Réseaux de chaleur urbains : Nantes métropole veut accélérer

En France, les raccordements au chauffage urbain ont presque doublé en dix ans, mais cet essor reste encore insuffisant. Et le pays doit accélérer. Dans ce contexte, un territoire s’affiche en « bonne élève » : Nantes métropole qui compte bien démultiplier ses réseaux de chaleur. Explications.
Sur la métropole nantaise, 44.000 logements sont aujourd'hui raccordés aux réseaux de chaleur sur les 320.000 logements du territoire.
Sur la métropole nantaise, 44.000 logements sont aujourd'hui raccordés aux réseaux de chaleur sur les 320.000 logements du territoire. (Crédits : Nantes Métropole)

A l'échelle nationale, le développement des réseaux de chaleur a démarré en 2008 avec le Grenelle de l'environnement et la création du fonds de chaleur de l'Ademe. Et aujourd'hui, un constat s'impose : la France est à la traîne. « On n'est pas bons ! Seuls 5% de la chaleur nécessaire pour chauffer les bâtiments et alimenter les sites industriels est fournie par des réseaux de chaleur. En comparaison, au Danemark, les bâtiments sont alimentés aux deux tiers par des réseaux de chaleur. Nous en sommes donc très loin ! », constate d'emblée Pierre de Montlivault, président de la Fedene (Fédération des services Énergie Environnement). La raison ? « Le pays s'est reposé sur deux grands réseaux : l'électrique et le gaz. »

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Au total, 2,7 millions de logements (ou 47.380 bâtiments) sont desservis, en eau chaude et chauffage, par l'un des 946 réseaux de chaleur en France. Ces derniers s'étendent sur 7.046 kilomètres, d'après la fédération. Les territoires les mieux pourvus ? « Les régions Île-de-France (135 réseaux de chaleur, 10.777 GWh livrés), Auvergne-Rhône-Alpes (199 réseaux, 3.586 GWh livrés) et Hauts-de-France (51 réseaux, 1.692 GWh livrés) qui concentrent à elles trois 61% des livraisons de chaleur », poursuit Pierre de Montlivault.

A contrario, « 1.500 villes ne sont pas pourvues en réseau de chaleur ». Les facteurs limitants ? « Les moyens financiers de l'Ademe qui soutient ses projets. Le budget du fonds de chaleur s'élève à 800 millions d'euros quand les projets se chiffrent cette année à 1,3 milliard d'euros », explique Pierre de Montlivault.

Nantes métropole, « la bonne élève »

Dans les Pays de la Loire, la Fedene recense 35 réseaux en 2022, soit 3,7% des réseaux français. L'objectif à horizon 2030 est d'en atteindre 75. « Sur ce territoire, nous avons identifié 150 villes candidates pour créer des réseaux de chaleur supplémentaires », indique Pierre de Montlivault. Parmi les précurseurs en la matière : la métropole nantaise. « C'est une bonne élève », souligne-t-il.

Ici, le déploiement des premiers réseaux de chaleur a débuté « dans les années 1970 dans le centre-ville de Nantes (Centre Loire et Chantenay Bellevue) », rappelle Philippe Weisz, responsable du pôle réseaux d'énergie de Nantes métropole, qui pilote notamment le déploiement des réseaux de chaleur.

Aujourd'hui, près de 14% des logements métropolitains sont raccordés (44.000 logements raccordés sur les 320.000 logements du territoire). En comparaison, il y avait « moins de 9.000 logements raccordés en 2008 ». Le déploiement a connu « une vraie accélération » à partir de 2012, passant à 14.000 logements, puis à 21.000 en 2015.

« Une vraie politique de développement et de densification des réseaux existants »

Il existe aujourd'hui cinq réseaux de chaleur principalement sur la zone intra périphérique, qui s'étirent sur 150 kilomètres tout cumulé. Ils sont alimentés par « deux incinérateurs de déchets (à Couëron et à la Prairie-de-Mauves) et trois chaufferies biomasse », indique Philippe Weisz. Des chaudières alimentées au gaz naturel assurent le complément.

En 2020, 68% des réseaux étaient alimentés par des énergies renouvelables et de récupération. Un chiffre qui est passé à 76% en 2023, quand l'objectif national est d'atteindre 85% en 2035. « Nous allons dépasser les 80% assez rapidement, car nous allons développer plusieurs chaufferies biomasse et sommes en train de reconstruire l'un des deux centres de valorisation des déchets, qui est en fin de vie, pour produire plus d'énergie. Une unité de stockage thermique (un gros ballon d'eau chaude de 10.000 m3, ndlr), est aussi envisagée pour réduire encore la part du gaz », explique Philippe Weisz.

Il ajoute : « Un nouveau schéma directeur approuvé en décembre dernier a permis de donner un nouveau cap pour le développement de ces réseaux et la densification de ceux existants. » Concrètement, quatorze zones d'extension des cinq réseaux existants sont identifiées. Autre levier, la création d'une douzaine de nouveaux réseaux à horizon 2035 dans les centres bourgs, comme à Saint-Herblain et Orvault. Deux autres sont étudiés à La Chapelle-sur-Erdre et à Thouaré-sur-Loire avec des livraisons attendues en 2026.

L'exemple de la Nantaise d'Habitations

La Nantaise d'Habitations qui gère un parc locatif 14.000 logements a réalisé son premier raccordement en 1988. Aujourd'hui, 1.887 logements ont été raccordés. Après un million d'euros investi en 2023 et le raccordement de près de 500 logements l'année dernière, le bailleur social étudie, cette année, la possibilité de raccorder quatre autres de ses résidences nantaises, soit 255 logements supplémentaires.

Cette nouvelle étape qui pourrait être franchie portera à plus de 50% le nombre de logements raccordés de son parc éligible. « L'objectif est d'engager un maximum de travaux cette année et début 2025. Deux résidences pourraient être raccordées en 2024 et deux autres l'an prochain », explique Manuel Le Goff, directeur adjoint en charge du Service Technique du Patrimoine à La Nantaise d'Habitations.

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Commentaire 1
à écrit le 13/04/2024 à 12:18
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...et quand il y a une grève, une panne majeure, un incendie on se chauffe comment?

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