Angers Loire Métropole s’engage pour « une alimentation saine, locale et pour tous »

Alors que le Premier ministre a promis d'inscrire la notion de souveraineté alimentaire dans la loi, Angers Loire Métropole et d’autres acteurs du territoire ont signé le 21 février dernier une charte d’engagements pour promouvoir « une alimentation saine, locale et pour tous quels que soient ses moyens ».
Le 21 février dernier, Angers Loire Métropole eu 40 autres acteurs du territoire ont signé une charte d’engagements pour promouvoir une alimentation saine, locale et pour tous.
Le 21 février dernier, Angers Loire Métropole eu 40 autres acteurs du territoire ont signé une charte d’engagements pour promouvoir une alimentation saine, locale et pour tous. (Crédits : Ville d'Angers)

Alors que le salon de l'agriculture et de l'alimentation s'est ouvert sous la bannière de la souveraineté alimentaire, Angers Loire Métropole vient de signer une charte d'engagements pour « une alimentation saine, locale et pour tous ». De quoi porter un nouvel élan à son projet alimentaire territorial (PAT) initié en 2019. La collectivité emboite ainsi le pas à d'autres territoires, dont les métropoles d'Aix-Marseille, de Toulouse ou encore celle du Grand Paris et du Grand Besançon.

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Quel cap ?

Lors d'un échange avec La Tribune, Jean-Marc Verchère, maire d'Angers et président d'Angers Loire Métropole, a donné le cap : « atteindre 40% de la surface agricole utile à l'horizon 2030 avec une forte qualité environnementale, doubler l'autonomie alimentaire du territoire et atteindre 50% d'alimentation durable dont 20% de bio dans l'assiette des habitants ». D'après l'édile, cette charte est un moyen de « promouvoir les produits locaux, notamment auprès de la restauration, de permettre à chaque habitant d'avoir accès à une alimentation saine et locale mais aussi de sensibiliser la grande distribution » ou encore de « renforcer les liens avec le monde agricole ». Et d'ajouter : « nous avons besoin d'embarquer le territoire autour de cette orientation commune ».

 « Des objectifs louables que l'on ne peut que partager, dixit la conseillère régionale de la commission agriculture et alimentation et conseillère municipale insoumise d'Angers Claire Schweitzer (LFI) sollicitée par La Tribune. C'est nécessaire et primordial encore plus aujourd'hui face aux défis climatiques et de santé. »

« Mais c'est un minimum pour rétablir un équilibre écologique sur le territoire » alors que « la qualité des cours d'eau est catastrophique (seulement 5 à 10% sont en bon état écologique) dans le Maine-et-Loire ».

Selon elle, il faudrait donc « aller beaucoup plus loin et tendre vers des objectifs plus courageux même si cela nécessite des investissements publics plus importants ».

41 acteurs et un grand manquant

Collectivités, établissements publics, acteurs économiques, représentants du monde agricole, associations et acteurs de la solidarité... En tout, 41 acteurs ont signé cette charte le 21 février dernier. Parmi eux figurent des mairies (Angers, Plessis-Grammoire, Loire-Authion...), des CCAS (Angers, Saint Barthélémy d'Anjou ...), l'agence de développement économique ALDEV, Destination Angers, les Chambres consulaires d'agriculture et de commerce mais également les magasins U du territoire, Biocoop la CABA, Fleuron d'Anjou, l'association de producteurs Bio Loire Océan ou encore le Secours Populaire et VEGEPOLYS VALLEY, le pôle de compétitivité rassemblant des entreprises, des centres de recherche et de formation du domaine du végétal.

Figure également Produit en Anjou, une marque territoriale du Département de Maine-et-Loire qui réunit 240 entreprises du territoire (soit 6.000 salariés et plus de 900 millions de chiffre d'affaires cumulés) dont plus de 40% travaillent dans l'agriculture.

« Depuis dix ans, elle vise à promouvoir et valoriser la production locale, à soutenir l'économie locale mais aussi à aider les consommateurs à repérer les produits élaborés sur le territoire. A ce titre, cela avait du sens de signer cette charte. C'est un engagement supplémentaire assez symbolique. S'y associer permet surtout d'avoir plus de poids », explique sa directrice Pascale Mitonneau.

Selon qui cette démarche collective peut aussi inciter les professionnels du CHR à favoriser l'achat local mais aussi permettre de développer davantage de collaboration entre acteurs. Pour elle, c'est l'occasion de multiplier les occasions de « faire ensemble » et un moyen de bâtir une « vraie force de frappe » à l'échelle du territoire.

Claire Schweitzer note quant à elle un grand absent dans la liste des signataires : la région Pays de la Loire. « Mais cela ne nous étonne qu'à moitié car nous sommes très déçus des engagements de la région sur la question de l'agriculture et de l'alimentation. Il y a des millions d'euros brassés chaque année pour aider à l'installation des agriculteurs et divers projets et on manque cruellement d'un vrai volontarisme sur la structuration de filière pour trouver un équilibre et une autonomie alimentaire. » L'élue de l'opposition souligne aussi l'absence d'acteurs privés de la restauration collective qui « traitent pourtant de gros volumes ». De même, « d'autres acteurs de la grande distribution auraient pu également s'engager ». Et plus surprenant selon elle : « il n'y a pas d'associations de consommateurs ».

De son côté, Jean-Marc Verchère précise qu'une mise à jour de cette charte d'engagements est prévue pour intégrer de nouveaux acteurs.

90.000 euros pour aider l'installation des agriculteurs

Pour tenir sa feuille de route, la collectivité entend mettre en œuvre différentes actions de valorisation d'achats et vente de produits alimentaires issus des filières locales. Jean-Marc Verchère cite notamment Papillote et Compagnie (une marque de la société publique locale Angers Loire Restauration créée par la Mairie d'Angers, ndlr) et sa cuisine centrale qui propose des repas cuisinés à partir de « 32% de produits bio et 55% locaux ». Avec le PAT, il est prévu de passer à 50% en bio et 80% en local.

Angers Loire Métropole ambitionne même d'accompagner les agriculteurs dans leurs projets d'installation via une enveloppe de 90.000 euros. « 50% de la surface du territoire est dédiée à l'activité agricole et 140 exploitations sur 450 sont sans repreneur connu aujourd'hui », précise Dominique Bréjeon, vice-président d'Angers Loire Métropole en charge de l'agriculture et de l'alimentation.

Un coup de pouce financier nécessaire, d'après Claire Schweitzer, mais peut-être pas suffisant au regard des besoins.

 « Cette aide est temporaire. Or, il faut assurer sur le long terme des revenus dignes et des conditions de travail décentes en réduisant au maximum les marges des distributeurs. »

Parmi les autres actions portées par les signataires : la construction d'un atlas de l'offre alimentaire alternative et de proximité par l'AURA (Agence d'Urbanisme de la Région Angevine), le chantier d'insertion du Jardin de Cocagne qui fournit 300 paniers de légumes bio par semaine et approvisionne des enseignes Super U en production bio ou encore le projet mené par l'association solidaire Resto-Troc avec les habitants du quartier Belle-Beille d'Angers appelé « Ensemble vers une alimentation saine, durable et locale » (atelier de cuisine, potager,...).

« Il faut des initiatives locales comme celles-ci. C'est la démonstration que l'on peut faire autrement pour protéger nos paysans et tendre vers une souveraineté alimentaire durable, est d'avis Claire Schweitzer. Mais si ces actions ne sont pas soutenues par une politique nationale et européenne vraiment volontariste, cela risque d'avoir beaucoup moins d'effets. »

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Pour l'élue, un levier n'est pas suffisamment assumé dans cette feuille de route, il est pourtant « essentiel en termes d'agriculture et d'alimentation », c'est la végétalisation de l'alimentation avec plus de protéines végétales et moins d'animales. « C'est surtout dommage pour la ville du végétal de ne pas oser être précurseur dans ce domaine. » Elle appelle donc à plus de « courage politique et de volontarisme » sur ce sujet. « Ce n'est pas moi qui le dis : c'est le GIEC. Il faut baisser drastiquement notre consommation de viande. Il faut aller plus loin car c'est une question écologique, de santé publique et d'éthique animale », conclut-elle.

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Commentaires 2
à écrit le 02/03/2024 à 9:23
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On est toujours sur le modèle de la décentralisation des responsabilités sans les moyens face à une centralisation financière en "quête de laurier médiatique" ! ;-)

à écrit le 02/03/2024 à 8:47
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Vaste programme ! Mais véritable projet de vie ambitieux,dynamique, courageux et pérenne.

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