« C'est une année record » : en France, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 4,8% en 2023

Les émissions de CO2 ont poursuivi leur décrue en France. Une bonne nouvelle alors que 2024 commence avec le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré dans le monde. L'Hexagone se rapproche donc à petit pas des objectifs fixés par l'Union européenne même si dans ce domaine l'Allemagne est aussi bon élève.
Les émissions de gaz à effet de serre ont poursuivi leur recul en France, enregistrant une baisse de 4,8% en 2023 par rapport à 2022.
Les émissions de gaz à effet de serre ont poursuivi leur recul en France, enregistrant une baisse de 4,8% en 2023 par rapport à 2022. (Crédits : Reuters)

« C'est une année record », s'est félicité Christophe Béchu sur la chaîne de télévision TF1. Les émissions de gaz à effet de serre ont poursuivi leur recul en France, enregistrant une baisse de 4,8% en 2023 par rapport à 2022, a annoncé mercredi le ministre de la Transition écologique, soulignant qu'« en une seule année », il s'agit « quasiment de la totalité de la baisse » enregistrée « en France entre 2012 et 2017 ».

Une bonne nouvelle alors que 2024 commence mal: jamais un mois de janvier n'avait été aussi chaud et pour la première fois, la planète a dépassé sur 12 mois consécutifs la barre de 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle, d'après les données de l'observatoire européen Copernicus.

D'autant que ce recul des émissions en France survient après une baisse de 4,6% déjà observée sur les neuf premiers mois de l'année 2023, elle-même consécutive à un repli de 2,7% sur l'ensemble de 2022.

« Structurellement, c'est la preuve que la planification écologique, les mesures qui sont engagées commencent à produire des effets », a estimé le ministre.

Dans le détail, cette baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) « vaut dans tous les secteurs » notamment en ce qui concerne les bâtiments et l'industrie, même si elle est « plus modeste dans les transports », « de l'ordre de 2% », a-t-il indiqué.

A noter tout de même que les chiffres, d'ordinaire publiés par le Citepa, organisme mandaté pour dresser chaque trimestre l'inventaire français des GES, ne sont que des émissions brutes qui ne prennent pas en compte l'impact des puits de carbone comme les forêts ou les tourbières dont l'état est très dégradé.

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Ambition écologique

En mai, la France avait annoncé vouloir réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 50% (-55% en net) d'ici 2030 pour se conformer aux engagements européens, ce qui implique de considérablement augmenter le rythme des baisses. A l'horizon 2050, elle ambitionne même la neutralité carbone.

« L'ambition de la planification écologique donnée par le président de la République, c'est de dire qu'après avoir doublé la baisse entre 2017 et 2022, on doit à nouveau (la) doubler entre 2022 et 2030 », a poursuivi Christophe Béchu.

« Et donc cette année 2023, elle est dans les rails du rythme que nous devons tenir jusqu'à la fin de la décennie. Donc ce n'est pas du tout le moment de baisser la garde », a-t-il assuré.

Fin 2023, l'Etat français s'est également fixé de nouveaux objectifs concernant ses propres émissions. Il espère ainsi réduire de 5% par an ses émissions de gaz à effet de serre jusqu'en 2027 en France, dans le cadre d'un « plan de transformation écologique ».

Objectif affiché : « Permettre de respecter une trajectoire visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l'Etat de 22% en 2027 par rapport à 2022 », détaille la Première ministre. En effet, selon les dernières données disponibles, les émissions de l'Etat français se sont établies à environ 10 millions de tonnes équivalent CO2 (Mteq CO2) en 2019.

Et pour atteindre cet objectif, plusieurs mesures ont été mises en avant comme la réduction des trajets des agents en avion ou encore la réduction de la consommation énergétique du parc immobilier de l'Etat.

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Objectifs européens ambitieux

Il faut dire que la commission européenne est ambitieuse sur le sujet. Les Vingt-Sept s'étaient déjà fixés comme objectif de réduire de 55% leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 par rapport à 1990 (en 2020, la baisse atteignait 31%), visant la neutralité carbone en 2050. Comme cible intermédiaire, la Commission recommande pour 2040 une baisse nette de 90% par rapport à 1990 et, donc, de maintenir le même rythme de réduction que sur la décennie 2020-2030.

En Europe, c'est l'Allemagne qui se targue surtout d'être bon élève sur le sujet. Le pays est sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs climatiques à l'horizon 2030, après une baisse historique des émissions l'an passé liée au déploiement des énergies renouvelables et à la baisse de la production industrielle, selon des données officielles publiées mi-mars.

De nouvelles projections prévoient une baisse de « 64% des émissions d'ici 2030 par rapport à 1990 », un chiffre proche de l'objectif de 65% porté par Berlin, indique l'Agence fédérale de l'Environnement (AFE).

La première économie de la zone euro pourrait donc même dépasser dès 2027 les objectifs de l'Union européenne d'une réduction des émissions de 55% par rapport à l'année de référence 1990, trois ans avant la date fixée.

2024, année la plus chaude de l'Histoire?

Si les avancées des gouvernements sont encourageantes, elles n'empêchent pas, pour le moment, le réchauffement climatique de prendre de l'ampleur.

Mardi, l'ONU a annoncé qu'il y avait une « probabilité élevée » que 2024 affiche des températures inégalées, alors que l'année écoulée vient conclure une décennie de chaleur record. « 2023 a établi de nouveaux records pour chaque indicateur », a déclaré la secrétaire générale de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Celeste Saulo, en présentant le rapport sur le climat. Ce dernier confirme, en effet, que 2023 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne à la surface du globe de 1,45°C au-dessus du niveau de référence de l'ère préindustrielle. La décennie (2014-2023) aura aussi été la plus chaude jamais observée, dépassant la moyenne 1850‑1900 de 1,20°C.

La planète est « au bord du gouffre », a averti le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un message vidéo, dénonçant le « chaos climatique sans précédent » provoqué par la pollution par les combustibles fossiles. « La crise climatique est LE défi déterminant auquel l'humanité est confrontée », a renchéri Celeste Saulo. Les vagues de chaleur, inondations, sécheresses et feux incontrôlés sèment « la misère et le chaos », bouleversant la vie quotidienne de millions de personnes et infligeant des milliards de dollars de pertes économiques, alerte l'OMM.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 20/03/2024 à 15:02
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La classe moyenne chinoise nous en sera reconnaissante.

à écrit le 20/03/2024 à 11:44
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A décortiquer. Quel est l'effet de cet hiver si doux ?

à écrit le 20/03/2024 à 11:40
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C'est surtout le signe que notre économie se rétracte.

le 20/03/2024 à 12:46
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@Avisé. 🤣😂 Et en plus ce n'est pas faux👏

le 20/03/2024 à 21:31
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Peut-être aussi un changement de comportement alimentaire par l'effondrement de la consommation de viande de bovins au regard de l'impact environnemental des élevages et de l'inflation commerçante.

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