Vue de l'étranger, le « AAA » français semble fragile

Les déficits publics de la France inquiètent. Certains analystes doutent de la pérennité de sa notation.
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Crise de la dette, à qui le tour ? Depuis que l'agence Standard & Poor's a retiré vendredi dernier le précieux triple A aux États-Unis, investisseurs et économistes se penchent sur les douze pays qui conservent la note maximale, signe d'un placement « sûr » sur le marché de la dette souveraine. Problème : dans ce club très restreint, qui comprend dix pays européens dont cinq de la zone euro, le déclassement des États-Unis met en lumière les faiblesses de la France, au rapport dette publique/PIB le plus élevé dans ce club et donc le plus vulnérable. « Il est difficile d'imaginer qu'ayant dégradé les États-Unis, S&P ne dégrade pas aussi au moins un des autres membres du club triple A », estimait mardi Gary Jenkins, économiste à la banque d'investissement Evolution Securities. Handicapée par une dette publique conséquente (85,3 % du PIB en 2010), 61,3 milliards d'euros de déficit (7,1 % du PIB) et une croissance atone, la France conservera-t-elle longtemps son triple A ?

Prévisions peu rassurantes

Malgré les assurances des trois agences de notation, qui ont confirmé la note AAA avec une perspective stable, les marchés, comme les analystes, hésitent. Pour preuve, le coût des CDS français à cinq ans, c'est-à-dire les assurances pour protéger les investisseurs d'un défaut de paiement, a bondi mardi, atteignant un niveau record. Il faut dire que les prévisions du gouvernement français ne sont pas rassurantes. Après 85,4 % en 2011, le ratio dette/PIB devrait atteindre un pic en 2012 (86,9 %) avant de doucement redescendre à 84,8 % du PIB fin 2014...

Aux États-Unis, certains n'hésitent pas, à l'image de Paul Donovan, économiste en chef chez UBS, à estimer que « la France n'est pas un pays AAA ». La banque d'investissement américaine BBH estime quant à elle que la France « glisse vers le territoire AA+/Aa1/AA+ [le second palier dans chaque agence de notation, Ndlr] ».

En Allemagne, l'un des principaux instituts de conjoncture, le DIW, a mis en garde lundi contre un éventuel abaissement de la note de la dette française, qui pourrait, selon lui, provoquer ni plus ni moins que la « désintégration » de la zone euro.

Mais ces inquiétudes doivent être nuancées. Pour les agences de notation, l'engagement du gouvernement à faire baisser le déficit à 5,7 % en 2011 puis à 3 % en 2013 montre une prise en compte de l'urgence de diminuer les dépenses publiques. Pour l'économiste de la banque suisse Syz, Fabrizio Quirighetti, l'engagement politique au niveau national et européen est primordial pour maîtriser la crise de la dette. « Sinon, le problème se déplacera vers le marché le moins bon, et le prochain, c'est la France », prévient-il.

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