Un jour avant son assemblée générale annuelle, TotalEnergies franchit un nouveau palier d'électricité renouvelable en France

La major pétrolière a annoncé ce jeudi avoir atteint une capacité totale en France de 2 gigawatts dans la production d'électricité renouvelable. De quoi alimenter 1,8 million de personnes. En 2023, le groupe a investi dans l'Hexagone près de 400 millions de dollars dans les renouvelables.
Si la multinationale française a opéré une diversification dans l'électricité renouvelable, elle reste malgré tout très critiquée par les ONG pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles.
Si la multinationale française a opéré une diversification dans l'électricité renouvelable, elle reste malgré tout très critiquée par les ONG pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles. (Crédits : Sarah Meyssonnier)

Nouveau palier franchi par le géant des hydrocarbures TotalEnergies. La major a en effet annoncé ce jeudi avoir atteint cette semaine une capacité totale en France de 2 gigawatts (GW) dans la production d'électricité renouvelable. De quoi alimenter 1,8 million de personnes.

Ce cap sera franchi avec l'inauguration ce vendredi dans la Marne du parc de Vents de la Moivre, son plus grand parc éolien en France (63 mégawatts), a indiqué le groupe à la veille de son assemblée générale annuelle, que des organisations de défense du climat ont promis de bousculer de nouveau.

Diversification énergétique

Présent dans l'éolien, le solaire, les capacités de stockage et les petits barrages, l'énergéticien se décrit comme un « leader de la transition énergétique en France », et insiste sur la diversification de son activité, historiquement tournée vers les énergies fossiles (le pétrole et le gaz).

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« Nous n'étions pas du tout dans l'électricité » il y a encore dix ans, a insisté Isabelle Patrier, directrice France de TotalEnergies, lors d'un brief avec quelques journalistes. Et « sur toutes les zones où la compagnie est présente, nous avons comme objectif de déployer notre production d'électricité renouvelable sur une chaîne complètement intégrée: production, stockage, distribution ».

400 millions de dollars investis dans les renouvelables en France

En France, le groupe a investi près de 400 millions de dollars dans les renouvelables en 2023. Il y vise une production nette de plus de 4 TWh d'électricité verte à l'horizon 2030, contre 2,6 TWh produits en 2023, admettant cependant un retard par rapport à ses ambitions du début des années 2020.

Après avoir d'abord acheté des parcs, le groupe explique développer désormais ses propres projets, fort de quelque 600 collaborateurs spécialisés dans l'Hexagone. « Nous travaillons avec des collectivités locales, des agriculteurs avec Ombrea, et des clients industriels comme Renault Trucks ou L'Oréal dans le solaire sur toitures », explique-t-il, ajoutant que cette électricité sert aussi à alimenter ses raffineries ou ses 21.000 points de recharge pour véhicules électriques.

A noter aussi : au niveau mondial, TotalEnergies indique disposer fin 2023 d'une capacité brute de production d'électricité renouvelable de 22 GW, et viser 35 GW en 2025 et une production nette d'électricité de plus de 100 TWh à horizon 2030.

Une major encore sous le feux des critiques

Si la multinationale française a opéré une diversification dans l'électricité renouvelable, elle reste malgré tout très critiquée pour la poursuite de ses investissements dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat. En 2023, TotalEnergies a notamment annoncé des projets ou acquisitions en Namibie, au Suriname et au Brésil, et il s'est renforcé aux Etats-Unis dans le gaz liquéfié (GNL), une énergie très convoitée par l'Europe qui cherche à remplacer le gaz russe.

En septembre dernier, le groupe s'était aussi attiré les critiques en annonçant vouloir augmenter sa production d'hydrocarbures de 2 à 3% par an dans les cinq prochaines années, tandis que plusieurs pétroliers comme Enel, Shell et BP ont annoncé en 2023 une révision en baisse de certains de leurs objectifs de transition énergétique.

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Mis sous pression par les militants du climat et des droits humains, le groupe est visé par plusieurs actions judiciaires contre sa stratégie ou contre ses projets gaziers et pétroliers, dont le très controversé « projet Tilenga/Eacop », en Ouganda et en Tanzanie.

La major soutient que ces projets sont encore nécessaires pour répondre à la demande mondiale en augmentation et fait valoir qu'il consacre aussi un tiers de ses investissements aux énergies bas carbone, notamment dans l'éolien et le solaire. La société compte d'ailleurs maintenir son cap de 100 GW de capacités d'électricité en 2030. Mais ces arguments sont loin de convaincre la plupart des ONG environnementales et de nombreux scientifiques spécialistes de l'évolution du climat.

Bons résultats économiques

Pour rappel, la 4e major mondiale du pétrole, a dégagé en 2023 un bénéfice net de 21,4 milliards de dollars (pour un chiffre d'affaires de 237 milliards) et 90% de ses ventes sont venues du gaz et du pétrole et 8% de l'électricité. Il escompte passer respectivement à 80% et 15% en 2030. En septembre, son patron a annoncé son intention d'augmenter sa production d'hydrocarbures de 2 à 3% par an dans les cinq prochaines années.

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Dans une interview à l'agence Bloomberg, publiée il y a quelques jours, Patrick Pouyanné a dit envisager une cotation principale de TotalEnergies à la Bourse à New York. Une des raisons principales : les investisseurs anglo-saxons, notamment américains, dans la major, sont désormais majoritaires.

Par ailleurs, le patron de l'énergéticien a évoqué la frilosité des investisseurs européens vis-à-vis de sa stratégie actuelle, qui consiste à continuer d'investir dans les énergies fossiles pour financer sa transition vers les énergies bas carbone. Si la cotation à Wall Street est loin d'être actée, ces propos ont vivement fait réagir le monde des affaires et le gouvernement français, qui désapprouve cette idée.

Patrick Pouyanné ne croit pas dans l'hydrogène vert

Fin avril, lors d'une prise de parole au forum économique mondial de Ryad, Patrick Pouyanné, PDG du géant français de l'énergie, a estimé que l'hydrogène vert était à « un stade embryonnaire », et que la priorité devait être donnée aux biocarburants obtenus à partir de la biomasse pour réduire les émissions.

« Reconnaissons que nous n'en sommes qu'au stade embryonnaire et cessons de parler de 10, 20 millions de tonnes », avait ainsi déclaré le PDG de TotalEnergies en référence aux objectifs très ambitieux de l'Union Européenne pour la production annuelle. « Cela n'a aucun sens. Soyons sérieux et trouvons la bonne feuille de route », a-t-il commenté.

La Commission européenne a indiqué vouloir produire 20 millions de tonnes d'hydrogène bas carbone par an dès 2030. Or une étude du Commissariat à l'énergie atomique français a révélé le mois dernier que la demande industrielle en hydrogène bas carbone s'élèverait à seulement 2,5 millions de tonnes par an d'ici 2030 et 9 millions de tonnes en 2040.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 24/05/2024 à 14:56
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Rosneft, Loukoil, Aramco, Sinopec, PetroChina et tous les autres rigolent bien quand ils voient les petits bobos privilégiés s'en prendre à une des dernières compagnies pétrolières occidentales. La destruction de l'Occident par les occidentaux sera u...

à écrit le 24/05/2024 à 14:20
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Et oui. C'est gênant pour les pouvoirs publics... C'est notre plus gros pollueur qui est aussi le premier fournisseur d'énergie électrique propre renouvelable et non EDF EN. Mais c'est aussi un des rares qui peut faire face aux tracasseries administ...

à écrit le 23/05/2024 à 20:08
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si Total veut investir dans le renouvelable, nous avons les plus fortes marées du monde en baie du MT St Michel, marnage supérieur à 10m voir jusque 13m ... énergie gratuite et éternelle..

le 24/05/2024 à 14:59
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Y'en a qu'on essayé, déjà.... L'énergie n'est pas gratuite, il faut un peu de mécanique pour l'exploiter. C'est là qu'est l'os. Sans compter les écolos qui seront contre une nouvelle usine marémotrice, comme ils sont contre le ciment, alors que c'es...

à écrit le 23/05/2024 à 15:27
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nan mais c'est pas possible de publier ca, vous voulez coller un ulcere d'indignation au peuple tolerant et reenchante, ou quoi?

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