Malgré l'importante mobilisation des ONG environnementales et des activistes climatiques, les actionnaires ont validé le bilan de Patrick Pouyanné, depuis dix ans aux manettes de la quatrième major mondiale. 75,73% d'entre eux ont voté en faveur du renouvellement de son mandat pour trois années supplémentaires en tant que président du conseil d'administration de TotalEnergies, lors de l'assemblée générale. Une fonction qu'il cumule avec celle de directeur général de l'entreprise.
Le vote de cette résolution était au cœur des débats précédant l'AG. En effet, plusieurs investisseurs avaient appelé à voter contre pour s'opposer directement à la stratégie climatique de l'entreprise, non alignée avec l'objectif de l'accord de Paris, consistant à contenir le réchauffement climatique à 1,5 degré.
Un score en léger retrait
Pour rappel, la précédente résolution proposant le renouvellement de son mandat, il y a trois ans, avait obtenu un score légèrement supérieur (77%). « Ce vote souligne le fait que les investisseurs continuent de privilégier leurs profits au détriment du climat », regrette Lucie Pinson, fondatrice de l'ONG Reclaim Finance. La militante déplore cette quasi-continuité dans les votes « alors que, depuis trois ans, nous sommes témoins de l'aggravation et de l'intensification du dérèglement climatique ». Elle salue néanmoins l'engagement de certains actionnaires à l'image du groupe de 16 investisseurs, coordonnés par Ofi Invest Asset Management, opposés à ce renouvellement.
Tout au long de cette grand messe, qui s'est tenue pour la première fois au siège du groupe tricolore dans le quartier de la Défense pour des raisons de sécurité, (environ 200 policiers étaient déployés dans le quartier), le PDG n'a cessé de défendre son bilan et sa stratégie. Et ce, en vantant à la fois ses nombreux investissements dans les énergies renouvelables et son haut niveau de rentabilité.
« TotalEnergies est la plus profitable des cinq majors », a-t-il souligné à plusieurs reprises, devant les quelque 750 personnes réunies sur place, malgré les difficultés d'accès engendrées par les nombreux dispositifs de sécurité déployés. Le groupe français se targue, en effet, d'un taux de rentabilité de 19%, devançant ainsi Exxon, BP, Chevron et Shell.
Plus de 20% des actionnaires ne valident pas la stratégie climat
Patrick Pouyanné a aussi défendu sa stratégie d'expansion dans les hydrocarbures, que lui reprochent certains actionnaires et une partie de la société civile, car celle-ci va à l'encontre des recommandations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). « Je rappelle que [la production, ndlr] des champs pétroliers décline naturellement de 4% chaque année (...) et la demande de pétrole continue d'augmenter. Si on ne veut pas voir le prix du pétrole atteindre des niveaux trop élevés, il est nécessaire que l'industrie mette de nouveaux champs en production », a-t-il développé.
Ces arguments semblent néanmoins moins convaincre qu'auparavant. En effet, si les actionnaires ont approuvé à 79,72% le bilan et la stratégie climatique du groupe, ce résultat s'affiche en net retrait par rapport à l'année passée. En 2023, cette résolution avait été approuvée à près de 89% par les actionnaires.
Au cours de la journée, plusieurs centaines de militants du mouvement Extinction Rébellion et d'autres ONG s'étaient réunis dans le quartier de la Défense. Au fil des heures, la mobilisation s'est décalée au niveau du siège d'Amundi (filiale du Crédit Agricole), l'un des principaux actionnaires de TotalEnergies. Plusieurs dizaines de personnes se sont alors introduites par la force dans les locaux.
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