Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?

Alors que la France s'enfonce lentement mais sûrement dans la morosité, la semaine internationale du bonheur qui s'ouvre aujourd'hui est une occasion de remettre les pendules à l'heure sur ce nouveau graal hexagonal. Et de se rappeler que le bonheur n'est ni quelque chose à posséder, à trouver, ou à atteindre, ni un état ou même une émotion, mais un acte. La balle est dans le camp... de l'action.
Etre optimiste, c'est savoir optimiser. / DR

La semaine internationale du bonheur débute aujourd'hui avec, comme à l'accoutumée en France, un accueil mitigé où les sondages nous montrent depuis des années individuellement heureux mais moroses et pessimistes collectivement.

Adoptée en 2011 par l'assemblée générale de l'Onu pour sensibiliser l'état et la société civile à la recherche de politiques privilégiant le bien-être citoyen, cette initiative a pour le moins le mérite de faire phosphorer notre pays autour d'initiatives et de solutions.

C'est d'ailleurs le but de la journée du 20 mars, proclamée journée internationale du bonheur de "faire prendre conscience aux gouvernements qu'il faut envisager d'adopter la croissance économique dans une optique plus large, plus équitable et plus équilibrée, qui favorise le développement durable, l'élimination de la pauvreté, ainsi que le bonheur et le bien-être de tous les peuples". Coïncidence du calendrier, le Printemps arrive aussi cette semaine.

Alors, comme le chantait Charles Trenet, "qu'est-ce qu'on attend pour être heureux?"

Question à laquelle la Fabrique Spinoza, think tank du bonheur citoyen, a décidé de s'atteler pour y trouver une réponse.

Fondé par Alexandre Jost, centralien de formation, passé par le conseil et le groupe d'économie sociale et solidaire SOS, spinoziste convaincu que le bonheur est moins dans la récompense qu'on reçoit que dans l'action qu'on accomplit, il regroupe déjà une centaine de bénévoles dont une vingtaine d'actifs qui animent des groupes de travail aussi bien sur la qualité de vie en entreprise que sur "bien-être, sagesse et spiritualité au travail".

La Fabrique Spinoza travaille également à l'élaboration de "l'Indice de positivité de l'économie" dans le cadre de la mission confiée par François Hollande au groupe de travail présidé par Jacques Attali sur l'économie positive.

Suite de la commission Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social, initié au précédent quinquennat. L'objectif étant d'évaluer les progrès accomplis ainsi que ceux qu'il reste à faire et comme le précise Jacques Attali dans le premier rapport "de ne plus voir les objectifs sociaux et environnementaux comme des contraintes mais comme des valeurs en soi".

Etre optimiste, c'est savoir optimiser

Changement de regard donc qui ne peut s'établir qu'à une seule condition : repartir de la réalité pour débusquer pensées et croyances auxquelles les Français sont attachés depuis si longtemps. Ainsi la position de l'optimiste définie par Leibniz ne consiste pas à penser que tout est bien mais à accepter la réalité telle qu'elle est pour l'améliorer dans une action collective. L'optimiste voit une réalité à travailler là où le pessimiste est un idéaliste déçu de la réalité. Ce n'est donc pas uniquement une façon de voir le monde mais surtout une façon d'agir sur celui-ci.

Afin d'établir une cartographie la plus objective possible de cette France morose, la Fabrique Spinoza, résolument optimiste, s'est attelée à recenser tous les sondages sur le moral des Français et à en analyser les causes pour proposer des solutions.

Ses premiers résultats font état de plusieurs grands facteurs à l'origine de la dépression hexagonale : la fin de l'Etat providence, la peur de la précarité jointe à l'angoisse suscitée par la mondialisation, un système éducatif basé sur la sanction qui mine la confiance en soi, une répartition inégale du pouvoir et une forte distance hiérarchique (cf. les travaux du psychologue néerlandais Geert Hofstede), une valorisation à l'extrême de l'esprit critique gage d'intelligence, enfin des médias au négativisme légendaire. Sans compter notre consommation effrénée d'anti-dépresseurs.

"Nous souffrons d'un esprit poético-philosophique dans lequel nous accordons trop d'importance au raisonnement cartésien. Ainsi avons-nous laissé de côté notre vision intuitive et symbolique du monde, pour  progressivement basculer vers une vision analytique et rationnelle à l'extrême.

Si bien qu'aujourd'hui en France, chaque idée doit être prouvée, justifiée et démontrée de manière rationnelle, sous peine d'être rejetée sans appel. Le pouvoir de la critique et de la pensée va si loin en France, que nous avons universellement accepté l'affirmation de Descartes « Je pense, donc je suis »", souligne Alexandre Jost.

Il compte bien tordre le cou au dogmatisme ambiant avec la grande étude à laquelle travaille la Fabrique Spinoza qui sera prête en septembre. D'ici là, cette semaine la Fabrique organise de nombreux évènements - à commencer par une grande soirée le 20 mars autour du bonheur citoyen - et répertorie les initiatives.

Pensée positive et psychologie positive

Si "l'économie positive constitue une sorte de sortie par le haut du présent cauchemar sociétal" selon Paul Jorion, chercheur en sciences sociales et membre de la commission Attali, il convient cependant de trier le bon grain de l'ivraie au milieu de tous ces courants positifs, heureux et optimistes, au risque de jeter le bébé avec l'eau du bain.

Alors que la première est un courant qui postule l'effet magique de nos pensées "positives" sur nos vies, la seconde est une discipline scientifique en pleine naissance qui étudie les moyens d'améliorer d'une manière réaliste le bien-être individuel et collectif en focalisant davantage notre attention sur les ressources que sur les difficultés.

De même la poursuite du bonheur ne peut pas constituer une fin en soi, ni un dû. Plus nous allons vouloir y parvenir, plus nous allons souffrir de le voir encore si loin. Sans compter toute l'énergie mise au service de cette course poursuite. Une image idéalisée de la réalité nuit grandement à la lucidité.

En cessant de prendre le bonheur pour une finalité et un "mieux que la morosité", en étant dans l'action, juste pour le désir et le sens, nous pouvons nous centrer sur les démarches à mettre en place pour construire le contexte aussi proche que possible de nos valeurs sans en attendre de résultats, car ceux-ci ne dépendent pas entièrement de nous.

Quand nos actions sont en cohérence avec nos valeurs, elles deviennent leur propre récompense. Et pour paraphraser Lacan "le bonheur vient de surcroît"... mais pas toujours.

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Commentaires 3
à écrit le 20/03/2014 à 14:29
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une bonne guerre une du genre WW3

à écrit le 19/03/2014 à 10:22
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Maréchal , nous voilà...!!! eh eh eh eh...

à écrit le 18/03/2014 à 23:07
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De pouvoir virer les socialos.

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