Energies marines : l’hydrolien sort enfin la tête de l’eau

C’est le signal qu’attendait la filière depuis longtemps. Le ministère de la Transition énergétique vient de donner son feu vert au développement en Normandie de la première ferme pilote hydrolienne française. Un soutien qui pourrait ouvrir la voie à l’inscription de cette technologie dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie.
Vue d'artiste de la future ferme hydrolienne Flowatt, entre le cap de La Hague dans la Manche et l'île anglo-normande d'Aurigny.
Vue d'artiste de la future ferme hydrolienne Flowatt, entre le cap de La Hague dans la Manche et l'île anglo-normande d'Aurigny. (Crédits : Hydroquest)

Est-ce le besoin croissant en électrons qui se profile ? Toujours est-il qu'après plusieurs années de valse-hésitation qui ont conduit à la liquidation d'Openhydro, ancienne filiale de Naval Group, le gouvernement met enfin ses pendules à l'heure H.

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Le ministère de la Transition énergétique a annoncé le 6 juillet apporter son soutien au développement de Flowatt, la première ferme pilote hydrolienne française. La nouvelle était attendue de longue date par la filière française qui finissait par ne plus y croire. Porté par le turbinier grenoblois Hydroquest et l'énergéticien Qair, Flowatt va consister à immerger, d'ici 2026, sept hydroliennes de 350 tonnes chacune dans le courant marin du raz Blanchard, entre le cap de La Hague dans la Manche et l'île anglo-normande d'Aurigny.

« Le projet sera soutenu à hauteur de 65 millions d'euros par France 2030 et bénéficiera en complément d'un tarif d'achat préférentiel pour l'électricité produite », indique le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher dans un communiqué.

Les développeurs adoubés par le gouvernement ne partent pas de zéro. Ils bénéficient des deux années d'expérience acquises à Paimpol-Bréhat avec un prototype de 1 MW. Il s'agit maintenant, pour eux, de démontrer la maturité de leur technologie à plus grande échelle. Chacune de ces sept turbines affichera en effet une puissance unitaire de 2,5 MW (soit 17,5 MW en cumulé).

Dotées d'un étonnant axe vertical, elles seront construites par les chantiers navals CMN de Cherbourg, partenaire de la première heure. « Leur architecture originale doit permettre de s'adapter à la diversité des contraintes techniques en mer et d'en faire une technologie compétitive pour le marché français et à l'export », observe le ministère.

A quand des appels d'offres commerciaux ?

Ce soutien sans ambiguïté apporté à Flowatt est un signal encourageant pour l'ensemble des promoteurs des énergies marines. Il laisse à penser que l'hydrolien, qui avait été le grand oublié de la précédente Programmation Pluriannuelle de l'énergie, pourrait être intégré à la prochaine PPE en cours d'élaboration.

Là encore, il s'agit d'une demande de longue date du Syndicat des énergies renouvelables. « Avec le SER, on demande 2,5 GW d'appels d'offres  sur la prochaine période 2024-2033. Une fois confirmé, il y aura vraiment un démarrage commercial de la filière », faisait valoir il y a peu Guillaume Gréau, directeur du développement d'Hydroquest. Le gouvernement entendra-t-il l'appel ? Rien n'est acquis mais les propos de la ministre de la Transition énergétique peuvent inciter à l'optimisme.

« Ce soutien va dans le sens de l'objectif que nous partageons avec le président de la république : réindustrialiser le pays et soutenir des filières émergentes, comme nous l'avons fait il y a quinze ans avec l'éolien marin et comme nous le faisons aujourd'hui avec l'hydrolien », déclare Agnès Pannier-Runacher en conclusion de son communiqué.

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Il faut dire que le gisement français est prometteur. Doté de deux courants parmi les plus puissants du monde, le raz Blanchard en Normandie et le passage du Fromveur en Bretagne, l'Hexagone dispose d'un potentiel compris entre 3 et 5 GW avec un avantage majeur : le caractère prédictible de la production d'énergie. « L'intensité et le rythme des marées sont connus plusieurs centaines d'années à l'avance », rappelle le SER. Une vertu dont ne peuvent se prévaloir les moulins à vent marin.

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