jean-Louis Benoit et "Maître Puntila et son valet Matti" dirigée par Omar Porras poursuivent leur chemin dans l'Hexagone.

"Le Temps est un songe"
Le metteur en scène et patron du théâtre national de La Criée à Marseille, Jean-Louis Benoit, vient de ressusciter à la fois un texte "Le Temps est un songe" et son auteur, Henri-René Lenormand (1882-1951) qui connut quelque gloire entre les deux guerres mondiales. En fait, Benoit récidive. En 1995, il avait déjà exhumé une première oeuvre de ce Lenormand, "Les ratés", datée de 1918.

Est-ce cette l'image sombre, tourmentée, très néo-romantique des personnages de ce théâtre qui plaisent tant au metteur en scène? Une tristesse, un brouillard infini semble envelopper la vie de Nico van Eyden qui revient des Indes, en ce début du XXè siècle, après y avoir séjourné de nombreuses années. Ce retour dans la maison familiale de Hollande va s'accompagner d'une prémonition que l'on devine mortelle quand sa fiancée le retrouve après une si longue séparation. Le drame rôde.

Paysage d'étangs, de lumières pâles, d'ombres fuyantes, les décors de Jean Haas traversés par les lumières de Joël Hourbeigt et les vidéos impressionnantes de Patrick Laffont amplifient avec justesse le mystère que dégage la pièce. Et si les comédiens (surtout Océane Mozas la fiancée et Karen Rencurel la servante) sont convaincants, on reste quand même à grande distance de ce théâtre fortement daté.

Après sa création au théâtre Les Gémeaux à Sceaux (92) la pièce sera du 31 janvier au 2 février au Théâtre national de Nice, du 6 au 8 février au Nouveau Théâtre d'Angers, du 27 février au 30 mars à La Criée à Marseille.

"Maître Puntila et son valet Matti"
Avec le Colombien Omar Porras et sa compagnie du Teatro Malandro, on retrouve l'ambiance du théâtre de tréteaux, des comédiens masqués, de la commedia dell'arte, de son goût pour la dérision. Pour la première fois, il met en scène une pièce de Brecht, "Maître Puntila et son valet Matti", écrite pendant l'exil finlandais de l'auteur allemand dans les années 1940.

A l'origine, la fable de Brecht brosse sous un angle à la fois comique et violent, un tableau de la lutte des classes astucieusement coloré. Le riche propriétaire Puntila, un sacré ivrogne, a une double personnalité. Généreux quand il est ivre, ignoble et tyrannique avec tout le monde, même sa famille, quand il retrouve ses esprits et ses affaires. Matti, le valet-chauffeur, est de ces serviteurs qui savent y faire avec intelligence, pour glisser entre les gouttes de pluies, pour éviter les pièges.

Présenté au Théâtre de la Ville à Paris avant une tournée, ce "Maître Puntila..." confirme une fois de plus qu'Omar Porras sait joliment orchestrer sa troupe de comédiens. Ils sont remarquables, tous. C'est un vrai tourbillon sur la scène. Un cirque endiablé, une parade musicale. Mais sa proposition a aussi son revers. Ici, Puntilla est tellement porté sur la bibine, tellement embarqué par les choix festifs de la mise en scène qu'il devient un faux méchant quand il devrait être vraiment inquiétant. On reste dans la farce plus que dans la fable. C'est donc très amusant, plaisant. Divertissant comme on aime aujourd'hui. Mais un peu à côté de la plaque quand même.

Les 12-13 février au Carreau à Forbach, 16-17 à Corbeil-Essonnes, 21-22 au Théâtre Romain Rolland à Villejuif, puis notamment à Lyon (La Croix-Rousse du 4 au 13 mars), Namur et Bruxelles en avril et retour en France en mai (Grasse, Istres...).

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