À la cop28, l’énergie nucléaire en vedette

Quarante pays dont la France appellent à tripler les capacités mondiales d’ici à 2050.
Robert Jules
Intervention du président français à la COP28, avant-hier.
Intervention du président français à la COP28, avant-hier. (Crédits : © Ludovic MARIN / AFP)

Dans l'histoire des COP, la 28 restera comme celle qui aura mis l'énergie nucléaire à l'honneur. Hier à Dubaï, par la voix de John Kerry, l'émissaire des États-Unis pour le climat, une vingtaine de pays dont la France, les États-Unis et les Émirats arabes unis ont appelé dans une déclaration commune à tripler les capacités de l'énergie nucléaire dans le monde d'ici à 2050, par rapport à celles de 2020. « Pour la première fois, non seulement il y a eu une présence plus importante des acteurs du nucléaire, mais cette énergie est assumée comme une véritable solution pour combattre le réchauffement planétaire », se réjouit Myrto Tripathi, fondatrice et présidente de l'association Les Voix du nucléaire, présente à Dubaï. Le texte officiel « reconnaît le rôle clé de l'énergie nucléaire dans l'atteinte de la neutralité carbone d'ici à 2050 et pour conserver l'objectif de [limiter le réchauffement à] 1,5 °C à portée de main ».

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Empreinte carbone

Hasard (ou non) du calendrier, cette annonce survient au lendemain d'une déclaration appelant à réduire rapidement l'utilisation des énergies fossiles, notamment le charbon. « Le nucléaire est la seule énergie capable d'entraîner partout dans le monde la fermeture des capacités fossiles », poursuit Myrto Tripathi. Pourtant, malgré son statut d'énergie bas carbone - le charbon et le gaz naturel ont une empreinte carbone supérieure à celle du nucléaire -, l'atome a tardé à obtenir la place qui lui revenait. Il n'a commencé à être réellement pris en considération que depuis la COP26, à Glasgow, et la COP27 à Charm el-Cheikh (Égypte) l'année dernière, où le secteur avait bénéficié de la mise à disposition d'un stand pour l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Auparavant, la part belle avait été donnée à des solutions comme l'hydrogène, l'énergie de la mer, le biogaz...

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réacteurs en service dans 32 pays en 2022

Ce retour en grâce tient aussi à l'évolution de l'image du nucléaire dans l'opinion publique, pas directement liée à la lutte contre le réchauffement planétaire. Le sujet de la souveraineté d'un pays s'est de nouveau imposé après les perturbations des chaînes d'approvisionnement entraînées par la pandémie de Covid-19. Ensuite, l'envolée des prix de l'énergie à partir de la fin 2021 amplifiée par la guerre en Ukraine, qui a réduit les importations d'hydrocarbures venant de Russie, a montré la nécessité de l'indépendance de la production d'électricité.

Si la Chine n'a pas signé l'accord, elle développe toutefois un programme nucléaire ambitieux. Quant à la Russie, un leader dans ce domaine, son absence s'explique par son isolement diplomatique en raison de la guerre qu'elle mène en Ukraine.

Leadership européen

Un autre gagnant de l'initiative est Emmanuel Macron, président du pays le plus nucléarisé au monde par habitant, qui a relancé le développement de l'industrie de l'atome pour pouvoir assurer la transition énergétique mais aussi réindustrialiser le territoire. En appelant également à bannir le charbon, il fait apparaître par contraste la position de plus en plus isolée de l'Allemagne, qui campe toujours sur la fin de son programme nucléaire et doit recourir à l'utilisation accrue de la houille pour répondre à sa demande d'électricité. « Emmanuel Macron a choisi de prendre le leadership climatique au sein de l'Union européenne, et s'en donne les moyens, y compris à l'échelle mondiale », estime Myrto Tripathi. Même la Belgique, qui avait annoncé la fin du nucléaire, est en train d'évoluer, comme l'attestait samedi la présence du Premier ministre belge Alexander De Croo aux côtés de John Kerry et d'Emmanuel Macron.

Reste à savoir si l'objectif de tripler les capacités de production d'énergie nucléaire d'ici à 2030 est réaliste. « Oui, répond la fondatrice des Voix du nucléaire, car l'entrée du secteur dans un rythme d'industrialisation aura un effet d'accélération important sur le développement des capacités très rapidement. » À l'exemple de la Chine, qui met un réacteur nucléaire en opération tous les trois mois en moyenne.

Robert Jules

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Commentaire 1
à écrit le 03/12/2023 à 9:08
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