Nucléaire : Orano en passe d’exploiter en Mongolie l’une des plus importantes mines d’uranium du monde

Le spécialiste français du combustible nucléaire Orano (ex-Areva) a signé jeudi un accord avec la Mongolie en vue d'exploiter une mine d'uranium d'envergure dans ce vaste pays enclavé entre la Russie et la Chine, a annoncé l'Elysée à l'occasion de la visite d'Etat du président mongol en France.
(Crédits : Reuters)

De quoi renforcer l'autonomie stratégique de la France. Ce jeudi, à l'issue d'une rencontre à l'Elysée entre Emmanuel Macron et le président de la Mongolie, Ukhnaa Khurelsukh, en visite d'Etat en France, Orano, le spécialiste de la valorisation et la transformation des matières nucléaires français, a signé avec l'Etat mogol un accord en vue d'exploiter une mine d'uranium d'envergure en Mongolie, un pays dans lequel l'entreprise, contrôlée par l'État français et issue de la restructuration de l'ex-Areva, est déjà présente depuis 25 ans. Une bonne nouvelle pour le groupe nucléaire tricolore, alors que le putsch militaire au Niger cet été, où Orano exploite une mine d'uranium, a rappelé la nécessaire diversification des sources d'approvisionnement de ce minerai indispensable au fonctionnement des centrales nucléaires. Un processus d'ailleurs engagé depuis des années par les exploitants. Cette mine étant potentiellement l'une des plus importantes au monde, le projet, développé par Badrakh Energy, la co-entreprise entre Orano et l'entreprise publique mongole MonAtomest, est estimé à « plus d'un milliard d'euros », avait indiqué en juin l'AFP, citant une source diplomatique. Ce projet fait suite au pilote industriel déployé « avec succès » par Orano entre 2021 et 2022, selon le groupe français.

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Pays enclavé entre la Chine et la Russie

Petit pays de trois millions d'habitants enclavé entre la Chine et la Russie, la Mongolie recèle de métaux critiques et de terres rares nécessaires à la transition énergétique. Même si elle entretient de bonnes relations avec Pékin et Moscou, la Mongolie poursuit une stratégie dite de « troisième voisin » qui consiste à nouer également des liens étroits avec d'autres nations.

Au moment de la signature ce jeudi, le président français a salué « un partenariat privilégié entre nos deux pays fondé sur le renforcement de la souveraineté et un même attachement aux valeurs universelles et à la démocratie ».

Fin juin, Emmanuel Macron s'était rendu en Mongolie où il avait promu un partenariat axé sur l'énergie avec la Mongolie qui suscite l'intérêt des Occidentaux. « Le partenariat avec Orano est un élément structurant », « cela permettra d'extraire des métaux critiques extrêmement importants », avait-il indiqué, en évoquant sa quête de « souveraineté énergétique » pour la France.

Paris s'était engagé à faciliter le financement de la transition écologique de la Mongolie avec des coopérations sur les énergies renouvelables et le nucléaire. Le pays semi-désertique, soumis à des températures extrêmes, est particulièrement vulnérable au changement climatique. Qui plus est, il est dépendant à 90% du charbon pour son électricité et a donc besoin de décarboner son économie. Actuellement, 86% des exportations totales de la Mongolie, toutes marchandises confondues, ont la Chine pour destination. La moitié de ces achats chinois sont du charbon.

Le Kazakhstan, le Niger et le Canada principaux fournisseurs de l'UE

Pour rappel, trois pays, le Niger, le Canada et le Kazakhstan fournissent l'essentiel de l'uranium naturel européen. En 2022, ces trois pays ont en effet fourni 74,19 % de l'uranium naturel de l'UE. Sur la période 2005-2020, le Niger a été le troisième fournisseur d'uranium naturel à la France, contribuant pour 19% de ses approvisionnements, derrière le Kazakhstan et l'Australie et devant l'Ouzbékistan, selon des données du comité technique Euratom.  L'exploitant nucléaire EDF « a depuis une bonne dizaine d'années suivi une stratégie de diversification de son portefeuille d'approvisionnement », se tournant « vers des pays d'Asie centrale comme l'Ouzbékistan et le Kazakhstan et l'Australie », soulignait en juin, Teva Meyer, chercheur spécialiste du nucléaire civil à l'université de Haute Alsace à Mulhouse. La diversification des matières nucléaires est l'une des recommandations récurrentes et de longue date de l'Agence d'approvisionnement d'Euratom.

Au-delà de cette politique de diversification, le groupe français EDF a mis en œuvre « une politique de gestion des stocks couvrant plusieurs années et développe le recyclage du combustible usé », indiquait cet été le ministère au moment de la crise au Niger.  « On a trois ans de combustible enrichi sur notre territoire (en France) donc il n'y a aucun risque d'approvisionnement », soulignait aussi Nicolas Goldberg, expert en énergie du cabinet Colombus Consulting. « Entre le moment où l'uranium est extrait et le moment où il est utilisé en combustible dans une centrale, il peut se passer des années car les étapes de transformation sont nombreuses », expliquait Teva Meyer. Pour être utilisable dans un réacteur, l'uranium naturel doit en effet être purifié, converti et enrichi.  Selon Teva Meyer, « la France comme l'Europe dispose en outre de stocks stratégiques d'uranium à toutes les étapes de la transformation, l'équivalent de deux années de consommation ».

Lire aussiY aura-t-il assez d'uranium pour la relance du nucléaire dans le monde ?

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Commentaires 7
à écrit le 13/10/2023 à 13:38
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Au revoir le NIGER, nous n'avons plus besoin de votre uranium. Cette nouvelle me donne le sourire. Les pseudos souverrainistes africains doivent rire jaune. Oups. Tres bonne nouvelle.

à écrit le 12/10/2023 à 19:26
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Vous allez respecter les règles et les prix internationaux d,achat. Alors en Afrique c'est votre eldorado corompre le chef est se servir à volonté

le 13/10/2023 à 12:54
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"cor(r)ompre le chef e(s)t se servir à volonté" quand une entreprise exploite des ressources elle paie des impôts (pour le pétrole, Tota* en paie au moins 50%), mais si le 'chef' du pays se prend pour un seigneur (roi, prince) et garde tout l'argent...

à écrit le 12/10/2023 à 18:38
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En complément ou comme caisse de raisonnance, chacun pourra lire cette excellente chronique d'un macroéconomiste, à lire sur le site de latribune. Prendre un moteur de recherche et tapez: "Franc CFA, ou l'impérialisme à la française" 🙈🙊🙉

le 13/10/2023 à 13:01
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Il faut que les pays africains CFA créent leur propre monnaie mais je crois qu'ils n'ont pas encore réussi à se mettre d'accord (quel nom, géré par qui (une banque centrale, ou pas centrale ? Où ?) ?), dommage. Peut-être chacun la sienne, ça serait '...

à écrit le 12/10/2023 à 18:23
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Bonjour, au moins nous pourront extraire du minerai sans que l'ons nous incriminés d'ingérence politique... (Certains pays africains par exemple). Pour le reste, j'espère que s'est un bon contrat pour tous les interlocuteurs...

le 13/10/2023 à 2:24
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"Incrimine", c'est mieux.

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