Weeecycling va quadrupler sa production de métaux critiques recyclés

Iridium, cuivre, or, argent… La ruée vers les métaux stratégiques suit une courbe ascensionnelle à la faveur des transitions énergétique et numérique. Seul affineur au monde à en produire exclusivement à partir de déchets, Weeecycling revoit ses investissements à la hausse pour faire face à une demande exponentielle.
Weeecycling traite l'ensemble des déchets liquides ou solides contenant des métaux précieux provenant de tous les secteurs industriels de l'électronique, à l'aéronautique en passant par la joaillerie.
Weeecycling traite l'ensemble des déchets liquides ou solides contenant des métaux précieux provenant de tous les secteurs industriels de l'électronique, à l'aéronautique en passant par la joaillerie. (Crédits : DR)

« On doit garantir notre approvisionnement en métaux et plastiques et investir dans le recyclage. Ce qu'on appelle l'économie circulaire ». L'injonction d'Emmanuel Macron en 2021 lors de la présentation du plan France 2030 n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd à Tourville-les-ifs (Seine-Maritime).

C'est dans cette riante commune de l'agglomération de Fécamp que se trouve le siège de la société Weeecycling (130 salariés). Cette dernière traite l'ensemble des déchets liquides ou solides contenant des métaux précieux provenant de tous les secteurs industriels de l'électronique, à l'aéronautique en passant par la joaillerie.

C'est aussi l'une des premières lauréates de l'appel à projets « métaux critiques » lancé par le Secrétariat général à l'investissement. À l'origine de procédés de recyclage innovants, elle peut se prévaloir d'être le seul affineur au monde à savoir produire des métaux critiques d'un très haut niveau de pureté uniquement à partir de déchets. Autrement dit, sans ajout de matières primaires issues de l'extraction minière.

Dossier - Les métaux stratégiques, nerf de la guerre de la transition énergétique

Face à la hausse des besoins, l'entreprise s'apprête à investir 80 millions d'euros pour quadrupler sa production. Quatre fois plus que les 20 millions qu'envisageait de dépenser son président et fondateur, dix-huit mois auparavant. « L'explosion de la demande est telle que nous avons redimensionné à la hausse le plan originel, explique Serge Kimbel. En réalité, nous ne nous attendions pas à une prise de conscience aussi rapide et aussi poussée de nos clients ».

Un bouclier contre la volatilité des prix

Le yoyo du prix des métaux critiques et leur (très) lourde empreinte carbone et sociale poussent, en effet, de plus en plus d'acheteurs à délaisser les matières extraites du sous-sol pour leur préférer une approche circulaire. Laquelle est d'ailleurs encouragée par le « Critical Raw Matérials act » (ou loi sur les matériaux critique) adopté en mars par l'Union européenne.

Ce regain d'intérêt profite à la société normande qui a vu croître son chiffre d'affaires de 40% l'an dernier pour atteindre 35 millions d'euros. « Les industriels voient bien que les métaux recyclés sont un levier RSE pour gagner des parts de marché, qu'ils ne leur coûtent pas plus cher et qu'ils les préservent des à-coups spectaculaires du marché des matières primaires », analyse son PDG.

Cuivre, gallium, germanium...

En réponse, Weeecycling va donc accroître considérablement ses capacités de traitement chimique, thermique et électrochimique des déchets. « Nous allons simultanément agrandir l'usine et optimiser le parcours des matières entrantes », précise le maître des lieux. Priorité sera donnée au cuivre, aux platinoïdes, aux terres rares ainsi qu'au germanium et au gallium : deux métaux très recherchés dont la Chine -de loin le premier producteur mondial- a drastiquement restreint les exportations l'été dernier.

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Moyennant quoi, le site fécampois devrait produire en 2027 ou 2028 quelque 30.000 tonnes de produits finis. Dans ses cartons également, le déploiement d'un système de récupération de la chaleur fatale qui doit lui permettre de couvrir la quasi-totalité de ses besoins en énergie. De quoi améliorer encore le bilan carbone des métaux qu'elle produit... déjà inférieur de plus de 90% à celui des métaux primaires.

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