Thomas France, le promoteur du bitcoin

À 29 ans, il cofonde la Maison du bitcoin, un espace dédié à cette quasi-monnaie virtuelle, qui informe les curieux et accueille les entrepreneurs et les startup voulant développer une activité autour du bitcoin.
Thomas France, cofondateur de la Maison du bitcoin. / DR

« Nous avons accueilli des seniors qui voulaient en savoir plus sur le bitcoin, et investir dans cette quasi-monnaie virtuelle. Je conseille toujours de ne pas investir plus que ce qu'on accepterait de perdre », souligne Thomas France.

L'entrepreneur de 29 ans a cofondé la Maison du bitcoin, qui a ouvert ses portes en mai dernier dans le Sentier, le quartier historique des start-up à Paris, juste en face de Numa, la place forte de l'écosystème parisien du numérique.

« Il existait des ambassades du bitcoin à Montréal, fondée par des Français, à Tel-Aviv et à New York, mais aucune en Europe. »

Détendu et convivial, il montre aux curieux comment ouvrir un compte en bitcoins en quelques minutes via leur smartphone. Pédagogue, il décrypte le fonctionnement des « mineurs », ces ordinateurs qui enregistrent et contrôlent les transactions en bitcoins à travers le monde, et qui permettent de gagner quelques bitcoins à chaque opération certifiée. Il énumère les avantages de cette quasi-monnaie virtuelle :

« Réduire les frais bancaires, permettre l'accès à un compte bancaire pour tous, faciliter le transfert d'argent à l'étranger... »

Tout en répondant énergiquement aux doutes sur sa stabilité, la sécurisation des comptes ou les problématiques de blanchiment

« C'est nouveau, donc il y a du scepticisme, c'est normal. Souvenez-vous de la méfiance qui entourait le Web à l'ère du fax », illustre-t-il, goguenard.

En bon guide, il ponctue la visite des locaux fraîchement peints en alternant anecdotes et spécificités techniques de cette quasi-monnaie.

Thomas France encourage aussi les entrepreneurs désireux de lancer une activité autour de cette nouveauté.

« En France, seules trois ou quatre start-up se sont lancées pour explorer les opportunités liées au bitcoin, contre des dizaines aux États-Unis », résume ce FrancoAméricain, né outre-Atlantique et qui s'est installé à Reims à l'adolescence.

Un espace de coworking accueille ainsi les porteurs de projets qui souhaitent glaner des conseils juridiques et fiscaux, tandis que les start-up déjà constituées peuvent louer des locaux au sous-sol.

« Nous menons une réflexion avec Numa pour organiser des événements communs autour du bitcoin, afin de sensibiliser les entrepreneurs du numérique. »

Du 13 au 15 juin, la Maison du bitcoin organise son premier week-end
hackathon, un concours de création de business models autour du bitcoin.

Les grands groupes sont également reçus à la Maison du bitcoin pour des formations, « notamment de grandes banques qui désirent se tenir informées sur cette innovation... Pour ma part, je n'ai jamais eu envie de faire carrière dans une banque, ce qui était pourtant la voie qu'ouvraient mes études d'ingénieur aux Ponts et Chaussées », se souvient Thomas France, qui s'est spécialisé dans le management industriel.

Triathlète et rugbyman, cet élève brillant, sans se mettre la pression, a choisi d'effectuer un stage d'étude chez L'Oréal, en Nouvelle-Zélande, « car c'est une terre de rugby ».

Aimant déjà défricher les nouveaux horizons à cette époque, il termine sa scolarité en participant à un programme pilote sur l'innovation industrielle rassemblant son école, celle de Stanford et une université d'Helsinki.

« Notre équipe pluridisciplinaire devait redessiner un cockpit d'hélicoptère, avec un budget de 50.000 euros. Nous avons terminé dans les temps, même si une semaine avant la date de remise du projet, rien n'était prêt... Un peu comme pour l'inauguration de la Maison du bitcoin », sourit-il.

« Thomas est avenant, drôle et créatif. Il inspire confiance dès la première rencontre, et il ne recule devant rien pour réunir les éléments nécessaires pour atteindre son but », précise Amine Bellakrid, camarade de Thomas sur ce projet d'école.

Son diplôme en poche, Thomas France a débuté dans le conseil, rejoignant le Boston Consulting Group pendant un an

« J'avais envie d'entreprendre dès la sortie de l'école, mais je n'avais pas d'argent, pas d'équipe et pas de projet », justifie ce fils d'enseignants universitaires.

C'est dans un bar, à l'occasion d'un Apéro-entrepreneur à Paris, fin 2011, qu'il trouve l'opportunité de se lancer, au détour d'une conversation avec Éric Larchevêque, qui lui propose de le rejoindre comme associé au sein de Prixing, une application mobile de comparaison locale des prix par scan de codes-barres, surfant sur la tendance montante du web-to-store.

Et c'est tout naturellement que les deux hommes ont décidé de créer ensemble la Maison du bitcoin, quelques semaines après avoir finalisé la vente de Prixing, en décembre 2013.

« Thomas est pugnace et s'adapte à toutes les situations. Toujours calme, il sait prendre les décisions difficiles, se remettre en question... et il ne manque pas de ressources. Un jour, alors que nous arrivions mal préparés à un rendez-vous important, il a sauté dans l'ascenseur jusqu'à ce qu'il se bloque. Quand les secours sont arrivés, nous avions eu le temps de peaufiner notre présentation », confie Éric Larchevêque. Le duo ne manque pas d'ambition.

« Dans deux ans, la Maison du bitcoin sera un acteur majeur du secteur en France et en Europe. Vu la croissance exponentielle du bitcoin depuis un an, il y aura d'ici là plusieurs millions d'utilisateurs en Europe, et environ 10000 marchands accepteront le paiement en bitcoins dans leurs boutiques », prédit Thomas France, qui attend avec impatience de pouvoir acheter sa baguette de pain en bitcoins.

« En France, seuls 100.000 consommateurs et une vingtaine de commerçants utilisent le bitcoin aujourd'hui. Or, il y a une opportunité évidente dans le secteur du tourisme, notamment pour les gîtes. »

Depuis la cession de Prixing, ce père de deux enfants est devenu business angel, convaincu que « l'argent est bien mieux investi dans une start-up que dans une voiture ou un appartement ».

Il a choisi d'épauler Pierre Valade, un ancien camarade des Ponts et Chaussées qui a cofondé Sunrise, à New York.

« Thomas incarne tout à fait la mentalité des jeunes entrepreneurs, qui partagent leur expérience. Il est capable de gérer des problèmes techniques ou financiers, aussi aisément que les questions de rapports humains. Je l'encourage à passer plus de temps aux États-Unis, où il pourrait lancer un projet international », assure Pierre Valade. Mais Thomas France le défricheur préfère se concentrer sur le Vieux Continent où tout reste à construire dans l'univers du bitcoin. Pour le moment.

 

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>>> MODE D'EMPLOI

Où le rencontrer ? : À la Maison du bitcoin, 35, rue du Caire à Paris 2e, notamment pour Startup Assembly, ex-journée du Patrimoine des startup, du 12 au 14 juin. Sinon, il répond rapidement aux sollicitations sur LinkedIn ou Twitter.

Comment l'aborder ?: « Allez droit au but. Dites-moi ce que vous cherchez, de façon concise et précise. »

À éviter ! : Lui faire perdre son temps en vous répandant en bavardages inutiles.


>>> TIMELINE

  • Mars 1985 Naissance aux États-Unis.
  • 2010 Diplômé de l'École nationale des ponts et chaussées.
  • 2011 S'associe à Éric Larchevêque dans Prixing.
  • Décembre 2013 Cession de Prixing, devient business angel.
  • Mai 2014 Cofonde la Maison du bitcoin.
  • 2016 La Maison du bitcoin est un acteur majeur du secteur, en France et en Europe.

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