Le plan de secours d'Euronext pour maintenir les marchés ouverts

Télétravail, équipes redondantes, sites de repli... L'opérateur boursier a tout mis en oeuvre pour maintenir opérationnelles ses infrastructures de marchés, indispensables à la formation des prix.
Juliette Raynal
(Crédits : Charles Platiau)

Derrière la Bourse de Paris, d'Amsterdam, de Bruxelles, de Lisbonne, de Dublin et d'Oslo, se trouve le même opérateur : le groupe Euronext. Alors que le débat sur la pertinence d'une fermeture des marchés s'intensifie, l'entreprise européenne (immatriculée aux Pays-Bas mais dont le siège est à La Défense) a, de son côté, tout mis en oeuvre pour maintenir ses infrastructures de marchés opérationnelles, tout en préservant la sécurité de ses quelque 1.100 salariés répartis dans 17 pays.

Une plateforme indispensable à la formation des prix

Si le groupe s'est diversifié au cours des dernières années autour de la fourniture de données et de services pour les émetteurs et les grandes institutions financières, son coeur de métier demeure la mise à disposition d'une plateforme technologique. Critique, celle-ci permet aux investisseurs de se connecter et d'échanger des produits financiers. Si cette plateforme n'est plus disponible, les prix ne peuvent plus se former.

A l'heure où la France débute une période de confinement de minimum 15 jours pour tenter d'endiguer l'épidémie du coronavirus et où les marchés financiers ne cessent de tanguer, Euronext a activé son Plan de continuité d'activité (PCA)

"Etant donné notre présence dans 17 pays, nous devons prendre en compte les instructions des autorités sanitaires à l'échelle mondiale et nationale. Le but étant de formuler des recommandations au niveau groupe, avant de les adapter pays par pays", expose Amaury Houdart, le chief talent officer, en charge des ressources humaines et de l'innovation chez Euronext.

Télétravail généralisé, sauf pour les métiers critiques

Dès la semaine dernière, le groupe a scindé ses équipes en deux et a mis en place un système de rotation pour limiter les risques de contamination. Lorsque l'équipe A était en télétravail, l'équipe B pouvait venir travailler dans les locaux, et inversement. Mais depuis lundi 16 mars, tous les salariés sont tenus de travailler à distance, sauf ceux relevant des équipes critiques. "Chez nous, ce sont les métiers de surveillance des marchés et une équipe resserrée de production informatique", précise Amaury Houdart.

"Il est possible d'opérer les infrastructures de marchés à distance, et en dernier recours nous pouvons l'envisager si la situation l'exige" poursuit-il. Mais jusqu'à présent, l'opérateur boursier privilégie une présence physique de ces équipes qui bénéficient ainsi d'un réseau internet très performant et ultra-sécurisé pour avoir accès en temps réel aux marchés. "Cela permet aussi de renforcer leur collaboration pendant le démarrage de ce plan de continuité", ajoute le responsable des ressources humaines.

Ces collaborateurs, une quarantaine à l'échelle du groupe, dont une vingtaine à Paris, doivent toutefois respecter des consignes de sécurité strictes: une distance de deux mètres entre chaque poste doit ainsi être observée. Les salariés disposent par ailleurs d'un ascenseur dédié, d'une livraison de plateaux repas et sont dispensés de transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail.

Modèle de redondance

Outre ces dispositions exceptionnelles, Euronext repose sur un modèle intrinsèque de redondance: un fonctionnement en double est ainsi prévu entre Paris et Amsterdam pour la surveillance des marchés, et entre Paris et Porto pour l'infrastructure informatique. A cette première couche de sécurité, s'ajoute plusieurs sites de repli dont la localisation est tenue confidentielle.

Aujourd'hui, un scénario de suspension de la formation des prix pour des raisons techniques et organisationnelles semble donc très peu probable. Un tel événement s'était déjà produit en 2011 à la Bourse de Londres. Le London stock exchange (LSE), gestionnaire de la place, avait dû interrompre pendant plusieurs heures l'ensemble des transactions sur les actions britanniques en raison d'un problème informatique.

Maintenir le lien

Au-delà de cette adaptation organisationnelle, Euronext s'attache aujourd'hui à maintenir le lien entre ses équipes avec la mise en place de contacts journaliers et des réunions d'équipes virtuelles bi-hebdomadaires et l'utilisation de nombreux outils collaboratifs. Si le télétravail n'est pas une nouveauté au sein de l'entreprise au modèle européen, il n'a jamais été adopté de façon aussi massive. "Cela nous amène à revisiter la manière dont nous sommes amenés à travailler ensemble", conclut Amaury Houdart.

Juliette Raynal

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