Et si on adoptait la négative attitude ?

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Peters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

 

Vous êtes déjà en vacances ? Elles approchent ? Quoi qu'il en soit, vous accostez bientôt sur les rives de la félicité. Et là, il y a des chances pour que vous chaussiez, en plus de vos lunettes de soleil, les montures de la « positive attitude ». Vous savez, celles qui nous font dire, même quand cela ne va pas, que si, tout va bien, merci. C'est vrai qu'en vacances on n'a plus aucune excuse pour aller mal. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et s'il pleut en Bretagne, ce n'est pas une raison suffisante pour faire la gueule. Le moindre grain de sable dans la jolie mécanique n'est plus de saison : on zappe.

 

Le philosophe Pascal Bruckner, dans « l'Euphorie perpétuelle », a très bien dénoncé cette volonté de bonheur comme dernière dictature d'un Occident surdéveloppé. « Cette assignation à l'euphorie qui rejette dans la honte ou le malaise tous ceux qui n'y souscrivent pas. [?] Rien d'étonnant si la dépression s'installe dès que cet hédonisme est un tant soit peu malmené par les réalités de la vie », écrit-il. À trop pratiquer la positive attitude, on passe à la trappe toute la richesse de la palette de nos émotions.

 

Certains croient que l'idéal dans la vie serait de demeurer éternellement joyeux sans jamais ressentir ni peur, ni colère, ni tristesse. Toutes les recherches sur le cerveau et l'intelligence dite « émotionnelle » montrent à quel point notre capacité de varier et d'adapter nos émotions aux circonstances de la vie participe d'un bon équilibre psychologique. Éprouver de la tristesse après un deuil est une condition nécessaire pour surmonter sa douleur. Avoir peur dans certaines situations protège des dangers. Une saine colère et une agressivité constructives permettent de s'affirmer et de ne pas se laisser marcher sur les pieds.

 

 

 

 

alterner les 4 saisons

 

 

 

 

Ne pas se donner les moyens d'alterner ces « quatre saisons » nous fait perdre là justement une belle occasion d'être heureux? pour de vrai. Car la pensée négative n'est justement pas que négative. Souvent on s'échine à faire en sorte qu'il n'y ait aucune ombre au tableau. Vous imaginez un peintre qui ne mettrait aucun contraste dans sa toile ? Un musicien qui aurait supprimé tous les graves et toutes les phrases musicales « tristes » ? La vie est faite de contrastes. Les gommer lui enlève son essence. La force positive nous nourrit de tout ce qui nous fait du bien, certes, mais le négatif, lui, a pour fonction de nous protéger de tout ce qui pourrait nous mettre en danger ou nous faire du mal.

 

Penser à la maladie, à la mort, aux accidents n'a rien de morbide et ne fait pas de nous des êtres dépressifs ou pessimistes pour autant. Notre cerveau et notre corps tentent par ce biais d'anticiper les souffrances pour mieux s'y préparer. Les pensées noires nous sont fort utiles. Et lorsque nous cherchons dans nos vies à connaître le maximum de plaisirs avec le minimum de contraintes, nous occultons nos capacités à vivre les difficultés qui nous rendraient plus forts. Maximiser le plaisir peut conduire aux pires souffrances, que ce soit au travers de la toxicomanie ou de l'alcool. Nous sommes tous des drogués du plaisir et la positive attitude, en nous poussant à gommer les aspérités, nous amène parfois à oublier de considérer les vrais plaisirs de l'existence que recèlent l'effort ou la solitude. Alors, pendant vos vacances, si belle-maman vous tape sur les nerfs, les enfants vous agacent, la maison de location est nulle, si vous vous sentez sans explication aucune sous un merveilleux soleil face à la mer turquoise un odieux vague à l'âme, profitez de ces moments pour vous laissez vivre ces humeurs, pour vous autoriser à dénigrer ce qui ne vous convient pas. Ne pensez surtout pas que c'est bien ou mal. Vivez-le ! Cette liberté que vous vous offrez vous rendra plus fort à votre retour pour surmonter les contrariétés de la vie professionnelle. Et vous savez comme moi qu'on va tous en avoir sérieusement besoin !

Commentaire 1
à écrit le 04/02/2010 à 16:52
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Dans la vie personnelle une saine attitude qui permet de réellement confronter des idées mais dans la vie professionnelle impossible à pratiquer tant que le management ne donne pas l'exemple

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