Le logement collectif, nouvelle terre promise de la pompe à chaleur (ou PAC dans le jargon) ? L'interdiction des chaudières au fuel et l'extinction, cette année, de la prime des Certificats d'économie d'énergie pour les chaudières au gaz, incitent les spécialistes du génie climatique à pousser les feux sur ce marché encore embryonnaire. C'est le cas du mastodonte japonais Panasonic.
Sa division « heating & cooling » vient d'annoncer le lancement en septembre, sous la marque Aquarea, d'une nouvelle gamme de PAC air-eau, spécialement conçue pour équiper les résidences collectives ou les bâtiments commerciaux. En pratique, chaque unité sera vendue entre 15.000 et 20.000 euros pièce. Elle devrait être capable de fournir du chauffage et de l'eau chaude à une quinzaine de logements simultanément et jusqu'à plusieurs centaines une fois mise en série.
Détail qui n'en est pas un au regard du climat. Le groupe se flatte de répondre par avance aux exigences de la réglementation européenne, dite AF-Gaz. L'Aquarea fonctionnera donc avec un gaz réfrigérant naturel (du propane, comme celui qui circule dans nos réfrigérateurs) : l'un des rares qu'autorisera Bruxelles à compter de 2030.
« Le R290 a un pouvoir de réchauffement environ 2.500 fois inférieur aux réfrigérants d'ancienne génération », précise à toutes fins utiles Thierry Ronat, responsable de la division chez Panasonic France.
Objectif : 15 % du marché français
Sur le plan industriel, ce lancement est plutôt une bonne nouvelle pour l'Hexagone. Si les premiers modèles sont en cours d'assemblage à Pilsen en République tchèque, l'entièreté de la production sera bientôt relocalisée dans le bocage normand. Plus précisément dans l'usine de Tillières-sur-Avre, dans l'Eure (240 salariés). Pour rappel, la multinationale nippone a racheté ce site il y a un an au groupe Systemair.
« Le site a été choisi parce qu'il y existait une vraie compétence dans les groupes de grande puissance », indique Vincent Heydecker, son directeur général adjoint.
La future ligne devrait être opérationnelle l'an prochain, moyennant une vingtaine de recrutements et un investissement proche de 10 millions d'euros. Un choix commandé par l'évolution du marché, souligne Thierry Ronat, responsable de la division « heating & cooling » pour la France.
« Le résidentiel collectif va vivre une mutation sans précédent avec le remplacement à venir de systèmes vieillissants ».
Pour l'intéressé, la transition vers la pompe à chaleur s'opérera « d'abord dans la construction neuve », qu'il s'agisse du logement social ou de la promotion privée. Sur ce segment, un premier accord de partenariat a d'ailleurs été signé, il y a quelques mois, avec le groupe Nexity en vue d'accélérer le déploiement de pompes à chaleur dans les futures opérations.
Une chose est sûre, Panasonic semble animé de grandes ambitions. S'il ne communique pas de chiffres en volumes, le groupe explique vouloir s'arroger 15% du marché français du résidentiel collectif « pour moitié en neuf et pour moitié en rénovation ». Mais l'usine de Tillières-sur-Avre servira également l'international. Ses responsables estiment qu'un peu plus des deux tiers de la production environ partiront vers l'étranger.
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