En France, le grand bond en arrière de la consommation électrique qui tombe au niveau du début des années 2000

En 2023, la consommation électrique en France a décliné de 3,2%, à 445 térawattheures, soit un niveau inférieur à l'année 2020, marquée par les confinements. Le décrochage avoisine même les 7% par rapport à la période de référence, allant de 2014 à 2019.
Juliette Raynal
La consommation électrique enregistre un recul de 3,2% par rapport à l'année 2022, où la consommation avait déjà atteint un creux de 460,2 TWh, du fait de la crise énergétique.
La consommation électrique enregistre un recul de 3,2% par rapport à l'année 2022, où la consommation avait déjà atteint un creux de 460,2 TWh, du fait de la crise énergétique. (Crédits : © 2010 Thomson Reuters)

Alors que la consommation électrique doit significativement augmenter dans les années à venir, si la France veut se débarrasser des énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole), la tendance observée au cours des dernières années est, elle, totalement opposée. Dans l'Hexagone, la consommation électrique diminue après une décennie de quasi stabilité. Le recul est même significatif en 2023, selon le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE, qui publie ce mercredi son bilan électrique 2023.

Au cours des douze derniers mois, la consommation électrique française s'est en effet établie à 445 térawattheures (TWh), corrigée des effets météorologiques et calendaires, « ce qui est largement en dessous de la consommation électrique enregistrée en 2020 [459 TWh, ndlr], qui était l'année des confinements », a souligné Thomas Veyrenc, directeur exécutif et membre du directoire de RTE.

Lire aussiPrix de l'électricité nucléaire : EDF, le seul grand gagnant de l'accord ?

Une des plus fortes baisses

Dans le détail, la consommation électrique enregistre un recul de 3,2% par rapport à l'année 2022, où la consommation avait déjà atteint un creux de 460,2 TWh, du fait de la crise énergétique. Cette baisse « est une des plus fortes jamais constatées», précise RTE dans son bilan. Et le décrochage est bien plus important encore (- 6,9%) par rapport à la période de référence, allant de 2014 à 2019. « 445 TWh est un niveau comparable à celui du début des années 2000 », pointe Thomas Veyrenc. Ce « fort recul » s'était en réalité déjà amorcé au dernier trimestre 2022. « La trajectoire acquise fin 2022 s'est prolongée sans déformation notable en 2023 », explique le directeur exécutif.

Plusieurs facteurs expliquent cette tendance baissière. Il y a tout d'abord la conjoncture économique dégradée, qui combine les prix élevés de l'électricité et une inflation persistante. RTE relève ainsi que 27% de la baisse structurelle de la consommation est attribuable aux grands consommateurs industriels, alors que ces derniers ne représentaient qu'environ 14% de la consommation d'électricité sur la période de référence. Mais ce recul tient aussi des économies d'énergies, encouragées par le plan de sobriété élaboré par le gouvernement fin 2022. « Et une partie de cette baisse est susceptible d'être pérenne », estime le gestionnaire. En effet, lorsqu'une collectivité constate, par exemple, des économies grâce à une baisse du niveau de chauffage dans ses bâtiments publics, il est très probable qu'elle maintienne cette action dans le temps.

Incertitudes sur le calendrier et l'ampleur de l'inflexion attendue

La trajectoire de la consommation d'électricité devrait toutefois s'infléchir dans les années à venir, « si nous engageons réellement une dynamique de sorties des énergies fossiles », a rappelé Thomas Veyrenc. Et ce, même si les réflexes de sobriété et d'économies d'énergies perdurent. Ce désengagement des énergies émettrices de CO2 passe, en effet, par une électrification accrue de la mobilité, du chauffage dans les bâtiments ou encore de certains procédés industriels. Il reste cependant des « incertitudes concernant l'ampleur et le timing [de cette inflexion, ndlr]», a précisé le directeur exécutif.

Selon le scénario de référence de RTE, qui permettrait à la France d'atteindre ses objectifs climatiques dans les temps, une augmentation de la consommation électrique pourrait intervenir autour de 2025 et ensuite s'accentuer. En revanche, dans le cadre d'un scénario dit de « mondialisation contrariée », correspondant à un environnement international de crise avec des taux d'intérêt élevés et une inflation durable, la consommation électrique ne devrait retrouver un niveau d'avant crise qu'en 2030. De fait, les lourds investissements nécessaires à la transformation des entreprises seraient bien plus lents.

Juliette Raynal

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 20
à écrit le 09/02/2024 à 11:08
Signaler
Article incomplet , il manque les causes de cette baisse . Constater c est bien expliquer pourquoi c est mieux . Point besoin d avoir des compétences journalistique pour faire un tel article . Mais c est un bon début

à écrit le 09/02/2024 à 11:08
Signaler
Article incomplet , il manque les causes de cette baisse . Constater c est bien expliquer pourquoi cxest mieux . Point besoin d avoir des compétences journalistique pour faire un tel article . Mais c est un bon début

à écrit le 08/02/2024 à 21:27
Signaler
L’article ne dit pas quelles sont les raisons de cette diminution de consommation électrique. Pour ma part je la trouve assez surprenante Elle est pourtant indéniable, il serait intéressant d’en connaître là où les causes La prise de conscience de...

à écrit le 08/02/2024 à 11:14
Signaler
Bonjour. Merci pour l'article. Vous auriez pu distinguer (1) d'une part la baisse tendancielle des consommations -souvent mal comprise en France- des usages domestiques et tertiaires, accentuée ici par des effets de coût et de sidération face à la cr...

le 09/02/2024 à 7:46
Signaler
Bonjour, vous parlez au futur, alors que les statistiques,elles, révèlent le passé.

à écrit le 08/02/2024 à 11:11
Signaler
C'est pour cela que la note double, triple et plus pour combler le manque à gagner prévisionnel

le 09/02/2024 à 19:52
Signaler
Vous savez que le prix de l'électricité est (merci à nos bons amis d'outre rhin) indexé sur celui du gaz ? Le gvt a mis en une prise en charge par l'état d'une partie du prix de l'électricité. Cette situation n'est pas tenable et les taxes qui font ...

à écrit le 08/02/2024 à 8:34
Signaler
" soit un niveau inférieur à l'année 2020, marquée par les confinements." Les confinements ont fait baisser la consommation, donc celle-ci dépend surtout des industrielles.

à écrit le 07/02/2024 à 22:02
Signaler
Si je comprends bien les chiffres, l'industrie française est censée avoir amorcé sa décarbonation donc devrait augmenter sa consommation d'électricité en contrepartie. Et pourtant la consommation d'électricité est en baisse. Or il me semble que notre...

le 08/02/2024 à 3:41
Signaler
@Yakari. Mais de quelle industrie parlez-vous ? Ce mois ci, presque 100 milliards de deficit sur l'export. Que vous faut-il de plus ? La France ne produit presque plus rien. Merci micron.

le 08/02/2024 à 9:17
Signaler
la deindustrialisation c est surtout Mitterrand et Chirac. Hollande et Sarkozy n ont pas fait grand chose de positif non plus. C ets un peu injuste de taper sur Macron ici. Il a certes une responsabilité car s il a pris conscience du probleme (merci...

à écrit le 07/02/2024 à 19:26
Signaler
Bon ben c'est une excellente nouvelle pour l'écologie, moins de consommation, c'est moins de pollution. J'ajouterait que les radiateurs électriques par effet Joule sont une aberration écologique, donc qu'on les utilise moins est une bonne nouvelle au...

le 07/02/2024 à 21:03
Signaler
Les autres radiateurs sont à quel effet ? Ceux radiants, à accumulation sont aussi à effet Joules, comme les fils qui vont du transfo de quartier à chez vous (si vous passez de 500 à 1000W votre aspirateur via le variateur, pour aspirer plus fort, le...

à écrit le 07/02/2024 à 19:05
Signaler
he ben pour feter ca, la gauche va envoyer un bol de soupe sur la joconde et se coller les doigts sur la chaussee ( en collant un proces aux pompiers qui ne sont pas assez rapides, faut etre tolerant car de gauche), histoire de montrer le niveau inte...

à écrit le 07/02/2024 à 18:58
Signaler
Bonjour, avec la hausse du prix de l'électricité et de toute les énergies, hausse des taxes directe et indirecte, hausse des prix de l'alimentation, beaucoup se privent au maximum, et vivre difficilement... Bien sûr ils ne faut pas le dire... Certa...

le 08/02/2024 à 10:36
Signaler
Et honte à ceux incapables de faire une phrase sans 3 fautes ( grammaticales ou orthographiques)🤔

à écrit le 07/02/2024 à 18:57
Signaler
La machine à taxes les a tous convaincus , ils sont passés au grands feux de joies !

à écrit le 07/02/2024 à 18:55
Signaler
Où en est-on de la consommation de bougies?

le 07/02/2024 à 21:10
Signaler
Bougies de voitures ? Il faut demander aux garagistes. :-) Il faut toujours avoir des bougies (sans fumée c'est mieux) au cas où, voire une lampe à batterie maintenue chargée pour remplacer les bougies (moins de risque. Y a des églises nordiques où ...

à écrit le 07/02/2024 à 18:54
Signaler
Où en est-on de la consommatjon de bougies?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.