Nyse Euronext précise les contours de la future Bourse des PME

Dominique Cerutti, le directeur général adjoint de Nyse Euronext a précisé qu'elle aurait un budget de 18 millions d'euros et emploierait 50 personnes. Bercy doit encore valider le schéma. Réunis par l'opérateur boursier américano-européen pour évoquer le paysage du moment, tous les professionnels de la finance tirent la sonnette d'alarme. Leur bête noire : Bâle III et Solvency II qu'ils aimeraient bien torpiller sous peine d'être lancés sans pouvoir réagir vers l'iceberg du Titanic.
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On se demandait si Dominique Cerutti, le directeur général adjoint de Nyse Euronext allait donner des détails sur le projet de création de la Bourse de l?Entreprise, destinée à redynamiser le segment des PME et ETI cotées ou non, l?objectif de cette initiative étant également de donner envie aux entreprises d?entrer en Bourse pour résoudre une partie de leurs problèmes de financements.
Sans donner trop de détails, le responsable de l?opérateur boursier américano-européen a toutefois officialisé les contours d?un projet que Bercy doit encore valider. Celui-ci prend la forme d?une filialisation avec un compte d?exploitation bien à part. Son budget de 18 millions d?euros proviendra pour l?essentiel (16 millions d?euros) d?un transfert de fonds puisque Nyse avait déjà un budget dédié aux valeurs moyennes. Il compte également y allouer une cinquantaine de personnes dont une trentaine déjà en place. Dix personnes supplémentaires seront embauchées à cette occasion. La gouvernance comprendra entre 12 et 15 personnes et sera constituée de personnalités reconnues de la Place parisienne mais aussi européenne, cette Bourse s?adressant aussi aux valeurs des places associées à Nyse Euronext, soit celle de Bruxelles, Lisbonne et Amsterdam. «Nous souhaitons que cette Bourse investisse dans la prospection de nouveaux dossiers mais soit aussi un relai pour les entreprises après leur introduction», a commenté Dominique Cerutti. Et de préciser que la mise en place de cette filiale dont la marque reste encore à définir serait associée à une baisse de 10% des frais de listing et de 50% de ceux de transferts. Et ce, en guise de réponse aux conclusions du rapport Giami/Rameix qui s?était notamment ému des tarifs pratiqués par Nyse Euronext auprès de cette communauté d?entreprises. Les responsables de l?opérateur boursier se sont fixés comme objectif de tripler les introductions en Bourse et de doubler les levées de fonds primaires et secondaires.
Côté timing, une réunion avec Bercy est prévue la semaine prochaine. Une présentation devant le Haut comité de Place pourrait avoir lieu début janvier 2013. Un lancement au printemps prochain semble toutefois incertain compte tenu des délais administratifs. Il faut donc plutôt compter sur une inauguration à la rentrée 2013. Du côté de Bercy, on précise que le dossier avance bien et qu?il prend de la consistance. Il demande toutefois à être confirmé. Si les propositions sont convaincantes, tout pourrait ensuite aller vite, ajoute-t-on.

Une bonne nouvelle pour les PME-ETI ?
Les PME-ETI peuvent-elles donc se réjouir de ces annonces? Ce poumon économique de la France a terriblement besoin d?une nouvelle bouffée d?oxygène. Et la Bourse est clairement une des solutions possibles pour aider ces entreprises à financer leur développement, même si ce placement n?a pas vraiment le vent en poupe auprès des investisseurs en ce moment. La perspective de la création d?une filiale leur étant exclusivement dédiée est donc une bonne nouvelle. Il faudra voir toutefois dans les faits si son organisation et les moyens qui lui sont consacrés sont réellement efficaces et suffisants.
Sachant qu?il y a manifestement urgence à réagir si l?on en croit tous les professionnels de la finance venus parler de leurs inquiétudes lors de cette journée consacrée aux marchés boursiers. Un point commun les unit : ils sont tous fermement remontés contre les nouvelles normes comptables en préparation Bâle III et Solvency II, deux « poisons » que ces hauts responsables ne désespèrent pas de torpiller ou au mieux de réorienter. «la donne peut encore changer. Il faut se mobiliser. C?est ce que nous faisons à la FFSA qui organise une grande réunion le 7 décembre, pour voir quelles nouvelles directions pourraient être impulsées», a déclaré Bernard Spitz, président de la Fédération Française des sociétés d?assurance (FFSA). «Bâle III et Solvency II ont été élaborés à partir de mauvaises bases de calcul, il est donc normal que les ratios retenus soient fantaisistes», a surenchéri Louis Godron, président de l?AFIC, particulièrement remonté contre toutes les réformes qui touchent actuellement aussi bien les marchés financiers que le capital investissement. «Avec Solvency II, c?est comme si nous étions dans le Titanic et que nous allions tout droit vers l?iceberg sans la possibilité de contourner l?obstacle», a également lancé Patrick Sayer, président d?Eurazeo pour qui sans changements radicaux, on va droit dans le mur et durablement.

Tous les modes de financement traditionnels en panne

Si tous ces professionnels cherchent à provoquer un électrochoc, c?est effectivement pour conter-carrer une tendance assez angoissante. «Aujourd?hui, tous les modes de financement traditionnels sont en panne, que ce soit du côté des banques, du capital investissement que de la Bourse. Il est donc effectivement primordial que l?on trouve une ou plusieurs solutions pour permettre à la machine de se remettre en marche», a stipulé Gérard Rameix, nouveau président de l?AMF (Autorité des marchés financiers) qui parlait surtout au nom de son ancienne casquette de médiateur du crédit. C?est lui aussi qui a participé au rapport prônant la création d?une Bourse pour les valeurs moyennes compte tenu de leur situation financière.

"Les actions sont plus intéressantes que les obligations"

Sans tomber dans un pessimisme excessif, ces spécialistes ont toutefois tous confirmé que les grandes entreprises parvenaient aujourd?hui à se financer dans de très bonnes conditions grâce à l?essor du marché obligataire et des conditions de taux. Succès dont pourraient bénéficier par ricochet les sociétés de plus petites taille. «Vu les niveaux de rendements actuels des actions et les conditions proposées lors des différentes émissions obligataires, il me semble pourtant plus intéressant de se positionner sur les actions que sur les obligations», a lancé Gérard Rameix, stipulant bien que c?était surtout l?ancien médiateur du crédit qui parlait.
 

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Commentaire 1
à écrit le 20/12/2012 à 15:20
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Historiquement Lyon était la capitale bancaire commerciale et financière de la France( et ensuite industrielle) et ce qu'on appelle les Gaules. Il y a peut-être un moyen pour le projet de bourse régionale de Lyon de s'allier avec euronext pour les pm...

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