Le doute commence à s'installer sur la croissance française

Aux crises de la dette aux États-Unis et en zone euro s'ajoutent de nombreuses incertitudes sur la reprise. L'Hexagone n'échappe pas à la morosité conjoncturelle qui marque le début du troisième trimestre.
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Deux nouvelles auraient dû rassurer les marchés financiers. Tout d'abord le plan d'aide à la Grèce, décidé le 21 juillet entre les chefs d'État et de gouvernement de la zone euro. Ensuite, l'accord américain du 2 août sur le relèvement du plafond de la dette du pays, qui a éloigné le spectre d'un défaut de paiement. Pourtant, dans la foulée, les Bourses mondiales ont plongé dans le rouge et la spéculation touche désormais l'Espagne et l'Italie (lire « La Tribune » du 4 août).

À l'origine de l'affolement général, le ralentissement économique de part et d'autre de l'Atlantique. La publication, depuis la fin du deuxième trimestre, d'indicateurs macroéconomiques alarmants annonce une croissance au ralenti, qui devra également absorber l'impact des plans de consolidation budgétaire (lire encadré). Les plus pessimistes craignent le retour de la récession et brandissent le risque d'un « double-dip », scénario dans lequel se succèdent récession, reprise avortée et de nouveau récession.

Le gouvernement américain a en effet annoncé une hausse de 1,3 % du PIB au deuxième trimestre en rythme annuel, alors que les économistes s'attendaient à 1,8 %. Il a également révisé la croissance du premier trimestre de 1,9 % à 0,4 %. La consommation des ménages a reculé de 0,2 % en juin et le chômage reste structurellement élevé, à 9,2 % en juillet. L'indice ISM des services est tombé à 52,7 au mois de juillet, contre 53,3 en juin. Les investisseurs attendaient un chiffre de 53,6. Quant à l'ISM manufacturier, il est tombé à 50,9 points, dangereusement proche du seuil des 50 points en dessous duquel l'activité se contracte.

Industriels inquiets

La zone euro et la France suivent le même chemin. La croissance de l'activité du secteur privé (industrie et services) estimée par la société Markit a ralenti en juillet à son plus faible rythme depuis vingt mois dans la zone euro. En France, l'indicateur Markit pour l'industrie s'est replié à 50,5 points, reflétant un recul des nouvelles commandes. En Espagne et en Italie, l'indice pour les services a fait le plongeon sous la barre fatidique des 50 points. Les indicateurs publiés par l'Insee ne sont pas meilleurs. Le climat des affaires, qui s'était amélioré en juin, a perdu 4 points en juillet, à 105 points. Le niveau des 100 points - qui représente la moyenne de longue période - agit comme une lanterne rouge. L'indice était en effet passé sous ce seuil en 2008 et n'avait réussi à le dépasser qu'après deux ans de crise, à la mi-2010. Même s'ils restent en zone favorable, le moral des industriels et leurs perspectives d'avenir se dégradent également.

Le moral des ménages a en revanche augmenté de 3 points. Petite lueur d'espoir pour la consommation ? Pas tout à fait, car l'indice demeure 15 points sous sa moyenne de long terme. Les chiffres du chômage du mois de juin sont tombés comme un couperet (+ 1,5 % de demandeurs d'emploi). Le marché du travail, trop dégradé, se prête peu aux négociations salariales. Les ménages n'engrangent que de faibles gains de pouvoir d'achat (+ 1 % seulement en 2011, selon l'Insee) et réservent leur consommation à des occasions ponctuelles : prime à la casse en début d'année, soldes au mois de juin.

L'Insee annoncera le 12 août les chiffres de la croissance au deuxième trimestre. Il table sur une progression de 0,2 % du PIB. Pour le troisième trimestre, les économistes annoncent un rebond de 0,5 %. S'ils ont anticipé dans leurs calculs les chocs actuels, reste à savoir s'ils en ont correctement évalué l'ampleur.

 

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