Énergies marines : la filière presse l’Etat d’engager « la bataille de l'hydrolien » promise par Macron

« Nous n’allons pas lâcher la bataille de l’hydrolien ». La petite phrase lancée, il y a quelques jours, par le chef de l’Etat a été perçue comme un signal encourageant par les acteurs de la filière. Mais à quand le grand soir de cette énergie marémotrice ? C’est la question que se posent les porteurs de projets.
Conçues par Hydroquest, 7 hydroliennes à axe vertical comme celle ci-dessus  doivent être installées dans le raz Blanchard.
Conçues par Hydroquest, 7 hydroliennes à axe vertical comme celle ci-dessus doivent être installées dans le raz Blanchard. (Crédits : Hydroquest)

On l'a souvent rappelé dans ces colonnes. Il se sera écoulé de très (très) longues années avant que la France ne raccorde une éolienne marine au réseau électrique. L'hydrolien bleu, blanc, rouge, est-il appelé à décoller au même train de sénateur ? C'est la question que se posent tous les partisans des énergies marines, ces derniers temps. Les encouragements prodigués par Emmanuel Macron fin novembre lors des Assises de la mer à Nantes ne les ont que partiellement rassurés. Les acteurs de filière craignent, en effet, que le gouvernement adopte un tempo trop lent au moment de rédiger la prochaine programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

Y aura t-il des hydroliennes à Noël ?

Chez Hydroquest, où l'on transpire sur le sujet depuis 2013, les dirigeants ne cachent pas leur appréhension. Filiale à 70% des CMN de Cherbourg, le turbinier français a pourtant pris de l'avance. Il est déjà assuré de bénéficier du soutien de l'Etat pour bâtir sa ferme pilote Flowatt au large du Cotentin attendue en 2026. Mais l'entreprise reste dans le brouillard pour la phase suivante. A ses yeux, le ministère de la transition énergétique demeure encore trop flou s'agissant de la date de  lancement (et de la puissance) des appels d'offres commerciaux dont le chef de l'Etat a confirmé l'inscription dans la PPE.

« On a eu un très bon signal de la part du président. Maintenant, on a besoin de plus de clarté sur le quand et le combien », résume Guillaume Greau, directeur du développement.

Comme le syndicat des énergies renouvelables dont il est l'un des porte-parole, lui milite pour que le gouvernement donne son feu vert « avant 2030 » à l'implantation de 150 premières hydroliennes dans les courants marins et bretons (Raz Blanchard et Fromveur). « A défaut, cela risque de mettre la filière dans de très grandes difficultés, prévient-il. Les industriels ont besoin d'être rassurés pour investir ».

La filière en attente de visibilité

Même tonalité du côté de Normandie Hydroliennes, une co-entreprise emmenée par le turbinier britannique Proteus, le groupe Efinor et le fonds Normandie Participations. Contrairement à Hydroquest, elle reste dans l'attente d'un soutien de l'Etat pour l'installation d'une ferme pilote de 12 MW dans le raz Blanchard où elle a repris une ancienne concession détenue par Engie. Ses dirigeants n'en pressent pas moins les pouvoirs publics de penser au coup d'après. Et de préférence fissa.

« La création d'une filière industrielle française de l'hydrolien ne deviendra réalité qu'avec une forte visibilité de déploiement commercial à court terme », martèle la directrice du projet.

Pour Katia Gautier, le doute n'est plus permis. La technologie a atteint une maturité suffisante pour justifier d'une accélération. « Je comprends que la France veuille des preuves. Mais Proteus, par exemple, produit déjà de l'électricité en Ecosse et au Japon avec des coûts de revient qui ont baissé d'un tiers en quelques années. C'est considérable », insiste-t-elle.

Sous la barre des 100 euros

De son côté, Guillaume Greau fait valoir « les effets d'échelle » que permettrait le lancement des fermes commerciales. Comme Katia Gautier, lui pense possible de descendre sous les 100 euros du MW, voire même sous les 80 euros, lorsque la filière aura atteint son rythme de croisière. « Une bonne partie des coûts résulte de l'immobilisation des bateaux d'installation qui diminue mécaniquement en cas de gros volumes », rappelle-t-il à toutes fins utiles.

Au passage, l'intéressé fait aussi miroiter les promesses d'exportation de l'hydrolien made in France. « Nous considérons que notre marché domestique englobe le Royaume Uni où le potentiel est de 11 GW, plus de deux fois celui de la France (5 GW entre le raz Blanchard et le Fromveur ndlr) », avance t-il. Un marché facile à servir depuis Cherbourg où Hydroquest et Normandie Hydroliennes ont, toutes deux, prévu d'installer leur base industrielle.

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Commentaires 6
à écrit le 06/12/2023 à 14:55
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Il en reste encore qui n'ont pas fait la différence entre les envolées lyriques qui ne coutent rien et la mise en application qui n'intéresse pas beaucoup le tribun ...........

à écrit le 06/12/2023 à 9:27
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Un entrepreneur qui attend une vision (et de l'argent) de l'état et qui n'a pas honte a besoin de coaching mental

le 06/12/2023 à 11:59
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Pourquoi !? C'est la règle en néolibéralisme, s'ils veulent prospérer il faut se soumettre à la technocratie privée Bruxelloise. C'est ne pas se comporter comme un répliquant qui est dangereux pour l'entrepreneur car ils ne veulent pas voir une seule...

à écrit le 06/12/2023 à 8:53
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Un gros tas de ferraille immergé est inexorablement rongé par la rouille sans compter les problèmes d'étanchéité des éléments tournants.

à écrit le 06/12/2023 à 8:06
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C'est 100 euros du MWh et pas du MW

à écrit le 06/12/2023 à 7:50
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« Nous n’allons pas lâcher la bataille de l’hydrolien » Hum, ils ont tort de s'emballer sur une déclaration avec une négation, il vaut bien mieux un "nous allons continuer de soutenir l'hydrolien"

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