Coup de pression sur les compagnies de pétrole et de gaz : la moitié de leurs investissements doit porter sur les énergies propres (AIE)

A une semaine de la COP28, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a appelé jeudi les compagnies pétrogazières à consacrer la moitié de leurs investissements aux énergies propres d'ici à 2030 pour limiter le réchauffement planétaire à +1,5°C, conformément à l'Accord de Paris. Il s'agit de « choisir entre contribuer à une crise climatique qui s'aggrave ou faire partie de la solution en adoptant la voie de l'énergie propre ».
Pour l'Agence internationale de l'énergie, les énergéticiens doivent « choisir entre contribuer à une crise climatique qui s'aggrave ou faire partie de la solution en adoptant la voie de l'énergie propre ».
Pour l'Agence internationale de l'énergie, les énergéticiens doivent « choisir entre contribuer à une crise climatique qui s'aggrave ou faire partie de la solution en adoptant la voie de l'énergie propre ». (Crédits : Reuters)

La marche est haute, très haute. Alors que les sommes consacrées par les industries du pétrole et du gaz aux énergies propres ne représentent qu'environ 2,5% du total de leurs dépenses d'investissements, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), leur demande d'atteindre 50% d'ici 2030. C'est loin d'être gagné : le géant italien de l'énergie Enel a ainsi annoncé mercredi qu'il ralentira ses investissements dans les énergies renouvelables dans les trois ans à venir, préférant se concentrer sur la rentabilité et la réduction de sa dette.

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Objectif : la neutralité carbone en 2050

L'agence de l'OCDE, basée à Paris, souligne pourtant dans un rapport spécial consacré au rôle du secteur pétrogazier dans la course à la neutralité carbone en 2050, que les entreprises font face à des « choix cruciaux ». Il s'agit de « choisir entre contribuer à une crise climatique qui s'aggrave ou faire partie de la solution en adoptant la voie de l'énergie propre », estime l'AIE.

« L'industrie pétrolière et gazière est confrontée à un moment de vérité à la COP28 de Dubaï », a résumé solennellement Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE dans la présentation de ce rapport, appelant le secteur à « prendre des décisions difficiles maintenant ».

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, une condition pour garder l'objectif de 1,5°C à portée de main, l'AIE estime que la consommation de pétrole et de gaz doit diminuer de plus de 75% à cet horizon, ce qui implique un essor considérable des énergies renouvelables. Dans ce scénario, « la baisse de la demande est suffisamment forte pour qu'aucun nouveau projet pétrolier ou gazier conventionnel à long terme ne soit nécessaire », a répété l'AIE en reprenant une de ses recommandations de 2021 qui avait fait grand bruit.

De nouvelles fenêtres d'opportunités s'ouvrent donc pour le secteur mais cela suppose « un changement radical dans la manière » dont il « alloue ses ressources financières ». L'appel de l'AIE ne se limite d'ailleurs pas aux géants privés - les majors - qui pèsent moins de 13% de la production et des réserves mondiales de gaz et pétrole. Il vise également les compagnies nationales détenues en tout ou partie par des Etats.

L'illusion de la captation du carbone

La bataille climatique implique en outre selon Fatih Birol de se « défaire de l'illusion que des quantités invraisemblablement élevées de carbone capturé sont la solution », au moment où les critiques montent sur ces technologies promettant d'extraire le CO2 de l'atmosphère et de le stocker durablement.

Le gouvernement suisse a ainsi autorisé mercredi l'exportation du dioxyde de carbone (CO2) en vue de son stockage dans les fonds marins à l'étranger dès l'an. Une pratique contestée par certains défenseurs de l'environnement s'inquiètent cependant qu'un tel outil serve de motif à une prolongation de l'exploitation des énergies fossiles, détourne de précieux investissements des énergies renouvelables ou présente encore des risques de fuite.

Réduire sensiblement les émissions de méthane

Pour l'AIE, il faudrait surtout que les compagnies balayent devant leur porte pour être en mesure de réduire les émissions issues de leurs propres opérations de 60% d'ici à 2030.  L'Agence insiste notamment sur les stratégies de réduction des émissions de méthane - la moitié des émissions opérationnelles du secteur - qui pourraient être « poursuivies à faible coût ». L'AIE estime qu'une réduction rapide des émissions de méthane liées au secteur des énergies fossiles permettrait d'éviter jusqu'à 0,1°C de réchauffement d'ici au milieu du siècle : un effet plus important que retirer immédiatement toutes les voitures et les camions de la route.

Les COP sont restées jusqu'à présent floues sur la question, mais des initiatives regroupent déjà des pays ou des entreprises qui adoptent volontairement, de manière non contraignante, des objectifs de réduction de leurs émissions de méthane. Un « engagement mondial » a ainsi été lancé en 2021 par l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, ayant pour objectif de réduire les émissions mondiales de méthane de 30% d'ici à 2030 par rapport à 2020. Il regroupe aujourd'hui quelque 150 pays mais pas la Chine, l'Inde ou la Russie.

 (Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 23/11/2023 à 11:54
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Non ils nont pas rien fait puisqu'ils ont mis la pression sur le sclasses moyenne et ruinné le marché de limmobilier . Les grande entreprise nont qu'un seul mot dorde la satisfaction de l'actionnaire cher a emmanuel Macron. Le bruno devrait s...

à écrit le 23/11/2023 à 9:48
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on ne comprend pas bien si le message s'adresse AUSSI aux compagnies chinoises, russes et venezueliennes, qui n'ont riende capitalistes donc peuvent polluer dans la tolerance bienveillante, ou si c'est une n-ieme lecon de morale baveuse, dont on fini...

à écrit le 23/11/2023 à 8:29
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"Il s'agit de « choisir entre contribuer à une crise climatique qui s'aggrave ou faire partie de la solution en adoptant la voie de l'énergie propre" Ça fait 40 ans qu'ils savaient pour les GES et ça fait 40 ans qu'ils n'ont strictement rien fait, c...

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