Malgré un chiffre d'affaires en baisse, Engie réussit son année 2023

Malgré une baisse de chiffre d'affaires, l'année 2023 aura quand même été un bon cru pour le géant français de l'énergie. Un bon résultat permis notamment par ses activités dans la gestion de l'énergie et les renouvelables.
Malgré la baisse des prix de marché au cours des derniers trimestres, Engie a revu à la hausse son objectif de résultat net récurrent pour l’année 2024.
Malgré la baisse des prix de marché au cours des derniers trimestres, Engie a revu à la hausse son objectif de résultat net récurrent pour l’année 2024. (Crédits : Stephane Mahe)

[Article publié le jeudi 22 février 2024 à 10h04, mis à jour à 11h17] C'est confirmé : 2023 aura été une bonne année pour Engie. L'opérateur historique du gaz en France, dont l'État français détient près de 24%, a publié ses résultats annuels ce jeudi 22 février. Il en ressort un résultat net récurrent - donnée qu'il privilégie et sur laquelle il fixe ses objectifs financiers - à 5,4 milliards d'euros (+2,8%), conforme à ses prévisions, relevées deux fois en 2023, et au consensus des analystes interrogés par Bloomberg et Factset. Le résultat net a, lui, été plus que multiplié par dix, bondissant à 2,2 milliards d'euros en 2023, après une année 2022 qui l'avait vu presque réduit à néant (200 millions d'euros) en raison de lourdes charges.

Un bémol néanmoins : Engie a dégagé 82,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, en baisse de 12% par rapport à l'année précédente, principalement en raison de l'accalmie sur les prix du gaz et de l'électricité. C'est même moins que ce que prévoyait le consensus des analystes interrogés par Bloomberg et Factset, qui pariaient eux sur un chiffre d'affaires à 95,4 milliards d'euros.

La directrice générale d'Engie, Catherine MacGregor, a salué auprès des journalistes de « très bons résultats pour 2023 », « qui illustrent la solidité de notre performance opérationnelle et financière ». Suite à l'annonce de ces résultats, le cours d'Engie a grimpé d'environ 2,6% à l'ouverture de la Bourse ce jeudi, s'affichant à 14,85 euros à 11h02 contre 14,91 euros à la fermeture la veille.

Les renouvelables dopent toujours l'énergéticien

Comme lors des publications de résultats précédentes, Engie affiche un résultat d'exploitation (Ebit) hors nucléaire solide, à 9,5 milliards d'euros, en hausse de 18%. Idem pour son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda), un indicateur clé de rentabilité, qui s'affiche à 15 milliards d'euros (+9,5%).

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Cette croissance de la rentabilité hors nucléaire « est portée principalement par deux activités », explique Pierre-François Riolacci, directeur général adjoint finances. « La première, c'est le renouvelable », dont la progression est « soutenue à la fois par la contribution des capacités nouvellement mises en œuvre (...) et la croissance des volumes en Europe, ainsi que la hausse des prix que nous avons captées ».

Dans le détail, Engie a augmenté ses capacités en énergies renouvelables de 3,9 GW en 2023, avec des mises en service en Amérique du Nord, en Europe et en Amérique latine, portant sa capacité totale à 41,4 GW. En pleine transformation, le groupe est aujourd'hui le premier opérateur d'énergie éolienne et solaire en France et quatrième européen. À long terme, il veut miser sur les renouvelables tout en prônant, à l'instar de TotalEnergies, le maintien du gaz comme énergie de transition.

La croissance est aussi portée par la division GEMS (Global Energy Management & Sales), dédiée aux entreprises et grands consommateurs d'énergie (gaz, électricité...). Engie leur fournit l'énergie et les aide à gérer leurs risques d'approvisionnement. Cette branche « enregistre une nouvelle forte croissance organique de plus de 900 millions d'euros sur l'année », affirme le directeur général adjoint finances.

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L'année 2023 pour Engie a aussi été marquée par un accord historique en Belgique prévoyant l'arrêt de plusieurs centrales nucléaires d'ici 2025 opérées par sa filiale Electrabel, parallèlement à la prolongation de dix ans de deux réacteurs, Doel 4 et Tihange 3. Le groupe a acté pour ses prévisions 2026 « une baisse des résultats du nucléaire en Belgique avec l'arrêt de plusieurs centrales d'ici 2025 », cet accord « nous permet de réduire considérablement le niveau de risque pour le groupe », a souligné Catherine MacGregor.

Confiance pour 2024

Malgré la baisse des prix de marché au cours des derniers trimestres, Engie « revoit à la hausse son objectif de résultat net récurrent part du groupe pour l'année 2024 », précise le communiqué. Elle vise désormais un résultat net récurrent compris entre 4,2 et 4,8 milliards d'euros, contre une fourchette de 3,8 à 4,4 milliards d'euros annoncée précédemment. Ce qui serait toutefois moindre que celui enregistré l'année dernière.

« C'est inférieur à 2023 puisque les conditions de marché sont différentes, mais bien supérieure à 2021 qui est la meilleure année de comparaison en termes de conditions de marché », a souligné Catherine MacGregor. Le résultat net récurrent de 2021 s'était en effet élevé à 2,9 milliards d'euros.

Engie a en revanche légèrement revu à la baisse sa prévision de résultat net récurrent part du groupe pour 2025, désormais attendu entre 3,9 et 4,5 milliards, contre 4,1 à 4,7 milliards précédemment. « Les hypothèses de prix qui sous-tendent nos projections (...) sont très différentes. On a des écarts très significatifs qui traduisent naturellement la baisse des prix de marché (...) des 12 derniers mois », a précisé Pierre-François Riolacci.

Et d'ajouter : « Les projections ne sont pas très éloignées (...) de celles qu'elles étaient il y a un an alors que les marchés, eux, ont beaucoup ajusté ». Engie table en outre sur un taux de croissance annuel moyen de son résultat opérationnel hors nucléaire compris entre 10% et 12% sur la période 2021-2026.

Engie écope de 500.000 euros d'amende

L'énergéticien français est sanctionné pour « ne pas s'être conformée à 22 reprises à son obligation de publication des informations privilégiées concernant des indisponibilités de capacité de production d'électricité entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2020 », comme l'a indiqué la semaine dernière la Commission de régulation de l'énergie (CRE).

Cette sanction a été prononcée le 26 décembre par le Comité de règlement des différends et des sanctions (Cordis), organe indépendant saisi par la CRE au terme de son enquête ouverte en mars 2021 « dans le cadre de ses pouvoirs de surveillance des marchés de gros ». « Le Cordis a également sanctionné la société Engie pour avoir procédé à des opérations d'initiés sur cette même période », précise le communiqué. Engie devra pour cela payer 500.000 euros d'amende.

(Avec agences)

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