Nucléaire : à Chalon-sur-Saône, le CETIC s’agrandit pour répondre aux besoins de maintenance des centrales

A peine deux ans après le discours du président de la République, à Belfort, sur la stratégie de relance du nucléaire français, le centre d’expérimentation des techniques d’interventions sur les chaudières nucléaires (CETIC), à Chalon-sur-Saône, inaugure de 2.000 m2 dédié aux équipements nucléaires du futur. Coût de l’opération : 4,5 millions d’euros.
Le nouveau bâtiment du CETIC de 2000 m2 qui hébergera les maquettes EPR2 et SMR
Le nouveau bâtiment du CETIC de 2000 m2 qui hébergera les maquettes EPR2 et SMR (Crédits : dr)

« Si nous souhaitons reconstruire la filière nucléaire et répondre aux objectifs fixés par le président de la République, autour de 2035, de réouvrir des nouveaux réacteurs, il faut que nous ayons les outils de formation », alerte Sébastien Martin, président du Grand Chalon. C'est justement le rôle du centre d'expérimentation des techniques d'interventions sur les chaudières nucléaires (CETIC), à Chalon-sur-Saône, qui permet de poursuivre la montée en compétence des agents qui interviennent dans les centrales nucléaires. Chaque année, 1.500 stagiaires en formation et 2.500 intervenants viennent valider et qualifier des opérations de maintenance majeures pour les chaudières nucléaires. Le tout dans un environnement sécurisé, sans radioactivité.

à l’intérieur du bâtiment, à l’échelle 1, le cœur d’un réacteur de centrale nucléaire avec sa piscine de 22 mètres de profondeur.

A l'intérieur du bâtiment, à l'échelle 1, le cœur d'un réacteur de centrale nucléaire avec sa piscine de 22 mètres de profondeur.

Bientôt des maquettes EPR2 et SMR

« Entre 2012 et 2020, notre activité est montée en flèche », affirme Pierre-Alain Lhote, directeur du CETIC. Une activité qui a même triplé, en majorité pour répondre au programme industriel de rénovation et de modernisation des centrales nucléaires existantes, engagé en 2014, par EDF, baptisé le Grand Carénage. « C'est pourquoi nous avons décidé de créer une extension, car nous n'avions plus assez de place », explique Pierre-Alain Lhote. Coût de l'opération : 4,5 millions d'euros.

Ce nouvel atelier de 2.000 m2 vient s'ajouter au 4.000 m2 existants. « Dans un premier temps, nous avions du patrimoine qui dormait dehors sous des bâches que nous allons pouvoir installer dans l'atelier », précise-t-il. Par « patrimoine », ce dernier entend : des maquettes à pleine échelle et de véritables pièces collectors destinées au nucléaire, qui ont été soient rebutées, soient déclarées impropres à la mise en service. « Dans un second temps, ce nouveau bâtiment de 2000 m2 sera dédié au nucléaire du futur avec les maquettes des EPR2, mais également des maquettes de Small Modular Reactors (SMRs) », poursuit Pierre-Alain Lhote. EDF a notamment une filiale, NUWARD, qui travaille sur ce type de petits réacteurs modulaires.

Un centre quasiment unique au monde

« Je ne connais pas d'installation aussi complète », déclarait Etienne Dutheil, directeur du parc nucléaire EDF, lors de l'inauguration officielle de l'extension, le 7 décembre. « C'est un centre quasiment uniquement au monde », avait-il poursuivi. Il faut dire que ces locaux ont une véritable histoire : ils ont hébergé, il y a plus de 40 ans, les premiers générateurs de vapeur du parc nucléaire français. Puis, en 1974, l'État français décide d'accroître massivement son indépendance énergétique, à la suite du choc pétrolier de 1973, et l'usine devient trop petite pour ses ambitions. La construction de l'usine de Saint-Marcel par Framatome prendra le relais pour la fabrication des générateurs de vapeur, à seulement quelques kilomètres du site.

Le centre d'expérimentation devient alors orphelin. EDF et Framatome décident de s'associer, à parts égales, sous la forme d'un groupement d'intérêt économique (GIE), pour donner naissance au Cetic, en 1983. C'est ainsi que les deux grands donneurs d'ordre vont recréer à l'intérieur du bâtiment, à l'échelle 1, le cœur d'un réacteur de centrale nucléaire avec sa piscine de 22 mètres de profondeur. Un terrain de jeu idéal pour s'exercer à la maintenance.

à l’intérieur du bâtiment, à l’échelle 1, le cœur d’un réacteur de centrale nucléaire avec sa piscine de 22 mètres de profondeur.

La Région : grande absente de cette inauguration ?

Un seul point noir vient entacher cette inauguration : aucun élu de la Région n'était présent. Une frilosité sur le sujet du nucléaire que déplore Sébastien Martin. « Je ne comprends pas cette absence de soutien de la Région aux côtés de cette filière, alors qu'il y a des besoins phénoménaux en matière de politique de formation », s'indigne le président du Grand Chalon. Or, la formation est bien une compétence régionale. Sébastien Martin lance un appel à la Région : « C'est un réveil que je souhaite, plus qu'une critique. » Ce n'est pas un hasard si le siège de Nuclear Valley, le pôle de compétitivité dédié au nucléaire civil en France, labellisé par l'État, est installé à Chalon-sur-Saône. 12.500 personnes travaillent dans la filière nucléaire en Bourgogne Franche-Comté. La région compte plusieurs sites industriels : au Creusot, à Chalon, à Montbard, à Belfort, ainsi que des centaines d'entreprises liées aux grands donneurs d'ordres. « Malgré tout l'enjeu de cette filière dans notre région et au niveau national, j'apprends que la Région envisage de baisser sa subvention à Nuclear Valley de 11% ! », se désole Sébastien Martin.

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