Royaume-Uni : l'échec de May met la livre sous pression

La devise britannique a perdu 2% de sa valeur, jeudi soir, peu après l'annonce des estimations, avant de plonger après la publication des résultats quasi-définitifs. Les marchés asiatiques, eux, sont restés sereins.
Un écran montre le taux de change entre la livre et le yen à la Bourse de Tokyo, dans la nuit du 8 au 9 juin.

La livre sterling était sous pression vendredi en réaction à la perte par les conservateurs britanniques de la majorité absolue à la Chambre des Communes. Peu après l'annonce des projections jeudi à 22 heures GMT, la livre est tombée à 1,2709 dollar, son plus bas niveau depuis avril, contre 1,2950 quelques minutes auparavant, soit un recul de près de 2%. Idem face à l'euro qui montait à 88,24 pence, contre 86,60 pence.

La monnaie britannique restait ensuite sous pression, plongeant même vers 6 heures GMT à 1,2686 dollar après la publication des résultats quasi-définitifs, tandis que l'euro évoluait en hausse autour de 88,31 pence.

Du côté des Bourses, l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo s'offrait cependant le luxe d'un gain de 0,52% à la clôture. Ailleurs en Asie-Pacifique, Séoul et Sydney évoluaient aussi dans le vert, tandis que Hong Kong s'inscrivait en petit repli. Mais le ton sera surtout donné par les places européennes qui s'apprêtent à ouvrir, à 7 heures GMT.

Pas de panique... pour le moment

La Première ministre Theresa May, qui avait convoqué ce scrutin anticipé dans le seul but de renforcer sa majorité existante, a été prise à son propre piège. Si les conservateurs restent certes en tête du scrutin, ils ont perdu une douzaine de sièges, et l'opposition travailliste en a gagné une petite trentaine, une issue qui plonge le pays dans l'incertitude peu avant l'ouverture des négociations du Brexit.

"Il y a un mois à peine", la victoire des conservateurs s'annonçait "écrasante", a rappelé dans une note Craig Erlam, chez Oanda. "La réalité est que leur campagne s'est avérée désastreuse", et que le chef de l'opposition travailliste, le très à gauche Jeremy Corbyn, est désormais "couvert d'éloges pour avoir effectué un come back remarquable".

"Si les travaillistes se réjouissent, les marchés ne sont pas d'humeur aussi joyeuse. Cependant la réponse a été plutôt modérée", a résumé l'analyste, alors que pourtant un Parlement indécis était présenté comme "le pire des scénarios". "Il n'y a clairement pas de panique" mais la donne pourrait changer "si les discussions pour former une coalition échouaient et de nouvelles élections se profilaient".

"Réaction trumpienne"

Depuis le vote le 23 juin 2016 en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, la devise nationale a déjà été mise à rude épreuve: elle a perdu quelque 15% de sa valeur face au dollar, plongeant à des niveaux inédits depuis 1985. Mais d'autres économistes prédisaient un rebond de la livre à terme, dans l'espoir d'une ligne moins dure que celle prônée jusqu'à présent par Theresa May.

"Le revers de Theresa May pourrait conduire à un Brexit plus souple, ce qui n'est pas une mauvaise chose pour l'économie britannique à long terme", a ainsi estimé M. Uchida. "La réaction des marchés pourrait être trumpienne", a renchéri auprès de l'agence Bloomberg Peter Chatwell, responsable de la stratégie des changes à Mizuho International à Londres. A l'image d'investisseurs qui ont salué l'accession du milliardaire à la Maison Blanche après l'avoir tant redoutée, ils pourraient là aussi tourner casaque.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 09/06/2017 à 12:21
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Rappelez-vous les commentaires auxquels on avait droit l'année dernière: les Britanniques, négociateurs et diplomates chevronnés allaient rouler dans la farine des Européens comme d'habitude veules et incapables de s'entendre entre eux. Résultats, ...

à écrit le 09/06/2017 à 11:28
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Messe néolibérale, à chaque fois qu'un indicateur anglais ne va pas bien c'est la faute au brexit et à chaque fois qu'un indicateur est bon on en fait une mauvaise nouvelle cf votre dépêche afp. Bref si on veut s'informer sur l'économie britanniq...

le 09/06/2017 à 14:51
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Le vrai Brexit n’a pas encore eu lieu (et n’aura peut-être jamais lieu…) La £ baisse Les produits importés coûtent donc plus cher : inflation (tendance 6%) alors que les hausses de salaires ne sont que de 2 % environ = perte de pouvoir d’achat. D’...

à écrit le 09/06/2017 à 11:17
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Voilà le travail de Farage et de ses semblables. Ils ne croyaient même pas à ce qu’ils disaient ! Heureusement que nous nous avons échappé au FN et à la Méluche... Il faut qu'ils abandonnent, d'une façon ou d'une autre, l'idée de sortir de l'UE. ...

à écrit le 09/06/2017 à 9:13
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Heureusement que les Anglais sont là pour nous faire rigoler :D Si seulement il n'y avait pas une réalité aussi triste derrière T_T "Lourd est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de nos illusions."

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