COP28 : le pétrole, stop ou encore ?

La conférence internationale s’ouvre cette semaine à Dubaï dans un climat géopolitique tendu. La production d’hydrocarbures est au cœur d’un bras de fer mondial.
(Crédits : © DORIANO STROLOGO pour la Tribune Dimanche)

Peut-on en même temps réduire les émissions de carbone et investir dans les hydrocarbures ? La question sera au cœur des débats de la COP28, qui s'ouvre jeudi à Dubaï et s'achèvera le 12 décembre. Ce rendez-vous mondial a lieu sur les terres d'un pays producteur d'or noir et de gaz, les Émirats arabes unis, et sous l'égide du président de la compagnie nationale (lire ci-contre). Les uns y voient un paradoxe insurmontable, les autres le signe que tous les pays partageraient le même but.

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Dans un contexte géopolitique tendu par les guerres et les logiques de repli, la France s'attend à des « négociations ardues », selon l'Élysée. L'objectif rêvé pour l'Europe et ses soutiens serait d'obtenir l'engagement collectif d'une sortie du pétrole. Une telle promesse avait été faite pour le charbon, lors de la COP26 à Glasgow. La réduction drastique de la consommation d'essence et de fioul demeure indispensable à court terme pour freiner le réchauffement. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), il faudrait que l'utilisation des combustibles fossiles chute de 25 % d'ici à 2030 et de 95 % d'ici à 2050. Parallèlement, les capacités de production énergétiques issues de renouvelables devraient tripler à l'échelle de la planète avant la fin de la décennie - un horizon partagé par le président émirati de la COP28.

La France réduit ses émissions

Sur le plan technique, le débat portera notamment sur la captation et le stockage du CO2, une solution présentée comme idéale par les pays producteurs et les industries polluantes, qui veulent répondre à la demande croissante des pays émergents. Mais pour les opposants, son essor empêchera celui des énergies de substitution.

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Emmanuel Macron fera le voyage, vendredi et samedi, en bon élève revendiqué. La France a repris sa trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre l'an dernier, en dépassant ses objectifs. « Nous sommes le pays le plus avancé en Europe sur la transition. Nous amplifions notre programme pour nous passer du charbon et de toutes les énergies fossiles. On est en haut du benchmark de l'ambition », se félicite-t-on dans l'entourage du président.

Dernière avancée en date, l'exécutif a passé cette semaine des « contrats de transition écologique » avec les 50 sites industriels les plus polluants de l'Hexagone. Ces usines chimiques, métallurgiques, agroalimentaires et les cimenteries s'engagent à réduire leurs rejets de CO2 de 45 % d'ici à 2030. Toutefois, d'immenses progrès restent à faire, notamment dans les transports et le chauffage individuel. Vendredi, le Conseil d'État a de nouveau condamné l'État pour non-respect des seuils de dioxyde d'azote dans l'air, à Paris et Lyon.

Vers la décarbonation

C'est dans ce cadre que 60 dirigeants de grandes entreprises françaises signent dans nos colonnes un appel à accélérer la transition (lire ci-dessous), parmi lesquelles les géants de l'énergie, mais aussi Renault, Air France, Orange, Vinci, CMA CGM (propriétaire de La Tribune Dimanche), etc. « Nous pensons possible de construire ensemble une nouvelle prospérité compatible avec les limites de notre planète », écrivent-ils.

Par conscience climatique, pour être à l'écoute de leurs clients et pour respecter des réglementations européenne et française, ces sociétés développent déjà des programmes de décarbonation. La tendance est engagée depuis plusieurs décennies. Pour le seul secteur de l'industrie manufacturière, les émissions ont diminué de 46 % depuis 1990.

Ce qui n'éteint pas tous les débats. La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a reproché cette semaine à TotalEnergies - signataire de l'appel - d'avoir prévu de relever sa production d'hydrocarbures de 2 % à 3 % par an ces cinq prochaines années. « Je le dis sans détour : une entreprise pétrogazière qui ne sait pas inventer son modèle décarboné est sans avenir », a-t-elle taclé. En même temps, la major pétrolière a annoncé, fin septembre, une enveloppe d'investissement dans les énergies bas carbone. C'est bien le débat de Dubaï. Dans l'entourage du chef de l'État, on évacue le sujet : « Ce n'est pas à l'Élysée que s'arbitre la stratégie de la compagnie. »

Un thermomètre mondial toujours à la hausse

L'accord de Paris (2015) doit faire l'objet, à Dubaï, d'un bilan d'étape. Les signataires s'étaient engagés à limiter le réchauffement de la planète à moins de 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels. Or le thermomètre mondial est toujours à la hausse. Le seuil fixé il y a huit ans risque d'être franchi dans la décennie qui vient, selon le Giec. En se fondant sur les engagements actuels des pays, si tant est qu'ils soient respectés, la température moyenne s'orienterait vers une hausse de 2,4 degrés à la fin du siècle. En cause, les émissions de gaz à effet de serre. En augmentation de plus de 1 % en moyenne en 2022, elles ont atteint un nouveau record. Par grandes zones, la Chine en produit un quart, les autres pays d'Asie (hors Inde) 22 %, les États-Unis 11 %, l'Afrique 9 %, l'Inde, 7 % et l'Union européenne 6 %, autant que les pays d'Europe hors UE.

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Commentaires 2
à écrit le 27/11/2023 à 11:32
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Si le monde d'avant avait sa propre représentation du résultat de 5 à l'addition de 2 + 2; le monde d'après a ceci d'intéressant qu'il permet par la soustraction d'obtenir une addition. En effet, nos bien-pensants de la COP28 veulent obtenir une rédu...

à écrit le 26/11/2023 à 10:44
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"COP28 : le pétrole, stop ou encore ? La conférence internationale s’ouvre cette semaine à Dubaï " Bah, encore donc, facile ! Une autre question ? ^^

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