Kazakhstan : les corps des mineurs tués dans une explosion retrouvés, ArcelorMittal chassé du pays

L'explosion dans une mine du groupe ArcelorMittal au Kazakhstan a coûté la vie à 46 mineurs, le pire accident industriel de ce pays d'Asie centrale depuis son indépendance de l'Union soviétique. La filiale du géant de l'acier, accusée par le gouvernement kazakh « de ne pas avoir rempli ses obligations » sécuritaires, va être nationalisée.
ArcelorMittal a produit l'an dernier 3,4 millions de tonnes d'acier au Kazakhstan, où le groupe exploite 3 haut fourneaux, 8 mines de charbon et 4 mines de minerai de fer, occupant au total 38.000 salariés.
ArcelorMittal a produit l'an dernier 3,4 millions de tonnes d'acier au Kazakhstan, où le groupe exploite 3 haut fourneaux, 8 mines de charbon et 4 mines de minerai de fer, occupant au total 38.000 salariés. (Crédits : David W Cerny)

Un drame à l'ampleur inédite. Après l'explosion dans la nuit de vendredi à samedi de la mine Kostenko, située au Kazakhstan, à Karaganda, contrôlée par le géant de l'acier ArcelorMittal, « les corps de 45 mineurs et les restes de la probable 46e victime ont été retrouvés », a indiqué le ministre kazakh des Situations d'urgence, Syrym Charipkhanov, lors d'une réunion avec le gouvernement.

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Au moment de l'explosion, dont le souffle s'est répandu sur deux kilomètres, 252 mineurs se trouvaient sous terre et 206 ont pu remonter à la surface.

« Cette tragédie est directement liée aux violations de la sécurité industrielle. La faute incombe avant tout à la direction de l'entreprise », a fustigé le Premier ministre kazakh.

Aditya Mittal, directeur général du groupe, a reconnu dans un communiqué une succession « d'accidents mortels » au cours « des deux dernières années » dans ce pays. Il a expliqué que l'exploitation des mines kazakh comportait « des risques intrinsèquement élevés pour la sécurité » en raison de « leur géologie complexe ».

Nationalisation forcée

Le gouvernement et ArcelorMittal ont annoncé avoir trouvé un accord pour nationaliser la filiale kazakhe du géant mondial de l'acier. « L'entreprise n'a pas rempli ses obligations. Nous finalisons l'accord sur le transfert d'ArcelorMittal Temirtau (nom de la filiale, ndlr) en faveur du Kazakhstan », a précisé mardi le Premier ministre Alikhan Smaïlov, sans plus de détails sur l'opération. Le service de communication d'ArcelorMittal a précisé que l'accord portait sur une sortie totale du pays.

« ArcelorMittal s'engage à réaliser cette transaction dans les meilleurs délais afin de minimiser les perturbations dans la mesure du possible » a indiqué un communiqué

Le groupe établi au Luxembourg et dirigé par l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal était régulièrement critiqué par les autorités du Kazakhstan. Ces dernières pointaient du doigt le non-respect des normes sécuritaires et environnementales, avec des accidents à répétition. Le géant de l'acier était déjà sur la sellette, alors que les mines kazakhes d'ArcelorMittal avaient déjà avalé plus d'une dizaine de mineurs en moins d'un an dans cette province du centre de cette ex-république soviétique, riche en ressources naturelles.

« S'il y a souvent des tragédies, cela signifie que la sécurité est au niveau zéro », déplore ainsi Marat Mirguaïazov, représentant d'un syndicat de mineurs.

La « pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan »

Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a qualifié samedi le groupe sidérurgique de « pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement ».

« Le fait que ce soit le Kazakhstan lui-même qui reprenne l'exploitation en direct est probablement la moins mauvaise solution pour le pays », fait-il valoir, « de nombreux ingénieurs kazakhs ont été formés au fil des années et peuvent faire tourner les opérations ».

ArcelorMittal a produit l'an dernier 3,4 millions de tonnes d'acier au Kazakhstan, où le groupe exploite 3 haut fourneaux, 8 mines de charbon et 4 mines de minerai de fer, occupant au total 38.000 salariés, selon le groupe. Mittal Steel (qui a fusionné en 2006 avec Arcelor) avait racheté les mines et les haut fourneaux, juste après l'effondrement de l'URSS en 1995.

« A l'époque, ils ont été très bien accueillis, car les installations étaient en très mauvais état, et tout le monde espérait que le groupe sidérurgique allait mener les mines et usines kazakhes à de meilleurs standards » confie un expert européen du sujet.

« Beaucoup de vieilles usines » à décarboner et moderniser

A la Bourse de Paris, l'action ArcelorMittal chutait lundi de 3,89% à 20,25 euros sur un marché en hausse de 0,44%. L'action qui a perdu 17,60% de sa valeur depuis le début de l'année. Selon un expert, qui a requis l'anonymat, la chute du titre en Bourse illustre surtout la dégradation de la demande en acier dans de nombreux pays.

« On voit actuellement une accélération de la transition énergétique dans la sidérurgie mondiale avec de nouveaux entrants qui émettent moins de CO2 en Finlande, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient ou aux Etats-Unis », et ArcelorMittal possède encore « beaucoup de vieilles usines » à décarboner et moderniser pour un coût énorme.

 (Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 02/11/2023 à 9:56
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Il faut préciser qu'un accord de cession des mines à l'état du Kazakhastan avait été signée il y a un mois... on ne peut donc pas parler de "Mise à la porte". Enfin la géologie des mines de charbon du Kazakhstan est très particulière et il est proba...

à écrit le 01/11/2023 à 16:59
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La vie humaine n'a aucune valeur pour ces gens là.

à écrit le 31/10/2023 à 9:27
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Et ce n'est pas la seule multinationale à nuire aux intérêts des autochtones et de loin.

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