Après le drame de la mine de Kostenko, le Kazakhstan veut nationaliser ArcelorMittal Temirtau

Le gouvernement kazakh veut nationaliser ArcelorMittal Temirtau, l'entreprise, qui exploite la plus grande aciérie du pays. Au moins 32 personnes sont mortes dans l'incendie d'une mine au Kazakhstan, selon ArcelorMittal Temirtau, filiale locale du sidérurgiste luxembourgeois qui exploite la mine.
Après le drame dans la mine de Kostenko, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a dans un communiqué ordonné de « mettre fin à la coopération » avec le groupe ArcelorMittal Temirtau.
Après le drame dans la mine de Kostenko, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a dans un communiqué ordonné de « mettre fin à la coopération » avec le groupe ArcelorMittal Temirtau. (Crédits : Reuters)

Article réactualisé à 13H00, avec le bilan des décès en hausse, puis 14h20 avec le communiqué d'ArcelorMittal et un bilan à nouveau à la hausse

A quelques jours d'une visite officielle d'Emmanuel Macron à Astana, le Kazakhstan a annoncé samedi un accord préliminaire avec ArcelorMittal pour reprendre le contrôle de la filiale locale du géant mondial de l'acier après un nouvel accident sur un site du groupe ayant coûté la vie à au moins 32 mineurs. « Le gouvernement a conclu un accord préliminaire avec les actionnaires d'ArcelorMittal Temirtaou et finalise la transaction pour transférer la propriété de l'entreprise en faveur de la République du Kazakhstan », a annoncé le Premier ministre dans un communiqué après cet accident dans la mine Kostenko à Karaganda, dans le centre de cet immense pays d'Asie centrale. ArcelorMittal a confirmé samedi la signature d'un « accord préliminaire » pour transférer la propriété de sa filiale locale au Kazakhstan.

« ArcelorMittal peut confirmer que les deux parties ont (...) récemment signé un accord préliminaire pour une transaction qui transférera la propriété à la République du Kazakhstan », a indiqué dans un communiqué le géant mondial de l'acier, qui a précisé « s'engager à finaliser cette transaction dans les plus brefs délais ».

Le gouvernement kazakh a indiqué dans un communiqué séparé « mener des travaux » pour récupérer le contrôle de l'entreprise au profit du Kazakhstan et « ne pas envisager de la transférer à d'autres investisseurs étrangers ». ArcelorMittal Temirtau exploite la plus grande aciérie du pays. Le mois dernier, le vice-Premier ministre Roman Sklyar avait déclaré à la presse que le Kazakhstan était en pourparlers avec des investisseurs potentiels susceptibles de reprendre l'aciérie.

au moins 32 morts

Il s'agit du pire accident minier au Kazakhstan depuis 2006, où 41 mineurs avaient perdu la vie dans un site d'ArcelorMittal et le deuxième accident mortel en deux mois sur un site du groupe, après la mort de cinq mineurs mi-août dans la même région. Selon un dernier bilan d'ArcelorMittal à 12H00 locales (06H00 GMT), l'accident, dont les causes n'ont pas été précisées, a fait au moins 32 morts. « À l'heure actuelle, le décès de 25 de nos employés (32 après réactualisation du bilan, ndlr) a été confirmé et 21 autres (14 après réactualisation du bilan) sont toujours portés disparus. 206 personnes ont été évacuées en toute sécurité. Il n'existe pas de mots pour exprimer la dévastation que ressent l'entreprise à la suite de cet accident », a déclaré ArcelorMittal dans un communiqué. 252 mineurs étaient présents au moment du drame.

Immédiatement après l'annonce du drame, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev avait dans un communiqué ordonné de « mettre fin à la coopération » avec le groupe. Le dirigeant kazakh s'est rendu à la mi-journée sur les lieux du drame, d'après l'administration présidentielle. La filiale kazakhe d'ArcelorMittal, l'un des leaders mondiaux de la sidérurgie et de l'exploitation minière, est régulièrement accusée par les autorités de ne pas respecter les normes de sécurité et environnementales. ArcelorMittal opère une quinzaine d'usines et de mines dans cette zone industrielle extrêmement polluée de cette immense ex-république soviétique riche en ressources naturelles.

Le gouvernement kazakh a ces derniers mois dénoncé le « caractère systémique » des accidents impliquant le groupe, qui ont coûté la vie à « plus de cent personnes depuis 2006 ». Les accidents de mine sont assez fréquents dans les pays de l'ex-Union soviétique en raison à la fois de la vétusté des installations et du laxisme en matière de sécurité.

Des intérêts de la France

Le Kazakhstan, première économie d'Asie centrale, regorge de pétrole, de gaz, mais aussi d'uranium, de manganèse, de fer, de chrome et de charbon. Ainsi, lors du déplacement d'Emmanuel Macron au Kazakhstan, puis en Ouzbékistan (1er et 2 novembre), le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), sera présent dans la délégation officielle du président français. « Notre vocation, c'est d'aider et les kazakhs et les ouzbeks à tirer le meilleur parti de leurs ressources minières, à les transformer au maximum sur leur territoire », explique-t-on à l'Élysée. La France est le cinquième investisseur étranger au Kazakhstan, devant la Chine.

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Commentaires 3
à écrit le 28/10/2023 à 12:19
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Bonjour, certains entreprises exploité les richesses au détriment de la sécurité des installations... L'accident dans cette mine risque d'être l'excuse pour certains individus de reprendre les richesses de leur pays ... certes cela et un coups bas,...

le 28/10/2023 à 21:20
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En quoi c'est un coup bas ? Les accidents mortels dans les sites ArcelorMittal sont légion depuis près de 20 ans, aucun gouvernement ne peut accepter ça, il est légitime que le gouvernement kazakh souhaite reprendre les choses en main. C'est par cont...

à écrit le 28/10/2023 à 12:11
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Choisir entre la médiocrité de l'économie publique ou le génocide humain de l'économie privée semble facile quand même.

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