Tripler la production d'énergies renouvelables est un objectif commun à travers la planète. Et notamment par l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena).
« Les capacités d'énergies renouvelables doivent être accrues plus rapidement dans les pays en développement, compte tenu de la demande croissante d'électricité et du rôle important des renouvelables pour remédier au déficit significatif d'accès à l'énergie dans ces pays », écrit l'organisme dans un rapport publié ce lundi 30 octobre, à quelques semaines de la COP28, sommet crucial pour le climat qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre.
Pour y parvenir, il faudrait passer de 3.600 gigawatts (GW) issus des renouvelables à fin 2022 à 11.000 GW en 2030, comme l'avait expliqué mi-septembre Dave Jones, expert du groupe de réflexion Ember. Sachant que le monde a installé 300 GW de capacités nouvelles en 2022 et en espère jusqu'à 500 supplémentaires en 2023, il faudrait atteindre rapidement 1.500 GW par an d'ici 2030.
Les membres de l'Union européenne se sont d'ailleurs fait rappeler à l'ordre la semaine dernière au sujet de leur production d'électricité à partir d'énergie éolienne. Ils doivent multiplier par dix le rythme actuel de déploiement d'éoliennes en mer pour tenir leurs objectifs fixés à horizon 2030.
L'importance des réseaux
L'augmentation de la production ne doit pas être une fin en soi, comme le souligne l'Irena. Ces mesures « devront être complétées par une réduction progressive de la production de combustibles fossiles, par l'amélioration, la modernisation et l'extension des infrastructures physiques, ainsi que par une plus grande flexibilité du réseau », ajoute le rapport. Sur ce dernier point, les auteurs plaident d'ailleurs à l'échelle mondiale, pour accroître et moderniser urgemment les réseaux électriques existants afin de les adapter aux renouvelables. Ils suggèrent pour cela notamment d'« accroître la coopération transfrontalière et de développer des réseaux électriques régionaux ».
Un sujet sur lequel l'Agence internationale de l'énergie (AIE) mettait déjà en garde mi-octobre. Dans un rapport, elle alertait sur un « manque d'ambition et d'attention » qui « risque de faire des réseaux électriques le maillon faible des transitions énergétiques propres ». Selon elle, il faudrait rénover ou ajouter l'équivalent de 80 millions de kilomètres de réseaux dans le monde en moins de deux décennies pour supporter l'augmenter de la production d'énergie électrique à partir des renouvelables.
L'an dernier, 1 térawattheure (TW) de capacités éoliennes et solaires est resté dans les cartons à travers le monde, faute de réseaux électriques adéquats et d'autorisations, d'après le réseau d'étude Ren21.
Solidarité Nord/Sud
L'Irena pointe aussi dans son rapport la question des financements. Alors que l'investissement annuel moyen pour produire de l'électricité renouvelable dans le monde doit atteindre 1.300 milliards de dollars en 2030 contre 486 milliards en 2022, il faudra, dans les pays en développement, « réduire au minimum les risques d'investissements et permettre l'accès à des financements à faible coût », souligne-t-elle.
Dans cette optique, l'agence plaide pour une « réforme » de l'architecture financière mondiale. Elle permettrait de soutenir la transition énergétique des pays de l'hémisphère sud. « Les financements liés au climat provenant des banques de développement doivent être accrus » et les capitaux publics « redirigés du secteur des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables », estiment les auteurs du rapport.
Ils soulignent que sur la période 2000-2020, sur les 2.841 milliards de dollars d'investissements cumulés dans le monde pour les énergies renouvelables, l'Afrique n'en a perçu que 60, soit un peu plus de 2% du total. Afin de modifier cette trajectoire, l'Irena prône notamment le recours à des modèles de financement innovants, tels que le « financement mixte », mêlant bailleurs de fonds publics et financements privés, pour la modernisation des réseaux électriques, entre autres.
(Avec AFP)
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